Comme un pavé dans la mare, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré : « Au-delà des projets déjà engagés à partir de 2021, notre trajectoire pour l’atteinte de la neutralité carbone selon un scénario 1,5°C n’autorise aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz, et aucune nouvelle mine de charbon ou extension de mine n’est nécessaire ».
De quoi surprendre les nombreux acteurs financiers qui se sont jusqu’à présent cachés derrière les recommandations d’une agence historiquement connue pour ses positions en faveur de la hausse de la production de charbon, gaz et pétrole. Les actionnaires de Total n’ont de toute évidence pas reçu le mémo à temps : ils ont voté massivement pour le plan climaticide de la major française.
Si ces mêmes actionnaires ont en majorité voté pour le climat à l’Assemblée générale des majors pétrolières et gazières états-uniennes, leurs votes aux AG de Total et de Shell montrent qu’ils se contentent volontiers de l’apparence de l’action climatique. Il suffira ainsi à Exxon et Chevron d’augmenter leurs investissements dans les renouvelables sans pour autant renoncer à la hausse de leur production d’hydrocarbures pour s’assurer le soutien loyal des investisseurs.
Peut-on leur donner le bénéfice du doute et supposer qu’ils n’ont juste pas eu le temps de lire et digérer les conclusions de l’AIE ? AXA, Scor et les autres assureurs qui lanceront la Net-Zero Insurance Alliance à l’automne ont une opportunité toute trouvée pour prouver que oui, ils entendent bien appliquer les recommandations de l’AIE et donner un 1er gage de sincérité en renonçant à assurer le très controversé projet pétrolier EACOP de Total.
Quant aux banques, notre nouveau rapport montre qu’elles ne sont pas armées pour se protéger d’une potentielle dévaluation des actifs fossiles. Il est donc de leur intérêt de cesser au plus vite d’aggraver la situation en soutenant le développement de nouveaux projets d’énergies fossiles et de réduire leur exposition aux secteurs pétroliers et gaziers les plus risqués.