L’EFFROYABLE LENTEUR

DES ACTEURS FINANCIERS

L’EFFROYABLE LENTEUR

DES ACTEURS FINANCIERS

L’état des lieux des politiques adoptées par les acteurs financiers français est particulièrement inquiétant lorsque remis dans le temps long. Les acteurs financiers français ont commencé à adopter des politiques sur le charbon il y a 10 ans. Il a fallu attendre l’année de la COP21 en 2015, bien après les premières alertes des scientifiques sur l’impact du charbon sur le climat, pour voir apparaître des politiques d’exclusion couvrant tout le secteur du charbon. S’ensuivirent de multiples révisions à la marge qui n’ont pas permis de couper les flux financiers à une industrie meurtrière.

  • 11 acteurs financiers français ont revu une ou plusieurs fois leurs politiques afin d’y intégrer de nouveaux critères ou de renforcer les critères existants : 2 politiques ont été mises à jour en 2016, 3 en 2017, 4 en 2018 et 8 en 2019.
  • Les banques françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont par exemple toutes revu leurs politiques, avec au total 6 révisions entre 2015 et 2019. Et pourtant, elles ont versé plus de 18 milliards de dollars aux entreprises qui prévoient de nouvelles centrales au charbon entre 2017 et septembre 2019.

Aujourd’hui, au moins 46 institutions financières françaises, regroupées dans 31 groupes, ont désormais des politiques limitant leurs services financiers au secteur du charbon thermique. Mais seuls 14 groupes financiers, comprenant les 5 banques françaises, ont une politique qui, si appliquée correctement, contribuera à sortir du charbon dans les délais impartis pour tenir l’objectif de 1,5°C. De nombreux acteurs de la place parisienne de Paris restent sans politique robuste sur le charbon.

Ces nombres bien faibles résonnent avec le constat amère des Nations Unies concernant la décennie perdue qui vient de s’écouler pour la lutte contre la crise climatique. Alors que le travail n’est pas fini sur le charbon, les acteurs financiers doivent urgemment s’atteler au pétrole et au gaz. Car le monde ne pourra pas attendre 2030 pour obtenir des politiques globales pour en sortir, la réglementation doit prendre le pas sur des mesures volontaires, pour ne pas inciter mais bien forcer les acteurs financiers à ne plus accorder de services financiers incompatibles avec une trajectoire 1,5°C.

Retour sur une chronologie douloureuse d’exclusions progressives du secteur du charbon.