Après de nombreuses tergiversations, Société Générale entend préciser les modalités selon lesquelles elle compte atteindre ses objectifs de « sortie totale du secteur du charbon thermique à horizon 2030 pour les entreprises détenant des actifs dans l’Union européenne ou l’OCDE et 2040 pour le reste du monde ». Malheureusement, les précisions apportées ne donnent toujours pas une stratégie robuste permettant d’envisager la sortie promise.

Malgré la mise à jour de sa politique, Société Générale continuera de soutenir des entreprises qui prévoient de nouveaux projets charbon[1]. Certes, elle le fera en finançant des projets « verts » mais la transition implique moins de financer des projets verts que de pousser les entreprises à décarboner leurs activités : financer une entreprise qui développe le charbon et les énergies renouvelable donnera toujours un bilan carbone négatif. Toute ambition sérieuse de sortie du charbon ne peut permettre le financement de nouveaux projets.

La Société Générale indique qu’elle ne fournira « plus de produits et services, à l’exception de ceux exclusivement dédiés à la transition énergétique, aux entreprises qui réalisent plus de 25% de leur chiffre d’affaires dans le secteur du charbon thermique et qui n’ont pas de stratégie crédible de sortie du charbon ». Cet engagement soulève plusieurs problèmes :

  • Il sous-entend que les entreprises au-dessus de 25% et qui ont ce que la banque considère être une « stratégie crédible de sortie du charbon » peuvent bénéficier de tous types de soutiens. En l’absence de définition précise, impossible de connaitre la réalité de cet engagement.
  • Pour être complet et efficace, le seuil de 25% doit aussi être appliqué à la production d’électricité tirée du charbon et non pas au chiffre d’affaires.
  • Aucune demande n’est faite aux entreprises qui tirent moins de 25% de leurs chiffres d’affaires du charbon. Pourtant, et comme les meilleurs pratiques des acteurs financiers le montrent, une sortie effective du charbon nécessite de demander à toutes les entreprises restantes en portefeuille d’adopter d’ici 2021 un plan détaillé de fermeture des actifs charbon, actif par actif, aligné sur les objectifs mentionnés précédemment[2].

Notes :

[1] Crédit Agricole, Crédit Mutuel, Natixis ou encore AXA ont pris des engagements excluant toutes entreprises développant de nouveaux projets.

[2] C’est notamment ce qu’a annoncé Meeschaert le 30 juin 2020, faisant suite à des annonces similaires de LBPAM, AG2R La Mondiale voire d’AXA ou Crédit Agricole.