Évaluation des stratégies climat des entreprises pétro-gazières
12 des plus grandes entreprises pétrolières et gazières intégrées cotées européennes, états-uniennes et compagnies pétro-gazières nationales représentent à elles seules 28,7 % de la production mondiale 2022, 39,1 % des plans d’expansion d’exploration et de production à court terme et 16,5 % des plans d’expansion dans les terminaux de liquéfaction.
Si un nombre croissant d’acteurs financiers se désengagent du secteur qu’ils jugent non à même de se transformer, d’autres estiment que ces entreprises sont des acteurs essentiels de la transition et que leur concours est indispensable au développement massif des énergies renouvelables. Mais qu’en est-il vraiment ? Dans quelle mesure ces entreprises participent au développement de solutions soutenables ? Etant donné qu’on ne saurait limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C sans réduire progressivement la production d’hydrocarbures, ces entreprises ont-elles renoncé à développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers ?
C’est à ce type de questions que nous tentons de répondre ici, pour permettre aux acteurs financiers d’évaluer la crédibilité de l’action climatique de ces entreprises et adapter en conséquence leurs stratégies de financement, d’investissement et d’engagement.
Reclaim Finance a, à cette fin, analysé les stratégies climat des grandes entreprises pétro-gazières européennes, états-uniennes, et des compagnies pétro-gazières nationales (NOC). Ont été sélectionnés plusieurs indicateurs fondamentaux pour évaluer si les efforts engagés sont suffisants pour évaluer si les mesures adoptées permettent une baisse des émissions de gaz à effet de serre suffisante pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
Tous visent à répondre à trois questions majeures :
- Quels sont les choix d’investissement de l’entreprise ?
- Quels sont ses objectifs de production et d’émissions de gaz à effet de serre ?
- Quelle diversification entreprend réellement l’entreprise ?
Découvrez les principales conclusions de notre analyse et téléchargez ci-dessous le briefing détaillé spécifique à chacune des 12 entreprises pétrolières et gazières. Pour faciliter votre lecture, un glossaire est disponible ici.
méthodologie
En raison de l’importance de baisser de moitié les émissions de gaz à effet de serre au cours de la décennie, l’analyse se concentre sur les objectifs poursuivis par les entreprises à l’horizon 2030.
Le scénario Net Zero Emissions by 2050 (NZE) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) suivant une trajectoire 1.5°C est retenu comme premier scénario de référence pour les besoins de l’analyse. Ce scénario projette notamment :
- la baisse de la production de pétrole et de gaz de 21 % et 18 % respectivement d’ici 2030 par rapport au niveau de 2022.
- l’arrêt du développement de nouveaux projets de production de pétrole et de gaz et de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).
- une augmentation de 67 % des investissements annuels totaux dans l’énergie avec une multiplication par 2,3 des investissements annuels dans la transition énergétique, qui recouvre l’approvisionnement en énergies propres, l’utilisation finale et l’efficacité énergétique. Cela de manière à investir d’ici 2030 dix dollars dans la transition, dont six pour l’approvisionnement en énergie – principalement l’électricité – , pour chaque dollar investi dans les énergies fossiles, soit un ratio 6:1.
L’analyse met les projections des entreprises en perspective avec le scénario Net Zero Emissions by 2050 (NZE) de l’AIE ainsi que son scénario Announced Pledges Scenario (APS), qui suit une trajectoire en-dessous de 2°C.
Informations clés
Aucune stratégie climat n’est alignée avec un scénario 1.5°C.
L’analyse des stratégies climat de ces 12 entreprises pétrolières et gazières au regard du scénario NZE démontre que leurs investissements, plans de production et stratégie de diversification ne leur permettent pas de suivre une trajectoire 1,5°C.
Des investissements insuffisants dans les énergies soutenables.
Les investissements de l’année 2022 dans les énergies renouvelables restent bien inférieurs à ceux dans les énergies fossiles. Les entreprises américaines ne communiquent aucun investissement dans les énergies soutenables.
Des distributions élevées aux actionnaires.
Pas d’arrêt de l’expansion pétro-gazière.
Aucune entreprise ne s’est engagée à arrêter l’expansion pétro-gazière, à rebours des projections de l’AIE et des recommandations de l’ONU.
Des objectifs de production trop élevés.
Dès lors qu’elles publient des objectifs de production, toutes les entreprises visent une production de pétrole et de gaz d’ici 2030 bien plus élevés que ce qui est requis dans le scénario NZE de l’AIE.
Un mix énergétique à 2030 reposant sur les énergies fossiles.
Une diversification trompeuse.
Analyse des stratégies climat
Stratégie d’investissement d’ADNOC
La compagnie nationale émiratie, qui est entièrement détenue par l’État, repose toujours fortement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des trois dernières années, 20 millions de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- ADNOC manque de transparence sur ses investissements passés et présents dans le pétrole et le gaz.
- ADNOC continue de se reposer fortement sur le pétrole et le gaz, alors que seulement 10 % de ses dépenses totales en capital pour la période 2023-2027 sont consacrées à des activités bas-carbone, qui comprennent les énergies renouvelables.
Plan de production fossile d’ADNOC
ADNOC ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 10ème plus gros producteur de pétrole et de gaz et le 5ème plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz. ADNOC est l’entreprise dont l’expansion absolue à court terme est la plus élevée et dépasse donc le NZE.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 20 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
ADNOC est avant tout une compagnie pétrolière, le pétrole représentant 98 % de sa production fossile actuelle. ADNOC prévoit d’augmenter sa capacité de production de pétrole brut de 25 % entre 2020 et 2027. À pleine capacité, la production de pétrole et de gaz en 2030 sera supérieure de 168 % à l’alignement NZE.
La stratégie gazière d’ADNOC repose sur le gaz naturel liquéfié, avec des plans de construction de nouveaux terminaux d’exportation et d’importation. En 2030, les capacités nettes de liquéfaction d’ADNOC seront multipliées par 3,3 et atteindront 14 Mtpa, dépassant le NZE.
Diversification d’ADNOC
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
ADNOC détient 24% de Masdar, une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables et ne communique pas sur d’autres capacités renouvelables. A travers Masdar, la capacité renouvelable d’ADNOC atteindra 24 GW en 2030. Par conséquent, les énergies renouvelables représenteront moins de 7% du mix énergétique d’ADNOC en 2030.
L’entreprise compté également se diversifier dans des activités basées sur les fossiles ; comme l’hydrogène et l’ammoniac bleu. Le processus de production de l’ammoniac bleu utilise du gaz avec de la capture et du stockage de carbone. ADNOC prévoit de produire directement 1 Mtpa d’ammoniac bleu en 2025 et planifie une production nette de 240 000 tonnes d’hydrogène vert en 2030 à travers Masdar.
Stratégie d’investissement de BP
La major britannique a redéfini sa stratégie en 2025, annonçant un nouveau plan d’investissement qui repose massivement sur le pétrole et le gaz.
- Au cours des 3 dernières années, 1,1 milliards de dollars avaient été investis chaque année dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 9,8 milliards de dollar ont été investis dans l’exploration et production et le GNL, et 12,5 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 1,6 milliard investi dans leur branche “low carbon energy” qui inclut les énergies renouvelables mais également les biocarburants, l’hydrogène et la capture de carbone.
- Entre 2025 et 2027, BP prévoit d’investir 10,5 milliards de dollars par an dans le pétrole et le gaz, et 0,8 milliards dans sa branche « low carbon energy ». C’est un recul majeur par rapport au précédent plan d’investissement, dans lequel la major prévoyait 4 milliards de dollars par an dans la branche « low carbon energy » d’ici 2030.
Plan de production fossile de BP
BP ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 15e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
En 2023, BP était revenu sur ses objectifs de baisses de production de pétrole et de gaz. Dans sa nouvelle stratégie, l’entreprise a accentué son recul sur le climat en annonçant une légère hausse de la production de pétrole et de gaz d’ici 2030, avec une cible de production de 2,3 à 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour. Avec cet objectif, sa production sera supérieure de 57 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de BP représentera 1,6 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
BP construit également de nouveaux terminaux d’exportation et d’importation de gaz naturel liquéfié. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités de liquéfaction de BP en 2030 dépasseront de 16,2 % le niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Diversification de BP
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction fossile et le LNG dans les prochaines années. La diversification en dehors du pétrole et du gaz de l’entreprise reste minoritaire en 2030, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Une part centrale de la stratégie d’expansion de BP dans la production d’électricité repose sur les centrales à gaz. BP a 1,6 GW de capacités nettes prévues, à travers quatre nouvelles unités de centrales à gaz dont une située en Europe.
BP ne communique plus de cible de capacité renouvelables au-delà de 2025. Le développement d’énergies renouvelables est le parent pauvre de la nouvelle stratégie de BP, qui se limite à des partenariats plutôt qu’à la construction de nouvelles capacités.
Stratégie d’investissement de Chevron
La stratégie d’investissements de l’entreprise américaine continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,0 milliard de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 13,7 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 26,0 milliards ont été distribués aux actionnaires, sans que l’entreprise ne communique sur des investissements dans les énergies renouvelables.
- Entre 2023 et 2027, Chevron prévoit d’investir 14,0 milliards de dollars dans le pétrole et le gaz et ne communique pas d’investissement à venir dans les énergies renouvelables.
Plan de production fossile de Chevron
Chevron ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 10e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 71e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
L’entreprise prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 3 % par an d’ici à 2027. En atteignant cet objectif et en maintenant sa production à un plateau ensuite, sa production sera supérieure de 24 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de Chevron représentera 2,9 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
La stratégie de Chevron s’appuie également sur le gaz naturel liquéfié, avec des plans de développement de nouveaux terminaux d’exportation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de Chevron atteindront 9,8 Mtpa en 2030 et dépasseront de 11,6 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de Chevron
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise dans les énergies soutenables est quasi-inexistante, et se fait principalement dans des activités néfastes pour l’environnement.
Stratégie d’investissement d’Equinor
La stratégie d’investissements de l’entreprise norvégienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,1 milliard de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 11,5 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 16,5 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 2,0 milliards investis dans leur branche “renewables and low carbon solutions” qui inclut les énergies renouvelables mais également l’hydrogène et les centrales à gaz.
- Equinor a pour objectif d’investir 30 % de ses investissements bruts dans sa branche bas carbone d’ici 2025 et 50 % d’ici 2030. En moyenne, entre 2024 et 2030, 62 % des investissements bruts de l’entreprise seront toujours dédiés au pétrole et gaz.
Plan de production fossile d’Equinor
Equinor ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Equinor est le 16e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz et le 46e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
L’entreprise prévoit de réduire sa production de pétrole et de gaz à 2 millions de barils équivalent pétrole d’ici à 2030. En respectant cet objectif, sa production sera supérieure de 61 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’Equinor représentera alors 1,7 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
Equinor développe également des terminaux d’exportation de GNL d’une capacité nette de 5,3 Mtpa. Ces nouvelles capacités seront en excès par rapport au niveau requis dans le NZE.
Diversification d’Equinor
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Equinor disposera d’une capacité installée d’énergie soutenable (éolien et solaire) de 15 GW d’ici 2030. Si Equinor atteint cet objectif, sa production énergétique à partir de sources soutenables représentera toujours 10,6 fois moins que sa production énergétique à partir de pétrole et gaz. Les énergies soutenables représenteront alors 0,2 % de la production renouvelable mondiale en 2030 selon le NZE.
Equinor développe de nouvelles capacités de production d’hydrogène, mais manque de transparence sur ses capacités de production actuelles et futures, ainsi que sur l’origine de l’hydrogène produit.
L’entreprise compte également se diversifier dans des activités fossiles, comme la production d’électricité à partir de gaz. Equinor prévoit de développer 450 MW de nouvelles capacités de centrales à gaz d’ici 2030, ce qui représente une augmentation de 80 % par rapport à ses capacités actuellement installées.
Stratégie d’investissement d’Eni
La stratégie d’investissements de l’entreprise italienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,2 milliard de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 7,1 milliards d’euros ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 4,9 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 0,6 milliard investi dans leur branche “Plenitude” qui inclut les énergies renouvelables.
- Entre 2024 et 2027, Eni prévoit d’investir 8,75 milliards d’euros par an dont 1,4 milliards d’euros dans les renouvelables. Les énergies renouvelables ne représenteront que 16 % de ses investissements à venir.
Plan de production fossile d’Eni
Eni ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 15e plus gros développeur au monde de champs de pétrole et de gaz et le 26e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
L’entreprise prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 3 à 4% par an d’ici à 2027 puis de maintenir sa production à un plateau. En atteignant cet objectif, sa production sera supérieure de 73% au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’Eni représentera 1,5% de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE. Elle représentera 86,0 % de la production d’énergie de l’entreprise.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie d’Eni avec des plans de développements de terminaux d’exportation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction d’Eni vont atteindre 16 Mtpa et dépasseront de 100 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification d’Eni
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Eni disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 15 GW d’ici 2030, composée d’énergies soutenables. La production d’énergie renouvelable d’Eni représentera 0,1 % de la production renouvelable mondiale en 2030 tel que projeté dans le NZE. La part des renouvelables dans le mix énergétique d’Eni sera de 6 % en 2030.
Eni prévoit de produire de l’hydrogène issu de gaz avec capture de carbone en 2030, mais manque de transparence sur sa production actuelle et future.
L’entreprise compte renforcer certaines activités fossiles comme la production d’électricité à partir de gaz. Eni développe 2 nouvelles centrales à gaz. Les centrales à gaz représenteront alors 4 % du mix énergétique de l’entreprise.
La stratégie d’Eni à horizon 2030 s’appuie également sur des énergies néfastes pour l’environnement comme la bioénergie. Eni compte développer sa production de biogaz et de biocarburants dont les biocarburants durables d’aviation (SAF), qui représenteront en 2030 4 % du mix énergétique de l’entreprise.
Stratégie d’investissement d’ExxonMobil
La stratégie d’investissements de l’entreprise américaine continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,4 milliard de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 19,8 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz et 33,2 milliards ont été distribués aux actionnaires. ExxonMobil ne publie aucun investissement dans les énergies renouvelables.
- Entre 2022 et 2027, ExxonMobil prévoit d’investir 22,5 milliards de dollars dans le pétrole et le gaz et ne communique aucun investissement prévu dans les énergies soutenables.
Plan de production fossile d’ExxonMobil
ExxonMobil ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 7e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 17e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
ExxonMobil prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz à 4200 kbep d’ici à 2027. En atteignant ses objectifs de production et en supposant une production constante entre 2027 et 2030, sa production sera supérieure de 36 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’ExxonMobil représentera 3,5% de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
La stratégie d’ExxonMobil s’appuie également sur le gaz naturel liquéfié, avec des plans de développement de nouveaux terminaux d’exportation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction d’ExxonMobil atteindront 35,6 Mtpa et dépasseront de 65,4 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification d’ExxonMobil
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise dans les énergies soutenables est inexistante. La diversification se produit souvent dans des activités néfastes pour l’environnement.
ExxonMobil prévoit d’accroître sa production d’hydrogène. Toutefois, l’entreprise ne publie pas de capacités de renouvelables, et met en avant l’hydrogène produit à partir du gaz naturel avec capture de carbone.
L’entreprise compte renforcer certaines activités reposant sur les énergies fossiles, comme la production d’électricité à partir de gaz. ExxonMobil est déjà impliqué dans 14 centrales à gaz en opération, et développe une nouvelle centrale, d’une capacité totale de 650 MW.
ExxonMobil est également impliqué dans des énergies néfastes pour l’environnement comme la bioénergie. ExxonMobil prévoit une production de 40 000 barils par jours de biocarburants en 2025 et de produire 5x plus de biocarburants en 2030
Stratégie d’investissement de Petrobras
La stratégie d’investissements de l’entreprise brésilienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 0,7 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- Petrobras ne reporte aucun investissement passé ou futur dans les énergies renouvelables.
- 83% des investissements de 2023 à 2027 seront alloués à l’exploration et à la production de pétrole et de gaz.
Plan de production fossile de Petrobras
Petrobras ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 4e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 50 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
La NOC a annoncé une croissance d’ici 2027 de sa production de pétrole de 19 % pour atteindre 2,5 millions de barils par jour et de gaz de 50 % afin d’atteindre 0,3 millions. En raison de découvertes de pétrole importantes, la cible de production de l’entreprise est obsolète, étant en-deçà des plans d’expansion à court terme déjà engagés. En atteignant leur cible de production et dans l’hypothèse où la production n’augmente plus au-delà de 2027, la production de Petrobras dépasserait le NZE de 26%.
Diversification de Petrobras
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste marginale.
Petrobras ne communique pas sur ses capacités futures dans les renouvelables et l’hydrogène. La NOC se contente de citer l’éolien en mer et l’hydrogène comme des activités prospectives.
Stratégie d’investissement de QatarEnergy
La stratégie d’investissements de l’entreprise qatari continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 0,3 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- QatarEnergy manque de transparence sur ses investissements passés et futurs. La NOC ne reporte aucun investissement dans les énergies renouvelables dans son plan d’investissement 2021-2025.
Plan de production fossile de QatarEnergy
QatarEnergy ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 2e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz et le 3e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 20 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
QatarEnergy ne publie pas d’objectifs de production de pétrole et de gaz. Le GNL est au cœur de la stratégie de QatarEnergy avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de QatarEnergy vont atteindre 99 Mtpa en 2030, en hausse de 88%, dépassant d’autant le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de QatarEnergy
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
QatarEnergy disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 2 à 4 GW d’ici à 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de QatarEnergy sera inférieure à 1 % en 2030.
Stratégie d’investissement de Repsol
La stratégie d’investissements de l’entreprise espagnole continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 253 millions de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 2,6 milliards d’euros ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 2,4 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 1,9 milliards investis dans leur branche “Low Carbon Generation” qui inclut les énergies renouvelables mais également les centrales à gaz.
- Entre 2024 et 2027, Repsol prévoit d’investir 2,5 milliards d’euros par an dans le pétrole et le gaz, soit 2,9x plus que dans les énergies renouvelables.
Plan de production fossile de Repsol
Repsol ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers au-delà de ceux qui sont déjà en cours de développement ou en évaluation, et figure à la 34e place des plus gros développeurs de champs de pétrole et de gaz.
L’entreprise prévoit de maintenir sa production de pétrole et de gaz entre 550 000 et 600 000 barils équivalent pétrole par jour d’ici à 2030. En respectant cet objectif, sa production sera supérieure de 65 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de Repsol représentera 0,5 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE. Elle représentera 69,7 % de la production d’énergie de l’entreprise.
Diversification de Repsol
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification en dehors du pétrole et du gaz de l’entreprise reste minoritaire en 2030, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Repsol disposera d’une capacité installée d’énergie renouvelable de 6 GW d’ici 2025 et de 15 à 20 GW d’ici 2030. La production d’énergie renouvelable de Repsol représentera 0,2 % de la production renouvelable mondiale en 2030 tel que projeté dans le NZE. La part des renouvelables dans le mix énergétique de Repsol atteindra 18,5 % en 2030.
L’hydrogène vert restera marginal en 2030 avec une capacité installée de 1,9 GWe. L’hydrogène vert représentera alors 4,6 % de la production d’énergie de Repsol.
L’entreprise compte également se diversifier dans des activités fossiles, comme la production d’électricité à partir de gaz. Repsol prévoit de produire 6,0 TWh d’électricité à partir de gaz en 2030, ce qui représentera alors 2,9 % de la production d’énergie de l’entreprise.
Repsol s’appuie aussi sur des énergies qui sont néfastes pour l’environnement d’ici 2030 comme la bioénergie avec une production de 2,3 Mtpa de biocarburants et une production de 2,2 TWh par an de biogaz.
Stratégie d’investissement de Saudi Aramco
La stratégie d’investissements de l’entreprise saoudienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 2,8 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 78 % ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 22% ont été investis dans leur branche “Downstream” qui inclut principalement le raffinage et la chimie, mais également les énergies renouvelables.
- Saudi Aramco manque de transparence sur son plan d’investissement futur.
Plan de production fossile de Saudi Aramco
Saudi Aramco ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 6 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2024, Saudi Aramco est revenu sur la hausse des capacités de production pétrolière prévue d’ici à 2030. La NOC prévoit désormais de maintenir sa capacité de production de pétrole à 12 millions de barils par jour d’ici 2030. Saudi Aramco prévoit d’augmenter sa production de gaz de 50% d’ici à 2030.
Diversification de Saudi Aramco
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Saudi Aramco disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 12 GW d’ici à 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de Saudi Aramco sera inférieure à 1 % en 2030.
Saudi Aramco compte également renforcer certaines activités fossiles, telles que l’hydrogène bleu et l’ammoniaque bleu, dont le processus repose sur le gaz avec capture de carbone. La NOC prévoit une production de 11 Mtpa d’ammoniaque bleu en 2030.
Stratégie d’investissement de Shell
La stratégie d’investissements de l’entreprise britannique continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 2 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 8,3 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 23,8 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 2,7 milliards investis dans leur branche “Renewables and Energy Solutions” qui inclut les énergies renouvelables, l’hydrogène, le captage et stockage de carbone et les crédits carbone.
- En 2024 et 2025, Shell prévoit d’investir 16,5 milliards de dollars dans le pétrole et le gaz, soit 3,7x plus que dans la branche “Renewables and Energy Solutions”.
Plan de production fossile de Shell
Shell ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 11e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 5e plus gros développeur de terminaux de GNL.
L’entreprise est d’ailleurs revenue sur ses objectifs de baisse de production de pétrole, conjointement avec un affaiblissement de ses cibles de décarbonation à 2030. Elle prévoit désormais de maintenir sa production de pétrole et d’augmenter sa production de gaz d’ici à 2030. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 27 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de Shell représentera 2,6 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie de Shell avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de Shell vont atteindre 62 Mtpa et dépasseront de 47 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de Shell
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Shell ne communique pas d’objectif pour le développement de ses capacités soutenables. Les capacités renouvelables installées et en développement de Shell sont actuellement de 6,6 GW. En supposant que Shell mène à terme ses plans de développements dans les renouvelables d’ici à 2030, et sans autre variation de portefeuille, l’entreprise produira 54x plus d’énergie avec sa production de pétrole et de gaz qu’avec ses capacités renouvelables en 2030. La production d’électricité issue des énergies renouvelables de Shell ne représentera alors que 0,1 % de la production renouvelable mondiale prévue dans le NZE.
Shell développe de nouvelles capacités de production d’hydrogène, mais manque de transparence sur ses capacités de production actuelles et futures, ainsi que sur l’origine de l’hydrogène produit.
Shell est également impliqué dans des énergies néfastes pour l’environnement comme la bioénergie. Toutefois, l’entreprise ne communique pas sur des objectifs de production pour ces sources d’énergie.
Stratégie d’investissement de TotalEnergies
La stratégie d’investissements de l’entreprise française continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1 milliard de dollars a été investi dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 7,5 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz, 3,2 milliards dans le GNL et 16,6 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 4,9 milliards investis dans leur branche électricité “Integrated Power ” qui inclut les énergies renouvelables mais également les centrales à gaz.
- Entre 2024 et 2028, TotalEnergies prévoit d’investir 10,7 milliards de dollars par an dans le pétrole et le gaz, soit 2x plus que dans la branche électricité « Integrated Power ».
Plan de production fossile de TotalEnergies
TotalEnergies ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 6e plus gros développeur au monde de champs de pétrole et de gaz et le 11e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
L’entreprise prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 2 à 3 % par an d’ici à 2028. En atteignant cet objectif et en maintenant sa production à un plateau ensuite, sa production sera supérieure de 59 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de TotalEnergies représentera 2,3 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE. Elle représentera 81,5 % de la production d’énergie de l’entreprise.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie de TotalEnergies avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de TotalEnergies vont atteindre 47 Mtpa et dépasseront de 173 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de TotalEnergies
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
TotalEnergies disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 66 GW d’ici 2030. La production d’énergie renouvelable de TotalEnergies représentera 0,4 % de la production renouvelable mondiale en 2030 tel que projeté dans le NZE. La part des renouvelables dans le mix énergétique de TotalEnergies sera proche de 10 % en 2030.
La production d’hydrogène restera faible en 2030, avec un objectif de 1 Mtpa. La production d’hydrogène pourrait reposer en partie sur les énergies fossiles et représentera alors 6 % du mix énergétique.
L’entreprise compte renforcer certaines activités fossiles comme la production d’électricité à partir de gaz. TotalEnergies prévoit de doubler sa production d’électricité à 30 TWh en 2030. Les centrales à gaz représenteront alors 3,5 % du mix énergétique de l’entreprise.
La stratégie de TotalEnergies à horizon 2030 s’appuie également sur des énergies néfastes pour l’environnement comme la bioénergie. TotalEnergies compte développer sa production de biogaz et de biocarburants durables d’aviation (SAF), qui représenteront en 2030 1,3 % du mix énergétique de l’entreprise.