Évaluation des stratégies climat des entreprises pétro-gazières
12 des plus grandes entreprises pétrolières et gazières intégrées cotées européennes, états-uniennes et compagnies pétro-gazières nationales représentent à elles seules 28 % de la production mondiale 2023, 40 % des plans d’expansion d’exploration et de production à court terme et 18 % des plans d’expansion dans les terminaux de liquéfaction.
Si un nombre croissant d’acteurs financiers se désengagent du secteur qu’ils jugent non à même de se transformer, d’autres estiment que ces entreprises sont des acteurs essentiels de la transition et que leur concours est indispensable au développement massif des énergies renouvelables. Cependant, dans une situation politique défavorable à la lutte contre le dérèglement climatique, les récentes annonces des compagnies pétrolières et gazières révèlent une tendance claire à revenir sur les engagements climatiques pris. En effet, ces entreprises visent une augmentation de la production d’hydrocarbures d’ici 2030 et réduisent la voilure sur les investissements prévus dans les énergies renouvelables.
Bien que le pétrole reste au cœur de leurs stratégies d’expansion, l’accent est mis davantage sur le développement du gaz, en particulier du GNL. Cette tendance stratégique est d’autant plus frappante que les compagnies pétrolières et gazières présentent les actifs gaziers comme un élément clé de leur stratégie dite de transition, qu’elles utilisent pour justifier la croissance des combustibles fossiles.
Etant donné qu’on ne saurait limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C sans mettre fin aux nouveaux projets d’expansion pétroliers et gaziers, sans réduire la production de combustibles fossiles et sans donner la priorité aux investissements dans des capacités soutenables, ces entreprises diversifiées sont-elles prêtes à contribuer à des solutions soutenables ?
C’est à ce type de questions que nous tentons de répondre ici, pour permettre aux acteurs financiers d’évaluer la crédibilité de l’action climatique de ces entreprises et adapter en conséquence leurs stratégies de financement, d’investissement et d’engagement.
Reclaim Finance a, à cette fin, analysé les stratégies climat des grandes entreprises pétro-gazières européennes, états-uniennes, et des compagnies pétro-gazières nationales (NOC). Ont été sélectionnés plusieurs indicateurs fondamentaux pour évaluer si les efforts engagés sont suffisants pour évaluer si les mesures adoptées permettent une baisse des émissions de gaz à effet de serre suffisante pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
Tous visent à répondre à trois questions majeures :
- Quels sont les choix d’investissement de l’entreprise ?
- Quels sont ses objectifs de production et d’émissions de gaz à effet de serre ?
- Quelle diversification entreprend réellement l’entreprise ?
Découvrez les principales conclusions de notre analyse et téléchargez ci-dessous le briefing détaillé spécifique à chacune des 12 entreprises pétrolières et gazières. Pour faciliter votre lecture, un glossaire est disponible ici.
méthodologie
En raison de l’importance de baisser de moitié les émissions de gaz à effet de serre au cours de la décennie, l’analyse se concentre sur les objectifs poursuivis par les entreprises à l’horizon 2030.
Le scénario Net Zero Emissions by 2050 (NZE) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) suivant une trajectoire 1.5°C est retenu comme premier scénario de référence pour les besoins de l’analyse. Ce scénario projette notamment :
- La baisse de la production de pétrole et de gaz de 21 % et 13 % respectivement d’ici 2030 par rapport au niveau de 2023.
- L’arrêt du développement de nouveaux projets de production de pétrole et de gaz et de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).
- Un triplement des capacités renouvelables installées d’ici 2030, ce qui nécessite de doubler les niveaux d’investissement actuels dans les énergies renouvelables, les réseaux et le stockage pour atteindre 2 500 milliards de dollars d’ici 2030.
- Une réduction de 75 % des investissements dans les énergies fossiles entre 2023 et 2035, ainsi qu’une multiplication par 2,5 des investissements dans les « énergies propres » au cours de la même période afin de maintenir un approvisionnement énergétique fiable.
L’analyse met les projections des entreprises en perspective avec le scénario Net Zero Emissions by 2050 (NZE) de l’AIE.
Informations clés
Aucune stratégie climat n’est alignée avec un scénario 1.5°C.
L’analyse des stratégies climat de ces 12 entreprises pétrolières et gazières au regard du scénario NZE démontre que leurs investissements, plans de production et stratégie de diversification ne leur permettent pas de suivre une trajectoire 1,5°C.
Priorité aux actionnaires et au fossile
Pas d’arrêt de l’expansion pétro-gazière
Aucune entreprise ne s’est engagée à arrêter l’expansion pétro-gazière, à rebours des projections de l’AIE et des recommandations de l’ONU.
Des objectifs de production trop élevés
Dès lors qu’elles publient des objectifs de production, toutes les entreprises visent une production de pétrole et de gaz d’ici 2030 bien plus élevés que ce qui est requis dans le scénario NZE de l’AIE.
Un mix énergétique à 2030 reposant sur les énergies fossiles
Une diversification trompeuse
Retours en arrière sur le climat
Analyse des stratégies climat
Stratégie d’investissement de BP
La major britannique a redéfini sa stratégie en 2025, annonçant un nouveau plan d’investissement qui repose massivement sur le pétrole et le gaz.
- Au cours des 3 dernières années, 1,1 milliards de dollars avaient été investis chaque année dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 9,8 milliards de dollar ont été investis dans l’exploration et production et le GNL, et 12,5 milliards ont été distribués aux actionnaires, contre seulement 1,6 milliard investi dans leur branche “low carbon energy” qui inclut les énergies renouvelables mais également les biocarburants, l’hydrogène et la capture de carbone.
- Entre 2025 et 2027, BP prévoit d’investir 10,5 milliards de dollars par an dans le pétrole et le gaz, et 0,8 milliards dans sa branche « low carbon energy ». C’est un recul majeur par rapport au précédent plan d’investissement, dans lequel la major prévoyait 4 milliards de dollars par an dans la branche « low carbon energy » d’ici 2030.
Plan de production fossile de BP
BP ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 15e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
En 2023, BP était revenu sur ses objectifs de baisses de production de pétrole et de gaz. Dans sa nouvelle stratégie, l’entreprise a accentué son recul sur le climat en annonçant une légère hausse de la production de pétrole et de gaz d’ici 2030, avec une cible de production de 2,3 à 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour. Avec cet objectif, sa production sera supérieure de 57 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de BP représentera 1,6 % de la production mondiale d’hydrocarbures du scénario NZE.
BP construit également de nouveaux terminaux d’exportation et d’importation de gaz naturel liquéfié. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités de liquéfaction de BP en 2030 dépasseront de 16,2 % le niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Diversification de BP
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction fossile et le LNG dans les prochaines années. La diversification en dehors du pétrole et du gaz de l’entreprise reste minoritaire en 2030, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Une part centrale de la stratégie d’expansion de BP dans la production d’électricité repose sur les centrales à gaz. BP a 1,6 GW de capacités nettes prévues, à travers quatre nouvelles unités de centrales à gaz dont une située en Europe.
BP ne communique plus de cible de capacité renouvelables au-delà de 2025. Le développement d’énergies renouvelables est le parent pauvre de la nouvelle stratégie de BP, qui se limite à des partenariats plutôt qu’à la construction de nouvelles capacités.
Stratégie d’investissement d’Eni
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,3 milliards de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 6,8 milliards d’euros ont été investis dans le pétrole et le gaz – principalement en exploration et production – et 4,5 milliards ont été distribués aux actionnaires, alors que seulement 0,9 milliards investis dans leur branche “Plenitude” qui inclut les énergies renouvelables, mais aussi les activités dites « bas carbone ».
- Jusqu’en 2028, Eni prévoit d’allouer 78 % de ses investissements dans pétrole et le gaz. Seuls 17 % sont destinés aux énergies renouvelables.
- Il s’agit d’un recul important par rapport au plan d’investissement 2024-2027. La nouvelle stratégie d’investissement d’Eni prévoit d’allouer 22% de moins aux énergies renouvelables que la précédente.
Plan de production fossile d’Eni
Eni ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 16e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 28e plus gros développeur de terminaux d’exportation de GNL.
En 2025, Eni a revu à la hausse sa cible de production de pétrole et de gaz. L’entreprise prévoit désormais d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 2 à 3 % par an d’ici 2030, au lieu de 2 % précédemment visé. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 78 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie d’Eni avec des plans de développements de terminaux d’exportation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction d’Eni vont atteindre 15 Mtpa et dépasseront de 96 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification d’Eni
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
La stratégie énergétique d’Eni repose en partie sur les centrales à gaz, qui représentait 81 % de sa production d’électricité en 2024. Eni prévoit de construire six nouvelles unités de centrales à gaz, ce qui représentera une augmentation de 12 % de sa capacité brute de production d’électricité à partir de centrales à gaz.
Eni a réduit légèrement ses objectifs de capacités renouvelables installées en 2030, visant 15 GW en 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique d’Eni atteindrait alors 6 % en 2030.
Avec sa stratégie actuelle, Eni restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’Eni représentera 1,5 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE, alors que l’entreprise ne représentera que 0,1 % de la production mondiale d’électricité renouvelable.
Stratégie d’investissement d’Equinor
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,2 milliards de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 13,3 milliards de dollars ont été investis dans les activités d’exploration et production et 14,6 milliards ont été distribués aux actionnaires, alors que seulement 2,2 milliards investis dans les énergies renouvelables.
- Jusqu’en 2027, Equinor prévoit d’allouer environ 38 % de ses investissements dans ses activités renouvelables et « bas carbone ».
- Il s’agit d’un recul important par rapport au plan d’investissement précédent, qui prévoyait de consacrer 50 % de ses dépenses d’investissement brutes dans le bas carbone à l’horizon 2030.
Plan de production fossile d’Equinor
Equinor ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 17e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 44e plus gros développeur de terminaux d’exportation de GNL.
Equinor est revenu sur son engagement à réduire sa production de pétrole à 2 millions de barils équivalent pétrole par jour d’ici 2030. L’entreprise prévoit désormais d’atteindre une production de 2,2 millions de barils équivalent pétrole par jour en 2030, soit une production de pétrole et de gaz 10 % plus élevée que celle qui était auparavant visée. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 80 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL est aussi un élément de la stratégie d’Equinor. Bien qu’Equinor ne détienne pas de terminaux d’exportation de GNL actuellement, l’entreprise prévoit de développer un nouveau terminal d’ici 2030. Equinor aura alors une capacité nette de liquéfaction de 5,2 Mtpa, qui ne sera pas aligné avec le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification d’Equinor
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
La stratégie énergétique d’Equinor repose en partie sur les centrales à gaz. Equinor prévoit de construire une nouvelle unité de centrale à gaz, ce qui provoquera une augmentation de plus de 50 % de sa capacité brute de production d’électricité à partir de centrales à gaz.
Equinor est revenu sur ses objectifs de capacités installées d’énergies renouvelables, visant une capacité installée de 10 à 12 GW d’ici 2030 au lieu de 12 à 16 GW précédemment visé. Equinor a également abandonné sa cible de production d’électricité à partir de sources renouvelables en 2030. En atteignant ses nouveaux objectifs, l’entreprise produira 20,9 fois plus d’énergie avec sa production de pétrole et de gaz qu’avec ses capacités renouvelables en 2030.
Avec sa stratégie actuelle, Equinor restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’Equinor représentera 1,6 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE, alors que l’entreprise ne représentera que 0,1 % de la production mondiale d’électricité renouvelable.
Stratégie d’investissement de Repsol
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 251 millions de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 2,6 milliards d’euros ont été investis dans les activités « upstream » – et 2,3 milliards ont été distribués aux actionnaires, alors que seulement 2,5 milliards investis dans la branche renouvelable.
- De 2024 à 2027, Repsol prévoit d’allouer plus d’un tiers de ses investissements dans ses activités « upstream ». Moins de 20% seront destinés aux énergies renouvelables.
Plan de production fossile de Repsol
Repsol ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 40e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Repsol prévoit de maintenir son niveau de production de pétrole et de gaz entre 550 000 et 600 000 barils équivalent pétrole par jour jusqu’en 2030. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 38 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Diversification de Repsol
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
La stratégie énergétique de Repsol repose en partie sur les centrales à gaz, ces dernières représentant 26 % de la production d’électricité de l’entreprise en 2024. Repsol compte par ailleurs développer ses activités de bioénergie et d’hydrogène.
Repsol compte développer ses capacités renouvelables pour atteindre une capacité installée renouvelable de 15 à 20 GW d’ici 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de Repsol atteindra alors 19 % en 2030.
Avec sa stratégie actuelle, Repsol restera un acteur important du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de Repsol représentera 0,5 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE, alors que l’entreprise représentera 0,2 % de la production mondiale d’électricité renouvelable.
Stratégie d’investissement de Shell
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 2,4 milliards de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 12,7 milliards de dollars ont été investis dans les activités « upstream » et « integrated gas » – qui inclut principalement le GNL – et 22,9 milliards ont été distribués aux actionnaires, alors que seulement 2,5 milliards investis dans leur branche “Renewables and Energy Solutions” qui inclut les énergies renouvelables, l’hydrogène, le captage et stockage de carbone et les crédits carbone.
- Jusqu’en 2030, Shell prévoit d’allouer environ 60 % de ses investissements dans ses activités « upstream » et « integrated gas ». Seuls 9 % sont destinés à sa branche « Renewables and Energy Solutions ».
- Il s’agit d’un recul important par rapport au plan d’investissement précédent, qui prévoyait de consacrer 19 % de ses dépenses d’investissement en 2025 aux activités « Renewables and Energy Solutions ».
Plan de production fossile de Shell
Shell ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 10e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 9e plus gros développeur de terminaux d’exportation de GNL.
En 2023, Shell est revenu sur son engagement à réduire sa production de pétrole d’ici 2030. En 2025, l’entreprise s’est engagée à augmenter sa production de pétrole et de gaz de 1 % par an d’ici 2030, avec une croissance tirée par le gaz. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 23 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie de Shell avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de Shell vont atteindre 58 Mtpa et dépasseront de 39 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de Shell
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
La stratégie énergétique de Shell repose en partie sur les centrales à gaz. Shell prévoit de construire trois nouvelles unités de centrales gaz, ce qui représentera une augmentation de 12 % de sa capacité brute de production d’électricité à partir de centrales à gaz.
Shell ne communique pas d’objectif pour le développement de ses capacités soutenables. Les capacités renouvelables installées et en développement de Shell sont actuellement de 7,4 GW. En supposant que Shell mène à terme ses plans de développements dans les renouvelables d’ici à 2030, et sans autre variation de portefeuille, l’entreprise produira 47 fois plus d’énergie avec sa production de pétrole et de gaz qu’avec ses capacités renouvelables en 2030.
Avec sa stratégie actuelle, Shell restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de Shell représentera 2,5 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE, alors que l’entreprise ne représentera que 0,1 % de la production mondiale d’électricité renouvelable.
Stratégie d’investissement de TotalEnergies
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur les énergies fossiles et le GNL :
- Au cours des 3 dernières années, 1,0 milliard de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 13,9 milliards de dollars ont été investis dans le pétrole et gaz – principalement l’exploration et la production et le GNL – et 15,5 milliards ont été distribués aux actionnaires, alors que seulement 3,9 milliards investis dans leur branche « électricité intégrée » qui inclut les énergies renouvelables et les centrales à gaz.
- Jusqu’en 2030, TotalEnergies prévoit d’allouer un tiers de ses investissements dans de nouveaux projets fossiles. Seulement 24% de ses investissements sont destinés à sa branche « électricité intégrée » et 3 % à ses activités « nouvelles molécules ».
- Il s’agit d’un recul important par rapport au plan d’investissement précédent, qui prévoyait de consacrer 33 % de ses dépenses d’investissement aux activités « électricité intégrée et nouvelles molécules ».
Plan de production fossile de TotalEnergies
TotalEnergies ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 6e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 10e plus gros développeur de terminaux d’exportation de GNL.
En 2024, TotalEnergies est revenu sur sa cible de croissance de la production de pétrole et de gaz. L’entreprise prévoyait une croissance de 2 à 3 % par an jusqu’en 2028 et vise désormais d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 3 % par an d’ici 2030. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera supérieure de 61 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie de TotalEnergies avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de TotalEnergies vont atteindre 33 Mtp
Diversification de TotalEnergies
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
La stratégie énergétique de TotalEnergies repose en partie sur les centrales à gaz. TotalEnergies prévoit de construire six nouvelles unités de centrales à gaz, et de doubler sa production d’électricité à partir de gaz d’ici 2030. Le gaz sera alors à l’origine de 30% de la production d’électricité de l’entreprise.
TotalEnergies prévoit de développer les énergies renouvelables, en augmentant sa capacité nette installé de 15 GW aujourd’hui à environ 58 GW en 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de TotalEnergies atteindrait alors 8 % en 2030.
Avec sa stratégie actuelle, TotalEnergies restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz de TotalEnergies représentera 2,3 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE, alors que l’entreprise ne représentera que 0,3 % de la production mondiale d’électricité renouvelable.
Stratégie d’investissement de Chevron
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur l’exploration et production de pétrole et de gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 1,0 milliard de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 16,0 milliards de dollars ont été investis dans le pétrole et gaz – principalement l’exploration et la production – et 27,0 milliards ont été distribués aux actionnaires. Chevron ne publie aucun investissement dans les énergies renouvelables.
- Jusqu’en 2027, Chevron prévoit d’investir 15 milliards de dollars par an, toutefois la major ne fait état d’aucun investissement prévu dans les énergies renouvelables.
Plan de production fossile de Chevron
Chevron ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 9e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Chevron vise une croissance de sa production de pétrole et de gaz de 6 % par an d’ici 2026. En atteignant ses objectifs de production et en maintenant un rythme de croissance de 6 % par an jusqu’à la fin de la décennie, sa production en 2030 sera supérieure de 66 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL fait aussi partie de la stratégie de Chevron avec un nouveau terminal d’exportation prévu par l’entreprise. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de Chevron vont atteindre 20 Mtpa et dépasseront de 12 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de Chevron
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise dans les énergies renouvelables est inexistante.
Une part majeure de la stratégie de diversification énergétique de Chevron repose sur les centrales à gaz. Chevron prévoit de construire 12 nouvelles unités de centrales à gaz, ce qui provoquera une augmentation de 76 % de sa capacité brute de production d’électricité à partir de centrales à gaz.
Avec sa stratégie actuelle, Chevron restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, avec une croissance de sa production de pétrole et de gaz de 6 % par an, l’extraction de pétrole et de gaz de Chevron représentera 3,8 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE.
Stratégie d’investissement d’ExxonMobil
La stratégie d’investissements de l’entreprise continue de reposer massivement sur l’exploration et production de pétrole et de gaz ainsi que sur le GNL :
- Au cours des 3 dernières années, 1,0 milliard de dollars ont été investis annuellement dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2024, 26,7 milliards de dollars ont été investis dans le pétrole et gaz – principalement l’exploration et la production – et 37,0 milliards ont été distribués aux actionnaires. ExxonMobil ne publie aucun investissement dans les énergies renouvelables.
- Jusqu’en 2030, ExxonMobil prévoit d’investir 30 milliards de dollars par an, toutefois la major ne fait état d’aucun investissement prévu dans les énergies renouvelables.
Plan de production fossile d’ExxonMobil
ExxonMobil ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 4e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz, et le 17e plus gros développeur de terminaux d’exportation de GNL.
En 2025, ExxonMobil a publié une nouvelle cible de production de pétrole et de gaz : l’entreprise prévoyait auparavant une production de 4,2 millions de barils équivalent pétrole en 2027 et prévoit désormais 5,4 millions d’ici 2030. En atteignant ses objectifs de production, sa production sera en 2030 supérieure de 53 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
Le GNL est aussi au cœur de la stratégie d’ExxonMobil avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction d’ExxonMobil vont atteindre 36 Mtpa et dépasseront de 65 % le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification d’ExxonMobil
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz ainsi que sur le GNL dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise dans les énergies renouvelables est inexistante.
Une part majeure de la stratégie de diversification énergétique d’ExxonMobil repose sur les centrales à gaz. ExxonMobil prévoit de construire six nouvelles unités de centrales à gaz, ce qui provoquera une augmentation de 68 % de sa capacité brute de production d’électricité à partir de centrales à gaz.
Avec sa stratégie actuelle, ExxonMobil restera l’un des principaux acteurs du secteur du pétrole et du gaz. En effet, en 2030, l’extraction de pétrole et de gaz d’ExxonMobil représentera 4,4 % de la production mondiale d’hydrocarbures prévue par le NZE.
Stratégie d’investissement d’ADNOC
La compagnie nationale émiratie, qui est entièrement détenue par l’État, repose toujours fortement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des trois dernières années, 20 millions de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- ADNOC manque de transparence sur ses investissements passés et présents dans le pétrole et le gaz.
- ADNOC continue de se reposer fortement sur le pétrole et le gaz, alors que seulement 10 % de ses dépenses totales en capital pour la période 2023-2027 sont consacrées à des activités bas-carbone, qui comprennent les énergies renouvelables.
Plan de production fossile d’ADNOC
ADNOC ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 10ème plus gros producteur de pétrole et de gaz et le 5ème plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz. ADNOC est l’entreprise dont l’expansion absolue à court terme est la plus élevée et dépasse donc le NZE.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 20 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
ADNOC est avant tout une compagnie pétrolière, le pétrole représentant 98 % de sa production fossile actuelle. ADNOC prévoit d’augmenter sa capacité de production de pétrole brut de 25 % entre 2020 et 2027. À pleine capacité, la production de pétrole et de gaz en 2030 sera supérieure de 168 % à l’alignement NZE.
La stratégie gazière d’ADNOC repose sur le gaz naturel liquéfié, avec des plans de construction de nouveaux terminaux d’exportation et d’importation. En 2030, les capacités nettes de liquéfaction d’ADNOC seront multipliées par 3,3 et atteindront 14 Mtpa, dépassant le NZE.
Diversification d’ADNOC
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
ADNOC détient 24% de Masdar, une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables et ne communique pas sur d’autres capacités renouvelables. A travers Masdar, la capacité renouvelable d’ADNOC atteindra 24 GW en 2030. Par conséquent, les énergies renouvelables représenteront moins de 7% du mix énergétique d’ADNOC en 2030.
L’entreprise compté également se diversifier dans des activités basées sur les fossiles ; comme l’hydrogène et l’ammoniac bleu. Le processus de production de l’ammoniac bleu utilise du gaz avec de la capture et du stockage de carbone. ADNOC prévoit de produire directement 1 Mtpa d’ammoniac bleu en 2025 et planifie une production nette de 240 000 tonnes d’hydrogène vert en 2030 à travers Masdar.
Stratégie d’investissement de Petrobras
La stratégie d’investissements de l’entreprise brésilienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 0,7 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- Petrobras ne reporte aucun investissement passé ou futur dans les énergies renouvelables.
- 83% des investissements de 2023 à 2027 seront alloués à l’exploration et à la production de pétrole et de gaz.
Plan de production fossile de Petrobras
Petrobras ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 4e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 50 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
La NOC a annoncé une croissance d’ici 2027 de sa production de pétrole de 19 % pour atteindre 2,5 millions de barils par jour et de gaz de 50 % afin d’atteindre 0,3 millions. En raison de découvertes de pétrole importantes, la cible de production de l’entreprise est obsolète, étant en-deçà des plans d’expansion à court terme déjà engagés. En atteignant leur cible de production et dans l’hypothèse où la production n’augmente plus au-delà de 2027, la production de Petrobras dépasserait le NZE de 26%.
Diversification de Petrobras
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste marginale.
Petrobras ne communique pas sur ses capacités futures dans les renouvelables et l’hydrogène. La NOC se contente de citer l’éolien en mer et l’hydrogène comme des activités prospectives.
Stratégie d’investissement de QatarEnergy
La stratégie d’investissements de l’entreprise qatari continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 0,3 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- QatarEnergy manque de transparence sur ses investissements passés et futurs. La NOC ne reporte aucun investissement dans les énergies renouvelables dans son plan d’investissement 2021-2025.
Plan de production fossile de QatarEnergy
QatarEnergy ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le 2e plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz et le 3e plus gros développeur de terminaux de liquéfaction.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 20 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
QatarEnergy ne publie pas d’objectifs de production de pétrole et de gaz. Le GNL est au cœur de la stratégie de QatarEnergy avec des plans de développements de terminaux d’exportation et d’importation. Avec sa stratégie d’expansion, les capacités nettes de liquéfaction de QatarEnergy vont atteindre 99 Mtpa en 2030, en hausse de 88%, dépassant d’autant le niveau requis pour s’aligner avec le NZE.
Diversification de QatarEnergy
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
QatarEnergy disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 2 à 4 GW d’ici à 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de QatarEnergy sera inférieure à 1 % en 2030.
Stratégie d’investissement de Saudi Aramco
La stratégie d’investissements de l’entreprise saoudienne continue de reposer massivement sur le pétrole et le gaz :
- Au cours des 3 dernières années, 2,8 milliards de dollars ont été investis dans l’exploration pétrolière et gazière.
- En 2023, 78 % ont été investis dans l’exploration et production de pétrole et de gaz et 22% ont été investis dans leur branche “Downstream” qui inclut principalement le raffinage et la chimie, mais également les énergies renouvelables.
- Saudi Aramco manque de transparence sur son plan d’investissement futur.
Plan de production fossile de Saudi Aramco
Saudi Aramco ne s’est pas engagé à cesser de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’entreprise est le plus gros développeur de champs de pétrole et de gaz.
Avec ses champs déjà en production et ses plans d’expansion à court terme déjà en cours, la production de l’entreprise sera supérieure de 6 % au niveau requis pour s’aligner sur le scénario NZE.
En 2024, Saudi Aramco est revenu sur la hausse des capacités de production pétrolière prévue d’ici à 2030. La NOC prévoit désormais de maintenir sa capacité de production de pétrole à 12 millions de barils par jour d’ici 2030. Saudi Aramco prévoit d’augmenter sa production de gaz de 50% d’ici à 2030.
Diversification de Saudi Aramco
Le modèle d’affaires de l’entreprise restera fondé sur l’extraction de pétrole et du gaz dans les prochaines années. La diversification de l’entreprise reste minoritaire, et se fait parfois dans des activités néfastes pour l’environnement.
Saudi Aramco disposera d’une capacité nette installée d’énergie renouvelable de 12 GW d’ici à 2030. La part des renouvelables dans le mix énergétique de Saudi Aramco sera inférieure à 1 % en 2030.
Saudi Aramco compte également renforcer certaines activités fossiles, telles que l’hydrogène bleu et l’ammoniaque bleu, dont le processus repose sur le gaz avec capture de carbone. La NOC prévoit une production de 11 Mtpa d’ammoniaque bleu en 2030.