Crée en 2017, la Powering Past Coal Alliance (PPCA) réunit Etats, collectivités, acteurs financiers et entreprises pour favoriser la sortie du charbon. Problème, tous ses membres ne se dirigent pas vers cette sortie. Premiers concernés, les acteurs financiers membres de l’alliance continuent très majoritairement à financer le charbon, et même son développement.

La PPCA s’est considérablement agrandie, passant de 23 à sa création en 2017 à 111 membres en mars 2021. Pourtant, les recherches de Reclaim Finance – soutenues par 7 ONG internationales* – montrant que cette croissance n’a pas été synonyme d’un réel mouvement vers une sortie du charbon. Si certains membres de l’Alliance planifient bien l’arrêt de leurs centrales dans un calendrier aligné avec l’Accord de Paris – c’est-à-dire d’ici 2030 en UE et dans l’OCDE et 2040 partout dans le monde – d’autres on largement mis cette ambition de côté.

Ainsi, seuls 2 des 23 acteurs financiers membres de l’alliance ont adopté une politique permettant une sortie du charbon dans ces échéances. En revanche, 18 – dont Aviva, L&G, CalPERS ou Swiss Re – ne restreignent pas les financements aux entreprises qui développent de nouveaux projets et 8 – dont Schroders – ne possèdent aucun critère minimum limitant leurs soutiens au secteur. Les acteurs financiers membres de la PPCA auraient 38 milliards de dollars d’investis dans les entreprises significativement impliquées dans le secteur du charbon listées sur la Global Coal Exit List.

Si les principes de la PPCA eux-mêmes sont très insuffisants pour garantir la sortie du charbon nécessaire à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris, les limites de l’initiative proviennent aussi du comportement de certains Etats membres, dont ses présidents le Canada et la Grande-Bretagne. En effet, alors même qu’il fermera toute ses centrales d’ici 2030, le Canada augmente ses exportations de charbon et prévoit l’ouverture de 13 nouvelles mines située en Alberta et Colombie britannique, deux régions elles aussi membres de l’Alliance. De son côté, le Royaume-Uni envisage une nouvelle mine de charbon. Parmi les autres Etats membres de l’alliance, le Mexique prévoit l’ouverture de nouvelles centrales à charbon et l’Allemagne continuera à utiliser celles-ci jusqu’en 2038.

Afin de réellement devenir le véhicule d’une sortie globale du charbon, la PPCA doit se réformer, notamment pour exiger la sortie de l’ensemble du secteur du charbon – mines et infrastructures inclues – et prendre en compte les spécificités des acteurs financiers. Ses membres doivent s’aligner sur un calendrier de sortie du charbon réellement aligné sur l’Accord de Paris, ce qui implique pour les institutions financières d’adopter des politiques de sortie du charbon suivant les critères du Coal Policy Tool.

La COP 26 présidée par le Royaume-Uni sera le moment de vérité pour cette alliance et ses membres : oseront-ils passer à la vitesse supérieure ?

Pour aller plus loin :

* Le rapport a été écrit par Reclaim Finance et est soutenu par Fossil Free California, Shift Action, Environmental Defence, The Canadian Health Association for Sustainability and Equity (CHASE), Climate Fast, Urgewald and Re:Common

  • Lire le rapport entier (en anglais) ici.