Paris, vendredi 29 octobre – A trois jours de la COP26, AXA, un des principaux assureurs du secteur pétro-gazier, annonce des mesures sur le pétrole et le gaz (1). Avec cette nouvelle politique, AXA met fin à une partie de ses soutiens aux hydrocarbures non conventionnels mais peut encore assurer plus de la moitié de l’expansion pétro-gazière, alors même que l’AIE stipule clairement que l’atteinte des objectifs climatiques internationaux requiert de ne plus développer de nouveaux champs pétroliers et gaziers. C’est donc une opportunité ratée pour le géant de l’assurance qui, en tant que chef de file de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA), se devait de montrer l’exemple.

Des progrès sur les hydrocarbures non-conventionnels mais…

AXA annonce notamment des mesures supplémentaires et significatives sur ses souscriptions aux projets situés en Arctique et dans les gaz et pétrole de schiste (2). Les nouvelles mesures permettent d’exclure 79% des hydrocarbures en cours de développement sur le court terme dans les non conventionnels (3). Ces mesures sont importantes étant donné que la moitié de l’expansion de la production pétrolière et gazière dans les 5 prochaines années viendra des hydrocarbures non conventionnels (4).

“Bonne nouvelle, AXA met fin à une partie de ses soutiens aux hydrocarbures non-conventionnels. Cependant, en s’autorisant à assurer encore 56 % des projets d’expansion pétrolière et gazière, AXA compromet son propre engagement à atteindre la neutralité carbone et continue de mettre de l’huile sur le feu au lieu de l’éteindre. En tant que chef de file de la coalition NZIA, AXA doit immédiatement cesser d’assurer tout nouveau projet d’expansion pétrolière et gazière et considérer que toutes les entreprises développant de tels projets ne sont pas alignées sur une trajectoire de 1,5°C » déclare Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance.

AXA peut continuer d’assurer plus de la moitié des futurs projets de pétrole et de gaz

En revanche, AXA ne prend pas assez de mesures sur l’ensemble du secteur pétrole et gaz. Le géant peut continuer d’assurer 56% des plans d’extraction pétro-gazière en cours de développement, qu’ils soient conventionnels ou non conventionnels (5). Ces chiffres contredisent le scénario net zéro de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) qui stipule qu’aucun nouveau champ pétrolier et gazier, au-delà de ceux approuvés en 2021, qu’ils soient conventionnels ou non, n’a sa place dans une trajectoire 1,5°C permettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

A partir de 2024, AXA n’accordera plus de couvertures pour des “new upstream oil greenfield exploration projects” pour des entreprises ayant un “plan de transition ambitieux et crédible” (6) La date est très tardive et un grand flou demeure sur l’étendue de la restriction. 

Une politique à géométrie variable

La politique d’AXA comprend des critères plus ambitieux pour les portefeuilles d’investissement que pour les activités d’assurance. Par exemple, AXA affirme qu’il n’investira plus que dans environ 5% des entreprises productrices de pétrole et gaz listées sur la Global Oil & Gas Exit List. Cependant, côté assurance, AXA se limite à exclure de ses couvertures d’assurance les entreprises significativement exposées aux gaz et pétrole de schiste et forages en Arctique (7). Les entreprises sous ces seuils pourront être soutenues, quand bien même elles développent de nouveaux projets.

Lucie Pinson poursuit “De toute évidence, AXA est prêt à consentir plus d’efforts en tant qu’investisseur qu’en tant qu’assureur qui est pourtant son cœur de métier. Sa politique d’exclusion cohérente et ambitieuse sur le charbon, portant autant sur les couvertures d’assurance que les investissements, est pourtant ce qui lui a valu sa casquette de leader en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Aujourd’hui, ce décalage très net montre bien que AXA essaie avant tout de ménager ses intérêts plutôt que ceux du climat. Si AXA veut sincèrement respecter ses objectifs sur le climat, il ne doit plus figurer parmi les principaux assureurs de l’industrie pétro-gazière”

Les assureurs doivent faire mieux

Alors que AXA est le premier à rappeler que le premier risque pour les assureurs est bien le risque climatique, le secteur n’est toujours pas en ordre de bataille pour freiner les velléités d’expansion de l’industrie pétro-gazière. La Net Zero Insurance Alliance – dont AXA est le chef de file – sera réunie à l’occasion de la COP26 à Glasgow lundi prochain. Reclaim Finance et Insure our Future appelle tous ses membres à prendre des mesures drastiques contre les nouveaux projets pétroliers et gaziers.

“Les leaders climatiques autoproclamés doivent suivre la science et exclure immédiatement tout soutien aux plans d’expansion dans le pétrole et le gaz. AXA doit immédiatement combler les lacunes massives de sa politique, et Allianz et Zurich doivent suivre en adoptant des politiques qui alignent leurs propres assurances pétrolières et gazières sur une trajectoire crédible à 1,5°C” conclut Peter Bosshard, coordinateur de la campagne Insure Our Future.

Contacts presse :

Notes :

  1. Voir le communiqué de presse d’AXA et lire le mémo détaillé
  2. AXA renforce à la marge les mesures qu’il avait déjà adoptées sur concernant les sables bitumineux.
  3. Selon une version préliminaire de la Global Oil and Gas Exit List (GOGEL) qui sera publiée par Urgewald le 4 novembre, les mesures annoncées sur pétrole et gaz de schiste et les forages en Arctique, couplées aux mesures existantes sur les sables bitumineux, excluent de l’univers d’investissement et des politiques d’assurance environ 79% des volumes de pétrole et gaz non-conventionnels issus des projets en cours de développement ou au stade de l’évaluation et qui seront donc exploités à court terme. La GOGEL couvre 97% des plans d’expansion dans le monde
  4. Selon la GOGEL, environ 50% des champs pétroliers et gaziers en cours d’évaluation et de développement et recensés dans la GOGEL sont non-conventionnels. En avril 2021, le Stockholm Environmental Institute estimait que les non-conventionnels représentent l’essentiel de la croissance prévue d’hydrocarbures – 71 % de la croissance de la production prévue d’ici 2030 pour le pétrole et 67 % pour le gaz.
  5. Selon un calcul Reclaim des données issues de la GOGEL (elle même construite sur la base de donnée de Rystad Energy), les mesures prises par AXA permettent, en cumulé, d’exclure 43,5% des volumes de pétrole et gaz issus des projets en cours de développement ou au stade de l’évaluation et qui seront donc exploités à court terme. Pour faire ce calcul, nous avons d’abord soustrait toutes les réserves en développement ou évaluation des entreprises que AXA ne va plus assurer grâce à ses nouvelles mesures sur le pétrole et le gaz de schiste, sur l’Arctique et sur les sables bitumineux. Ensuite, nous avons regardé comparé le volume de réserves que AXA ne pouvait plus assurer avec le volume total de réserves en cours de développement/évaluation à l’heure actuelle.
  6. Axa déterminera si un plan de transition est “ambitieux et crédible” en utilisant ses propres critères ou en s’appuyant sur d’autres méthodologies d’alignement – notamment celle de la Science Based Target initiative. Ni les critères proposés par Axa, ni la Science Based Target initiative – dont la méthodologie pour les entreprises pétro-gazières est encore en cours de définition – ne requiert la fin du développement des énergies fossiles ou une baisse de la production d’hydrocarbures, deux exigences pourtant clef pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°C comme le soulignent notamment l’AIE ou encore le Production Gap Report.
  7. AXA ne se conforme pas à la demande de Bruno Le Maire de sortir de tous les hydrocarbures non-conventionnels. L’assureur ne s’engage pas sur des dates de sortie et n’adopte aucune mesure sur les autres secteurs des pétrole et gaz non conventionnels tels que listés dans les recommandations du comité scientifique et d’expertise de l’observatoire de la finance durable de la place financière de Paris. XA ne s’engage pas non plus à dialoguer avec les entreprises actives dans le schiste ou en Arctique afin de les inciter à renoncer à leurs nouveaux projets comme l’y appelle la Fédération Française de l’Assurance dans une déclaration à l’attention de ses membres.