Communiqué de presse de Reclaim Finance et des Amis de la Terre France
À Paris, le 30 mars 2022 – La 13ème édition du rapport Banking on Climate Chaos (1) révèle que les banques françaises ont alloué plus de 350 milliards de dollars aux énergies fossiles entre 2016 et 2021, dont 130 milliards aux 100 entreprises développant le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles. Le rapport, soutenu par près de 500 ONG, souligne que les banques alimentent toujours notre dépendance aux énergies fossiles, sur laquelle nous alertent la guerre en Ukraine et les rapports du GIEC (2). Les ONG dénoncent l’inaction du gouvernement tout au long du quinquennat et l’hypocrisie des banques. Elles appellent les banques à satisfaire la condition ultime pour respecter leurs engagements sur le climat : ne plus soutenir le développement des pétrole et gaz.
Les 60 plus grandes banques internationales ont au total accordé 4 582 milliards de dollars aux énergies fossiles depuis l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat. Avec 352 milliards de dollars de financements au cours de ces six dernières années, la place de Paris représente le 1er soutien de l’Union européenne à cette industrie, et talonne de très près celle de Londres (3). 87 % de ces capitaux proviennent de seulement 3 banques : BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole.
À rebours de leurs propres engagements climatiques (4) et des recommandations des scientifiques comme de l’Agence internationale de l’énergie (5), les grandes banques françaises continuent de jouer un rôle clé dans l’expansion fossile. Elles ont accordé, depuis la COP21, 131 milliards de dollars de financements aux 100 entreprises qui développent le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles, et font ainsi de la France le 3ème pays à soutenir le plus l’expansion, derrière les États-Unis et la Chine (6). BNP Paribas se distingue ici : elle est le 5ème financeur mondial de cette expansion, après 4 banques états-uniennes (7).
Pour Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne finance zéro fossile chez Reclaim Finance : “Les banques françaises font de nouveau de Paris la capitale de l’hypocrisie climatique. La guerre en Ukraine démontre l’urgence à sortir des énergies fossiles mais les banques françaises semblent bien placées pour nous enliser encore plus dans cette dangereuse addiction. Si les flux financiers français baissent en 2021 (8), rien n’indique que cette tendance va se confirmer. En effet, dès le mois de janvier 2022, les banques françaises ont été impliquées dans plusieurs opérations financières de grande envergure au profit de BP, Total et Saudi Aramco, chefs de file de l’expansion pétro-gazière (9)”.
D’après l’Oil and Gas Policy Tracker publié la semaine dernière (10), aucune banque française à l’exception de La Banque Postale n’a mis en place de politique d’exclusion robuste, limitant de manière significative les soutiens aux principales entreprises responsables de l’expansion pétro-gazière. Non seulement les mesures prises par les grandes banques françaises ne couvrent que certaines parties de l’industrie pétrolière et gazière, mais elles n’impactent aucunement les majors du secteur qui prévoient encore des plans d’investissements massifs dans les énergies fossiles, y compris non conventionnelles.
Alors que le gouvernement a demandé depuis 2 ans à la place financière de Paris de sortir des hydrocarbures non conventionnels (11), les grandes banques n’ont même pas renoncé à alimenter ces secteurs les plus menaçants pour l’environnement et les communautés (12). Elles figurent par exemple en haut de la liste des financeurs de l’exploitation pétro-gazière en Arctique et en mer (13). Malgré d’importantes baisses de ces financements en 2021, BNP Paribas parvient ainsi à rafler la position de 1er banquier mondial de ces deux secteurs hautement critiques pour la planète, depuis l’adoption de l’Accord de Paris.
Pour Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France : “Malgré les multiples crises appelant à rompre au plus vite avec notre dépendance aux énergies fossiles, la place de Paris comme le gouvernement ont tenu bon sur le business as usual et même continué à appuyer sur l’accélérateur de l’emballement climatique. Hier, au plus fort de la pandémie de Covid-19, les grandes banques françaises renflouaient massivement les groupes pétro-gaziers (14). Aujourd’hui, elles sont complices d’entreprises fossiles comme Total et Gazprom, qui opèrent en Russie et alimentent la guerre meurtrière du Kremlin (15). À 10 jours de l’élection présidentielle, ce rapport tire un trait définitif sur les ambitions affichées du quinquennat d’Emmanuel Macron sur la finance durable.”