Communiqué de presse 

Paris, le 3 mai 2022 – BNP Paribas a publié aujourd’hui son « Rapport d’Analyse et d’Alignement pour le Climat » (1) dans lequel le groupe annonce de nouvelles cibles de décarbonation et de nouveaux engagements sur les énergies fossiles. Reclaim Finance note les progrès mais déplore le fait que les mesures annoncées permettront toujours des financements directs et indirects à l’expansion fossile. Reclaim Finance appelle BNP Paribas et les autres acteurs de la place financière de Paris à faire preuve de cohérence et à s’aligner réellement avec l’impératif scientifique, reconnu par l’AIE, de viser un arrêt de tout développement de nouveau projet fossile.

Membre de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), BNP Paribas a pour objectif la neutralité carbone de son portefeuille à l’horizon 2050 en suivant une trajectoire de réchauffement à 1,5°C. Le groupe a annoncé de nouvelles cibles :

  • réduction de l’intensité carbone du portefeuille d’au moins 10% d’ici 2025 par rapport à 2020 ;
  • baisse de 12% de son exposition de crédit à la production de pétrole et de gaz d’ici 2025 par rapport à 2020 ;
  • baisse de 25% de son exposition de crédit à la production de pétrole d’ici 2025 par rapport à 2020.

Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne à Reclaim Finance, a commenté : « BNP Paribas se dote de cibles de décarbonation en apparence ambitieuses et supérieures à leurs équivalents issus du scénario Net Zero de l’AIE. Cependant, le diable est dans les détails : la cible de baisse de l’exposition ne porte que sur les prêts (2), alors même que nombre d’entreprises du secteur se financent à travers des émissions d’obligations orchestrées par BNP Paribas (3). A la différence d’ING qui exclut tout soutien financier dédié aux nouveaux champs, BNP Paribas fait l’impasse sur l’essentiel en ne cessant pas tout soutien aux nouveaux projets pétroliers et gaziers, qui est pourtant la ligne rouge tracée par l’AIE pour limiter le réchauffement à +1,5°C. (4) »

BNP Paribas a par ailleurs renforcé sa politique d’exclusion sur le secteur pétrolier et gazier non-conventionnels et dans des écosystèmes fragiles :

  • le groupe exclut de ses financements et investissements les entreprises dont plus de 10 % de l’activité (5) est liée aux sables bitumineux et au pétrole et au gaz de schiste, ou dont plus de 10% de ses activités est liée à l’Arctique (6), ainsi que les entreprises ayant des réserves ou développant des infrastructures en Amazonie. Les émissions d’actions et d’obligations ne sont en revanche pas mentionnés dans la politique du groupe ;
  • BNP Paribas exclut les financements de projet de production et d’infrastructures de pétrole et de gaz en Arctique et en Amazonie.

« L’exclusion des entreprises dont plus de 10% de l’activité vient de certains pétrole et gaz non-conventionnels va dans le bon sens. Cependant, avec cette approche par seuil, BNP Paribas protègerait les grandes entreprises diversifiées, à qui elle a accordé plus de 140 milliards de dollars depuis l’accord de Paris (7). Au premier rang desquels pourrait se trouver TotalEnergies (8), malgré sa position de septième plus gros développeur pétro-gazier au monde » conclut Louis-Maxence Delaporte

Une exception est faite pour les entreprises ayant les plans de transition les plus “crédibles” selon des critères tels que l’engagement de neutralité carbone dans un scénario +1,5°C. Cette dérogation mal définie n’exige pas l’absence de développement pétro-gazier et pourrait devenir le cheval de Troie des géants du secteur.

Notes :

  1. BNP Paribas, Rapport d’Analyse et d’Alignement pour le Climat, 2022.
  2. BNP Paribas précise que certaines opérations sur les marchés financiers pourront être progressivement ajoutées à la politique.
  3. D’ores et déjà en 2022, BNP Paribas a participé à plusieurs émissions d’obligations de grande envergure : 2 milliards d’euros pour BP, 2,5 milliards de dollars pour EIG Global Energy Partners (détenue par Saudi Aramco) et 1,75 milliards d’euros pour TotalEnergies.
  4. Agence internationale de l’énergie, Net Zero by 2050, 2021.
  5. La métrique utilisée est les réserves pour les entreprises spécialisées et le chiffre d’affaires pour les entreprises diversifiées.
  6. BNP Paribas a modifié la définition de la zone Arctique pour prendre la définition de la zone Arctic Monitoring and Assessment Program (AMAP) à l’exception des opérations norvégiennes.
  7. Données issues du Banking On Climate Chaos 2022.
  8. En cumulé, les pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux et Arctique (hors Norvège) représentent 12% de la production de la major. Cependant, en instaurant un seuil d’exclusion sur le chiffre d’affaires et en séparant d’un côté le schiste et les sables bitumineux et d’un autre côté le pétrole et gaz en Arctique, le seuil de 10% n’implique pas l’exclusion de TotalEnergies.

Contact presse :