Communiqué de presse 

Paris, le 18 mai 2022 – SCOR, 4ème réassureur mondial, vient d’annoncer lors de son assemblée générale (AG) la fin des couvertures d’assurance à de nouveaux champs pétroliers. Le réassureur français était le dernier des principaux assureurs européens sans aucune mesure d’exclusion au pétrole et au gaz. En revanche, les mesures annoncées ne permettent pas à SCOR de rattraper complètement son retard par rapport à Swiss Re, Hannover Re et Allianz qui ont également mis fin à leurs couvertures aux nouveaux projets de production gazière. Reclaim Finance, présent à l’AG, a appelé l’assureur à revoir sa feuille de route au plus vite afin de s’aligner avec les recommandations des scientifiques et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Lors de son assemblée générale (1), SCOR a annoncé la fin des couvertures pour les nouveaux projets de champs pétroliers à compter de 2023. Le réassureur français prévoit des exceptions possibles pour les projets d’“entreprises alignées sur Net-Zero à horizon 2050” (2). Sa politique ne couvre pas les champs gaziers et Laurent Rousseau a défendu le gaz comme énergie de transition, alors que l’AIE et les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont catégoriques sur l’impératif de tendre vers la fin de l’expansion de toutes les énergies fossiles.

Présent à l’assemblée générale, Reclaim Finance a appelé Laurent Rousseau, qui tenait sa première assemblée générale en qualité de directeur général, à revoir sa politique tout juste annoncée afin d’y intégrer le gaz.

Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne assurances et climat à Reclaim Finance : “C’est une opportunité ratée. La science ne laisse pas de place au doute sur la nocivité du gaz et l’impératif de tendre vers un arrêt complet de l’expansion des énergies fossiles. SCOR ne fait même pas la moitié du chemin en ignorant totalement le gaz et en autorisant des exceptions à sa décision de ne plus assurer de nouveaux champs pétroliers. Les vagues de chaleur menaçant le sud de la France ou encore l’Inde très récemment illustrent une nouvelle fois l’urgence à agir. Nous réitérons donc notre appel à SCOR à combler de toute urgence l’écart entre ses engagements timides et les impératifs scientifiques.”

Lindsay Keenan, coordinatrice Europe de Insure Our Future : « SCOR renforce ses mesures climatiques durant son assemblée générale en annonçant l’arrêt des contrats d’assurances aux nouveaux projets de production pétrolière mais il lui reste encore un long chemin à parcourir pour s’aligner avec ce que la science réclame. Le directeur général de SCOR Laurent Rousseau doit désormais revoir cette politique d’exclusion au plus vite en y intégrant le gaz. »

SCOR est un des membres fondateurs de la Net Zero Insurance Alliance (3) et a ainsi pour objectif d’aligner ses portefeuilles d’assurance avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 suivant une trajectoire 1.5°C. Tenir cet objectif requiert d’après l’AIE de mettre un terme à l’expansion pétrolière et gazière (4), mais SCOR n’avait jusqu’à aujourd’hui aucune mesure visant à restreindre ses couvertures d’assurance et de réassurance au secteur (5), contrairement à 11 concurrents en Europe (6).

Début 2022, Hannover Re (7) et Swiss Re (8) ont tous deux relancé l’ambition climatique des réassureurs en annonçant l’arrêt de leurs assurances aux nouveaux projets de production de gaz et de pétrole. Plus récemment encore, Allianz (9) décidait de les suivre en adoptant des mesures encore plus restrictives contre le pétrole et le gaz, fixant ainsi un nouveau standard pour le monde de l’assurance et de la réassurance. Ces géants de leur secteur ont envoyé un message clair : les assureurs écoutent attentivement la science climatique et les experts de l’AIE pour mettre fin à l’assurance de nouveaux projets d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).

La directrice de Reclaim Finance, Lucie Pinson, publiait hier une tribune (10) afin d’appeler Laurent Rousseau à répondre en sa qualité d’assureur à l’urgence climatique. Le coût des catastrophes naturelles se chiffrait en 2021 à 270 milliards de dollars selon une étude de Swiss Re (11). Selon l’étude, SCOR a été directement impacté par l’intensification de ses phénomènes avec des coûts s’élevant à 1,5 milliard de dollars pour le réassureur français, soit environ 10% de ses primes d’assurances acquises en 2021.

Notes :

  1. L’annonce a été faite aux actionnaires lors de l’assemblée générale du 18 mai. Elle figure également dans les réponses aux questions écrites de Reclaim Finance.  
  2. Autoriser des exceptions projets en fonction des entreprises qui les portent n’est pas cohérent : un projet comporte les mêmes risques et impacts en termes de GES quelle que soit l’entreprise qui le développe. Il est également incohérent de s’en remettre à un processus de certification SBTI – qui n’est pas encore finalisé – alors que la science est dès maintenant catégorique sur le fait qu’un alignement net zero 2050 suivant une trajectoire 1,5°C n’autorise pas des nouveaux champs pétroliers et gaziers. Cette exception ouvre également la voie à de possibles soutiens à des entreprises qui ont pris l’engagement net zero, quand bien même elles ne seraient pas certifiées SBTI. 
  3. La Net Zero Insurance Alliance rassemble plus de 20 assureurs qui se sont engagés à atteindre la neutralité carbone +1,5°C d’ici 2050. 
  4. Agence Internationale de l’Energie, Net Zero 2050 roadmap, 2021. 
  5. SCOR avait pris des mesures pour restreindre ses investissements au pétrole et au gaz, mais n’avait encore aucunes mesures sur le volet assurance/réassurance, son cœur d’activité. 
  6. Les 11 assureurs concurrents de SCOR sont : Allianz, Aviva, Axa, Generali, Hannover Re, Lloyd’s, Mapfre, Munich Re, Swiss Re, Talanx et Zurich. 
  7. Politique Hannover Re. 
  8. Politique Swiss Re. 
  9. Politique Allianz et notre analyse de la politique. 
  10. La tribune est disponible en anglais sur Environmental Finance et en français dans Politis. 
  11. Plus d’information dans l’étude Swiss Re publiée en janvier 2022. 

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