Communiqué de presse 

Paris, le 28 juin 2022 – Amundi, filiale du Crédit Agricole, a publié ses votes sur les Say On Climate que 7 majors pétrolières et gazières ont présentés lors de leur assemblée générale en mai dernier. Alors que certaines des résolutions ont été rejetées, le gestionnaire d’actifs français a approuvé celles de grandes entreprises pétro-gazières, telles que TotalEnergies. Des votes incohérents qui révèlent avant tout la complaisance d’Amundi à l’égard d’entreprises qui, loin de s’aligner sur une trajectoire 1,5°C, continuent de développer de nouveaux projets fossiles. Reclaim Finance dénonce une position dangereuse et lance l’alarme auprès de Valérie Baudson, directrice générale d’Amundi.

Le plus gros gestionnaire d’actifs européen a publié vendredi (1) un communiqué de presse sommaire indiquant ses votes sur les plans climat (Say On Climate) que 7 majors pétrolières et gazières ont soumis à consultation durant leur assemblée générale (AG).

Amundi a approuvé 3 de ces plans (ceux de Repsol, TotalEnergies, BP) et rejeté 4 d’entre eux (ceux de Woodside, Shell, Equinor, Santos). Si les Say on Climate émanent de la direction des entreprises, des actionnaires avaient aussi déposé des résolutions à trois de ces entreprises (Equinor, BP et Shell) et à 5 autres majors pétrolières et gazières (Chevron, Conoco, Exxon, Occidental et Philipps66) afin d’exiger l’adoption de cibles de décarbonation alignées avec les objectifs de l’Accord de Paris. Amundi les a toutes soutenu.

Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance, affirme : “Soutenir les résolutions déposées par les actionnaires est un pré-requis pour tout investisseur engagé sur le climat, mais c’est loin d’être suffisant pour encourager les entreprises à opérer les transformations profondes nécessaires pour répondre à l’urgence climatique”.

En effet, ces résolutions actionnariales demandent un alignement avec les objectifs de l’Accord de Paris – une demande pertinente mais peu exigeante qui laisse les entreprises libres de définir, d’une part, l’objectif de réchauffement et, d’autre part, le scénario de référence utilisé. Elles peuvent ainsi recourir à un scénario avec peu ou pas de dépassement (“low or no overshoot”) ou qui repousse l’action à plus tard en misant sur le déploiement massif de technologies de capture et de stockage de CO2 malgré les incertitudes majeures les concernant.

“Tous les doutes sont permis quant aux intentions d’Amundi puisque le géant européen de la gestion d’actifs a voté pour des plans climat défaillants. Il semblerait qu’Amundi souhaite apparaître comme acteur de la lutte contre le dérèglement climatique tout en ménageant les marges de croissance dans les énergies fossiles des entreprises qu’il détient. Autrement dit, ses dividendes priment toujours sur l’urgence de baisser drastiquement les émissions liées au secteur pétrolier et gazier” poursuit Lucie Pinson.

Aucun des Say on Climate approuvé par Amundi ne comporte tous les éléments présentés, dans une tribune coordonnée par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR), comme nécessaires pour évaluer ces stratégies climat. Ceci révèle une incohérence d’autant plus forte qu’Amundi, en plus d’être signataire de la tribune, co-préside le groupe “engagement” du FIR (2). Amundi semble avoir également traité de manière incohérente les différents Say on Climate :

  • Amundi a voté pour les Say On Climate de BP, TotalEnergies et Repsol mais contre celui de Shell, alors que Shell disposera de davantage d’énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030 que ses trois concurrents (3).
  • Amundi a voté pour les Say On Climate de BP, Totalenergies et Repsol mais contre celui d’Equinor, alors qu’Equinor dépassera son budget carbone (les émissions permises pour être aligné avec un scénario à 1,5°C) plus tard que ses trois concurrents (4).
  • Amundi ne semble pas toujours prendre en compte les préconisations de ses pairs au sein du Climate Action 100+ , qui avait mis des points d’attention sur les votes des Say On Climate d’Equinor, qu’Amundi n’a pas soutenu, et de TotalEnergies, qu’il a soutenu.
  • Amundi a voté pour les Say On Climate de BP et TotalEnergies qui ont pourtant des plans d’expansion pétro-gazière à court terme plus importants qu’Equinor (d’après la Global Oil and Gas Exit List.

“Amundi répète tous azimuts son souhait d’accompagner les entreprises dans leur transition en leur allouant les capitaux nécessaires. Mais ce discours ne résiste pas à l’analyse faisant apparaître une politique de vote qui fait le jeu de l’inaction climatique. A défaut de désinvestir immédiatement, il est grand temps qu’Amundi mette l’arrêt de l’expansion pétro-gazière au cœur de sa stratégie de vote et applique les mêmes règles à toutes les entreprises d’un même secteur” déclare Lara Cuvelier, chargée de campagne chez Reclaim Finance.

Faisant l’impasse sur les bonnes pratiques en matière de transparence sur les votes (mieux suivies par certains de ses pairs comme Allianz ou BlackRock (5)), Amundi publie le détail de ses votes tardivement et sans explication individuelle. Par ailleurs, les réponses aux questions écrites que nous lui avions adressées lors de l’AG n’ont toujours pas été rendues publiques. Face à ces manquements, Reclaim Finance a adressé hier une lettre à Valérie Baudson, directrice générale d’Amundi, afin d’exprimer son inquiétude quant à la complaisance d’Amundi envers une partie du secteur pétro-gazier et d’appeler à plus de transparence et de cohérence sur ses votes (6).

Notes :

  1. Voir le communiqué de presse d’Amundi
  2. Amundi et 29 autres investisseurs sont signataires de la tribune coordonnée par le FIR, intitulée “Le Say on Climate : un impératif de transparence pour un dialogue constructif”
  3. Voir l’analyse de Reclaim Finance sur les 6 majors européennes, intitulée ‘Major Failure’.
  4. Voir l’analyse de Reclaim Finance sur les 6 majors européennes, intitulée ‘Major Failure’.
  5. Ces investisseurs publient les résultats de leurs votes rapidement après les Assemblées générales (le jour suivant pour Allianz) ainsi que des des explications individuelles.
  6. Notre lettre à Valérie Baudson, directrice générale d’Amundi

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