Communiqué de presse 

Paris, le 5 juillet 2022 – La place financière française est encore loin d’aligner ses portefeuilles avec les objectifs de l’Accord de Paris. C’est le verdict issu de l’analyse des politiques de 53 banques, assureurs et investisseurs de la place de Paris, désormais tous intégrés à l’Oil and Gas Policy Tracker, un outil de notation porté par Reclaim Finance et 16 ONG (1) pour évaluer les efforts des plus grandes institutions financières internationales en matière climatique. En France, seulement 9 d’entre elles ont annoncé des mesures fortes contre l’expansion pétro-gazière et 13 ont planifié la fin de leurs soutiens au pétrole et gaz non-conventionnels (2) pourtant appelé de ses vœux par le Ministère des Finances. Alors que se tiendra le 26 octobre 2022 la 1ère Climate Finance Day du quinquennat, Reclaim Finance appelle le Ministre à réglementer les soutiens à l’expansion pétro-gazière et sanctionner enfin les retardataires.

Initialement concentré sur les 150 plus grandes institutions financières dans le monde, l’Oil and Gas Policy Tracker (OGPT) compte désormais 369 banques, assureurs et investisseurs – dont 53 français.

En France, bien que les engagements climat se multiplient, les acteurs financiers avancent à plusieurs vitesses et quelques-uns seulement font figure d’exemple sur la scène internationale en luttant contre l’expansion pétro-gazière :

  • Si 38 acteurs ont adopté une politique d’exclusion sur le pétrole et le gaz, seuls 9 d’entre eux ont pris des mesures qui s’appliquent à court terme contre les plans de développement pétro-gazier (3).
  • 15 acteurs n’ont toujours pas adopté de politique sur le pétrole et le gaz. Parmi eux, 6 se sont pourtant engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 selon un scénario 1,5°C en devenant membres d’une alliance de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) (4).

Pour Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne chez Reclaim Finance : “Deux fonds publics de retraites, FRR et ERAFP, sont membres de GFANZ et pourtant, n’ont toujours pas la moindre politique sur le pétrole et le gaz. On note toutefois une vraie dynamique de progrès du côté des investisseurs français quand c’est la panne sèche du côté de la majorité des grandes banques et assureurs français. Alors que Macif, CNP Assurances et Groupama ont pris des premières mesures contre l’expansion pétro-gazière, BNP Paribas, Natixis et SCOR continuent de financer et assurer directement de nouveaux projets d’énergies fossiles ainsi que les entreprises à la manoeuvre, comme Shell qui développe du gaz de schiste en Argentine, par exemple.”

C’est sur la base de trois indicateurs clés, sélectionnés en raison des recommandations des scientifiques et appels des politiques (5), que cet outil analyse et note les politiques d’exclusion pétrole et gaz de ces derniers : i) la fin des soutiens à tout nouveau projet pétrolier ou gazier, ii) la fin des soutiens aux entreprises développant de nouveaux projets pétroliers et gaziers et enfin, iii) l’adoption d’un plan de sortie du pétrole et du gaz (6).

L’outil évalue également les politiques en place sur les 4 principaux secteurs non-conventionnels (Arctique, offshore ultra profond, sables bitumineux, pétrole et gaz de schiste). Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, appelait en 2020 et 2021 les acteurs financiers français à se doter de politiques pour sortir de ces secteurs (7). En 2022, ce message n’a toujours pas été entendu : seulement 13 acteurs ont pris l’engagement de sortir des non-conventionnels d’ici 2030.

“Au lieu de sanctionner les retardataires afin de rendre possible son rêve d’une finance verte, le gouvernement est trop occupé à soutenir le détricotage des instances de la finance durable et à glisser sous le tapis ses propres exigences. La situation n’est plus tenable alors que la crise énergétique aggravée par la guerre en Ukraine et les vagues de chaleur soulignent l’urgence à se libérer de notre dépendance aux énergies fossiles : il faut au plus vite créer un cadre contraignant pour exiger la baisse des soutiens de la Place financière française au pétrole et au gaz” conclut Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.

Le 26 octobre 2022 se tiendra la première Climate Finance Day de ce quinquennat. Reclaim Finance appelle le Ministre à saisir cette occasion pour annoncer des mesures réglementaires contre les soutiens de la Place financière à l’expansion pétro-gazière.

Notes :

  1. L’Oil & Gas Policy Tracker est un comparateur des politiques pétro-gazières du secteur financier, développé par Reclaim Finance et soutenu par 16 ONG partenaires.
  2.  13 institutions financières prévoient une sortie des pétrole et gaz non-conventionnels d’ici 2030 : La Banque Postale, Anaxis, Covea, Covea Finance, Ircantec, Sycomore AM, SCOR IP sur l’upstream et midstream, Ecofi, MAIF, Ostrum AM, Ofi AM, Macif et Abeille Assurances sur l’upstream seulement.
  3. Sur les 9 acteurs financiers concernés, 6 ont une politique robuste permettant de lutter contre toute l’expansion pétro-gazière (La Banque Postale, CNP Assurances, Ircantec, MAIF, MACIF, Abeilles Assurances), 3 autres acteurs de la place ont une politique contre l’expansion mais limitée aux pétrole et gaz non-conventionnels (Anaxis, Groupama et Groupama AM). En outre, 4 autres acteurs financiers (Crédit Mutuel, Crédit Mutuel Assurances, Crédit Mutuel AM et La Française AM) prévoient d’exclure les développeurs de pétrole et de gaz à une date non précisée ou lointaine. Tableau récapitulatif des politiques en annexe.
  4. La Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) rassemble toutes les institutions financières privées engagées pour la neutralité carbone selon un scénario 1,5°C. Les membres sont tenus de respecter les critères fixés par l’ONU Race to Zero impliquant notamment une division par deux de leurs émissions d’ici 2030 et la fin des soutiens aux nouveaux actifs dans les énergies fossiles. 6 institutions financières françaises membres de GFANZ n’ont pas de politique d’exclusion sur le pétrole et le gaz : Fonds de réserve pour les retraites (FRR), Établissement de Retraite additionnelle de la Fonction publique (ERAFP), Comgest, La Banque Postale AM (politique annoncée et en cours de rédaction), La Financière de l’Echiquier, Rothschild & Co AM. Tableau récapitulatif des politiques en annexe.
  5. Les appels à tendre vers un arrêt rapide de l’expansion des énergies fossiles et à organiser la sortie de ces secteurs se multiplient à l’international, relayés par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres et l’initiative onusienne Race to Zero qui regroupe la majorité des grands groupes financiers français. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) elle-même ne laisse aucune place aux nouveaux champs pétroliers et gaziers dans son scénario pour l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
  6. Retrouvez la méthodologie de l’Oil and Gas Policy Tracker.
  7. Appel de Bruno Le Maire à la place de Paris en novembre 2020 et communiqué de presse de Bercy en novembre 2021

Contacts :

Acteurs sans politique Acteurs avec une politique insuffisante sur l’expansion Acteurs avec une politique engageante sur l’expansion pétro-gazière
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