Communiqué de presse

Paris, le 19 septembre 2022 – Alors que les dirigeants de la Glasgow Financial Alliance on Net Zero (GFANZ) ont récemment publié une déclaration appelant tous les membres à mettre fin au financement de nouveaux projets charbon (1), un nouveau rapport (2) publié aujourd’hui par Reclaim Finance révèle que les grandes banques américaines continuent à injecter des milliards de dollars dans des entreprises qui développent de nouvelles mines, centrales et infrastructures charbon. Tandis que les politiques adoptées par les banques américaines après l’Accord de Paris sont inefficaces pour mettre fin à l’expansion du charbon, une recherche financière dévoile également de nombreuses transactions de soutien aux développeurs de charbon après avoir rejoint la Net Zero Banking Alliance (NZBA). En ce début de Climate Week à New York et à l’approche de la COP27, Reclaim Finance appelle les banques américaines à immédiatement adopter des politiques charbon robustes à la hauteur de leurs engagements.

A rebours des recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour limiter le réchauffement à 1,5°C (3), les grandes banques américaines continuent de soutenir des entreprises qui développent de nouveaux projets de charbon dans le monde entier. Depuis 2019, JPMorgan Chase, Citigroup, Bank of America, Morgan Stanley et Goldman Sachs ont collectivement fourni US$40 milliards aux développeurs de projets charbon. (4)

Lucie Pinson, Déléguée Générale et fondatrice de Reclaim Finance, commente : « Les banques américaines nous mènent vers le chaos climatique. Leur soutien indéfectible aux développeurs de nouveaux projets de charbon est insensé. En continuant à financer de nouvelles mines de charbon, centrales électriques et infrastructures, elles mettent en péril nos chances de parvenir à un avenir soutenable. À la lumière des récents événements climatiques extrêmes, elles ne peuvent  pas se permettre de perdre plus de temps et doivent de toute urgence joindre le geste à la parole et cesser de financer l’expansion du charbon. »

Bien que les banques américaines aient cessé de fournir des financements dédiés aux nouveaux projets de charbon, cela n’a que peu d’impact dans le monde réel. En effet, la majeure partie de leurs financements au secteur du charbon est fournie par le biais de financements d’entreprises pour lesquels les banques américaines ont des critères de restriction très souples. Contrairement aux 42 institutions financières qui ont déjà mis un terme au financement des développeurs de nouveaux projets charbon, les banques américaines sont très en retard avec des politiques charbon qui laissent les fonds circuler vers l’expansion charbon.

En effet, les banques américaines continuent de financer des entreprises telles que Glencore, Adani et Mitsubishi, qui figurent parmi les plus grands développeurs charbon et ont un bilan désastreux en matière de droits humains (4). En outre, la recherche financière menée par Reclaim Finance a révélé que le fait de rejoindre la NZBA en 2021 et de s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ne les a pas empêchées de financer les développeurs de charbon.

  • Citi, membre fondateur de la NZBA, a accordé deux prêts de US$503 millions, en avril et septembre 2021, à Mitsubishi, qui développe notamment la centrale à charbon controversée Vung Ang II d’une capacité de 1200 MW au Vietnam.
  • Morgan Stanley, également membre fondateur de la NZBA, a facilité l’émission de US$125 millions d’obligations en juin 2021 pour Sumitomo, qui développe de nouveaux projets de centrales charbon au Vietnam et en Indonésie, ainsi que de nouveaux projets d’infrastructure en Australie et au Japon.
  • Bank of America, également membre fondateur de la NZBA, a facilité l’émission de US$133 millions d’obligations en décembre 2021 pour la société chinoise State Power Investment Corporation, qui développe 10,2 GW de nouveaux projets de centrales charbon en Chine, en Turquie et en Mongolie.
  • JPMorgan Chase a facilité l’émission de US$788 millions d’actions en novembre 2021 pour Vedanta Resources, qui développe une nouvelle mine de charbon en Inde d’une capacité de 6 millions de tonnes par an.
  • Goldman Sachs a facilité l’émission de US$13 millions d’obligations en octobre et décembre 2021 pour Kansai Electric Power Co Inc, qui développe de nouveaux projets de centrales charbon en Indonésie.

Cynthia Rocamora, chargée de campagne finance privée chez Reclaim Finance, commente : « S’engager à atteindre la neutralité carbone tout en investissant dans l’expansion du charbon est une véritable hypocrisie climatique. Non seulement les banques américaines mettent en péril la réalisation des objectifs climatiques, mais elles causent également des dommages immédiats et irréversibles aux communautés locales. Avec moins d’un an pour se conformer aux critères « Race to Zero »  actualisés qui soulignent une fois de plus le besoin urgent d’arrêter le développement de nouveaux projets charbon, les banques américaines doivent immédiatement  adopter des politiques charbon à la hauteur de leurs engagements.”

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Notes :

  1. Les coprésidents de la Glasgow Financial Alliance on Net Zero (GFANZ), Michael Bloomberg et Mark Carney, ainsi que la vice-présidente Mary Schapiro, ont publié le 22 août une déclaration intitulée « No New Coal« , appelant à la fin du financement de nouveaux projets de charbon. Il convient de saluer l’envoi d’un message aussi clair sur le charbon, ainsi que la référence à la nouvelle exigence de la  » Race to Zero « , selon laquelle les membres du GFANZ doivent  » réduire progressivement et supprimer  » leur soutien à tous nouveaux actifs de combustibles fossiles. Toutefois, cette déclaration n’a été faite qu’à titre personnel et ne constitue pas une déclaration officielle de GFANZ.
  2. Lire notre rapport ici.
  3. L’AIE déclare explicitement qu’il est indispensable de mettre fin à tout nouveau projet d’énergies fossiles pour suivre une trajectoire de 1,5°C. Le GIEC souligne également que tout nouveau projet d’énergies fossiles dépasse le budget carbone de 1,5°C.
  4. Données issues de la recherche financière sur les flux financiers vers les entreprises figurant sur la Global Coal Exit List.
  5. Par exemple, la mine de charbon Valeria de Glencore en Australie est prévue sur un site qui abrite plus d’une douzaine d’espèces menacées, il y a également trois communautés écologiques menacées qui seraient affectées par le projet. La mine de charbon Carmichael d’Adani a suscité des critiques pour son impact sur la grande barrière de corail. Les plans d’expansion de la société sont également dénoncés par des groupes de la société civile pour leur impact sur les  communautés locales et l’environnement.
    Mitsubishi développe la centrale au charbon controversée de Vung Ang II au Vietnam, à laquelle s’opposent de nombreux acteurs, dont la société civile et les investisseurs, en raison de son impact sur la santé des communautés touchées. Ceux qui s’opposent à l’expansion du charbon au Vietnam s’exposent à de graves représailles, notamment à de longues peines de prison. Quatre des plus importants défenseurs de l’environnement vietnamiens sont actuellement en prison pour avoir critiqué l’expansion de l’industrie du charbon dans le pays. Pour en savoir plus, consultez notre rapport.