Paris, 7 janvier 2025 – Les six plus grandes banques américaines, dont JPMorgan Chase ce mardi, ont désormais annoncé se retirer de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), l’alliance onusienne bancaire pour le climat. Visiblement soucieuses de possibles pressions de la future administration Trump, les géants de Wall Street abandonnent ainsi leurs engagements climatiques pour la neutralité carbone. Reclaim Finance appelle les 141 banques restantes dans l’alliance, en particulier européennes, à ne pas prendre le prétexte du retrait des banques américaines de la NZBA pour affaiblir leurs propres engagements climatiques.
JPMorgan Chase est la dernière des grandes banques américaines à avoir annoncé son départ de la NZBA, deux semaines avant l’investiture du président Trump, le 20 janvier (1). Une annonce qui fait suite aux départs de Morgan Stanley, Citi et Bank of America (2), de Wells Fargo et Goldman Sachs depuis décembre. Dans un communiqué, Goldman Sachs a déclaré qu’elle était « très concentrée sur les normes de développement durable de plus en plus strictes et les exigences en matière de rapports imposées par les régulateurs du monde entier ». (3)
Si les banques qui se sont retirées n’ont pas donné clairement de raisons pour justifier cette décision, les institutions financières américaines ont fait l’objet de menaces de la part de politiciens et commentateurs de droite au cours des deux dernières années en raison de leur adhésion à des alliances « net zero ». En septembre 2022, les banques auraient menacé de quitter la NZBA et la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) qui lui est associée, en raison d’inquiétudes liées à d’éventuelles poursuites judiciaires antitrust de la part des procureurs généraux des États conservateurs américains. (4)
En réaction, les deux alliances avaient publié des disclaimers juridiques très solides et supprimé toute formulation dans leurs lignes directrices et leurs recommandations qui pourrait ressembler à une obligation de prendre des mesures concernant les énergies fossiles.
Le retrait soudain de ces grandes banques américaines est un effort mièvre pour éviter les critiques de Trump et de ses acolytes négationnistes du climat. Les autres banques, notamment européennes, ne doivent pas utiliser la sortie des banques américaines comme une excuse pour affaiblir leurs propres engagements climatiques. Au contraire, elles ont une occasion unique d’encourager la NZBA à renforcer ses recommandations, en adoptant des positions significatives contre l’expansion des énergies fossiles.
Paddy McCully, analyste à Reclaim Finance
La NZBA compte encore 141 banques, dont toutes les plus grandes banques européennes. (5) Lorsqu’en 2022, des banques américaines menaçaient pour la première fois de quitter la NZBA, certains acteurs européens déploraient en privé le fait qu’ils aimeraient que les lignes directrices de la NZBA soient plus strictes, mais que les membres américains bloquaient tout progrès significatif.
En renforçant leurs engagements, les banques de la NZBA peuvent démontrer qu’elles n’ont pas simplement utilisé l’obstructionnisme américain comme excuse pour maintenir la position de faiblesse de la NZBA. Les autres grands soutiens financiers des énergies fossiles, tels que les Canadiens et les Japonais, ne doivent pas non plus prendre la place des États-Unis comme obstacles à une action plus forte au sein de la NZBA
Paddy McCully, analyste à Reclaim Finance
Au moins en partie à cause des banques américaines, la NZBA n’exige pas de ses membres qu’ils limitent leur financement des énergies fossiles. Mais la NZBA ne représente pas toute l’action climatique des banques, et de nombreuses banques ont déjà adopté des mesures sur les énergies fossiles en dehors de son cadre.
Ainsi, en 2024, plusieurs banques européennes ont pris des mesures contre l’expansion du pétrole et du gaz – la banque néerlandaise ING s’est engagée à ne plus financer de nouveaux terminaux d’exportation de GNL et BNP Paribas et Crédit Agricole ont cessé de structurer des obligations pour les producteurs de pétrole et de gaz. (6) Le dérèglement climatique ne connaît pas de répit avec la montée des partis hostiles à un agenda climatique, et les banques doivent respecter leurs engagements climatiques en limitant à la fois leurs risques et leurs impacts sur le climat.