NOS DEMANDES SUR LE GAZ ET LE PÉTROLE

Il y a 5 ans, prendre des mesures sur le charbon était un bon premier pas. Aujourd’hui, s’en tenir là est un crime.

Notre budget carbone ne nous permet plus de développer de nouveaux projets d’énergies fossiles. Mais les entreprises du secteur, guidées par les majors pétrolières et gazières comme Total, continuent d’investir dans l’exploration et l’ouverture de nouvelles réserves d’énergies fossiles. Alors que le bilan des morts et des destructions dues à des inondations, des sécheresses, des incendies et des tempêtes sans précédent s’alourdit d’année en année, leur irresponsabilité ne doit plus être tolérée, assurée et financée.

Reclaim Finance appelle les acteurs financiers à adopter les mesures suivantes afin de ne pas faire de la décennie 2020 une nouvelle décennie perdue pour l’action climatique – la dernière décennie pendant laquelle nous pouvons encore éviter le chaos climatique.

Endiguer l’expansion du gaz et du pétrole

1. Ne plus accorder de soutien direct à l’exploration d’hydrocarbures ou à de nouveaux projets de gaz et de pétrole, a fortiori les projets d’extraction ou ceux de transport liés au développement de la production d’énergies fossiles.

2. Désinvestir et exclure de tous services financiers les entreprises qui prévoient et/ou investissent dans :

a/ L’exploration des énergies fossiles.

b/ L’augmentation de la production de réserves existantes ou de nouvelles infrastructures de transport, d’exportation et d’importation – oléoducs, gazoducs, terminaux de gaz liquéfié – et de transformation liées au développement de nouvelles réserves d’énergies fossiles.

c/ Tous nouveaux projets de pétroles et gaz non conventionnels, incluant entre autres les gaz et pétrole de schiste, les sables bitumineux, les forages en eaux très profondes et en Arctique tel que défini par l’AMAP – Arctic Monitoring and Assessment Programme.

Engager la sortie du gaz et du pétrole

3. S’engager à réduire à zéro l’exposition des portefeuilles d’investissement, de financement et d’assurance :

a/ Au secteur pétrolier et gazier au plus tard d’ici 2040 dans les pays de l’UE et de l’OCDE et d’ici 2050 dans le reste du monde.

b/ Aux pétrole et gaz non-conventionnels au plus tard d’ici 2030 dans le monde.

4. Désinvestir et exclure de tous services financiers les entreprises qui réalisent plus d’une certaine part de leurs activités dans les sables bitumineux, gaz et pétrole de schiste, en eaux très profondes et en Arctique. Le seuil exact sera précisé ultérieurement lors de la publication de la Global Oil&Gas Exit List (GOGEL) de Urgewald. A l’heure actuelle, la meilleure pratique est celle du groupe CDC et de CNP, qui excluent les entreprises tirant plus de 10% de leurs chiffres d’affaires de ces secteurs, sur toute la chaîne de valeur. Nous recommandons l’utilisation d’une métrique liée à la production.

5. Conditionner, après 2020, tous services financiers aux entreprises pétrolières et gazières à leur engagement

a/ D’aligner leurs activités avec l’objectif de 1,5°C.

b/ De transformer progressivement leurs activités pour se diriger vers des activités non émettrices de gaz à effet de serre et assurer la fermeture de leurs opérations existantes dans les secteurs gaziers et pétroliers au plus tard d’ici 2040 dans les pays de l’UE et de l’OCDE et d’ici 2050 dans le reste du monde.

6. Conditionner, après 2021, tous services financiers aux entreprises pétrolières et gazières à :

a/ La publication d’un plan détaillé de fermeture de leurs actifs existants dans le secteur pétrolier et gazier selon les dates et zones géographiques ci-dessus.

b/ L’adoption de cibles de court, moyen et long termes de réduction absolue de leurs émissions de gaz à effet de serre – scope 1 à 3 – garantissant un alignement avec une trajectoire +1,5 °C, et notamment la division de moitié de leurs émissions d’ici 2030.