Sous pression des ONG, Crédit Agricole annonce des premières mesures insuffisantes de sortie des pétrole et gaz de schiste.

Ce matin s’est tenue à huis clos l’assemblée générale de Crédit Agricole, alors que les Amis de la Terre France et Reclaim Finance publiaient un rapport sur les soutiens massifs des banques et investisseurs aux pétrole et gaz de schiste nord-américains (1). Sous pression, Crédit Agricole a annoncé à cette occasion qu’elle réduirait à 0 d’ici 2022 “son exposition aux producteurs indépendants et spécialisés” dans la production de ces hydrocarbures non-conventionnels, hautement nocifs pour le climat, l’environnement et la santé (2).

Mais les deux ONG pointent du doigt un engagement insuffisant face aux risques que représentent cette industrie et à la surexposition de la banque. Le rapport La Place financière de Paris au fond du puits révèle en effet que Crédit Agricole a financé le secteur des pétrole et gaz de schiste à hauteur de 6 milliards de dollars depuis l’adoption de l’Accord de Paris, et que la banque y est actuellement investie pour 3,6 milliards de dollars.

En faisant l’impasse sur les majors, cet engagement laisse tout le loisir à Crédit Agricole de continuer de soutenir un large pan de la très forte croissance prévue de la production de pétrole et gaz de schiste aux Etats-Unis et Canada. La banque fait aussi mine d’ignorer que l’expansion du secteur est possible grâce à la myriade de nouveaux pipelines et terminaux d’exportation qu’elle finance. Lorette Philippot, Chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France

Les plus gros développeurs du secteur ne sont pas des pures-players de l’extraction du pétrole et du gaz de schiste, mais des entreprises comme Shell, Exxon Mobil ou Chevron. Les mesures de Crédit Agricole ont tout leur sens sur le plan financier puisqu’il s’agit d’abandonner des entreprises déjà au bord de la faillite mais elle ne feront rien pour désamorcer la bombe climatique qui être prête à éclater dans les bassins de gaz et pétrole de schiste aux Etats-Unis. Pour avoir un impact sur le climat, Crédit Agricole doit exclure toutes les entreprises qui ont au moins 15% de leurs réserves dans le secteur, et suspendre tout nouveau service financier à un engagement à ne plus développer de nouveaux projets d’énergies fossiles”, commente Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance.