MACIF et OFI AM ont annoncé le 2 juin 2020 de nouveaux critères d’exclusion des entreprises actives dans le secteur du charbon et un engagement à réduire à nulle leur exposition à ce secteur d’ici 2030 dans le monde entier. Ces annonces arrivent à un mois précis de la date d’anniversaire de l’engagement de la place financière de Paris à ce que les banques, assureurs et investisseurs français se soient dotés d’une politique de sortie du charbon d’ici mi-2020. Seuls 6 autres groupes financiers français ont pour l’instant répondu présents à cet engagement (1).

MACIF et OFI AM annoncent leur objectif de sortie complète du secteur du charbon d’ici 2030. Pour y arriver, ils ne feront plus aucun investissement dans les entreprises :

  • qui développent de nouveaux projets charbon thermique, sur toute la chaîne de valeur ;
  • qui réalisent plus de 30% de leur chiffre d’affaires dans les activités liées au charbon thermique. Ce seuil sera abaissé à 20% en 2021 ;
  • dont la production d’électricité à base de charbon thermique, ou à défaut la capacité installée, excède 30%. Ce seuil sera abaissé à 20% en 2021 ;
  • dont la puissance installée des centrales au charbon thermique dépasse 10 GW. À compter de 2021, ce seuil sera abaissé à 5 GW ;
  • OFI AM précise aussi l’exclusion des entreprises dont la production de charbon thermique dépasse 20 millions de tonnes. À compter de 2021 ce seuil sera abaissé à 10 millions de tonnes. Cependant, MACIF et OFI ont déjà exclu l’intégralité des entreprises minières actives dans le secteur du charbon de leurs investissements.

Par ailleurs les deux acteurs s’engagent à demander aux entreprises restantes en portefeuille l’adoption d’un plan de fermeture de leurs actifs dans le charbon. Ils s’inscrivent ainsi dans la continuité de La Banque Postale AM, AG2R La Mondiale, AXA, Crédit Mutuel ou encore CNP Assurances.

MACIF et OFI AM se dotent donc d’une stratégie extrêmement robuste de sortie du charbon, similaire à celle adoptée par Crédit Mutuel. 6 autres groupes financiers français ont pour l’instant répondu présents à l’engagement de la place financière de Paris : Crédit Agricole, La Banque Postale AM, AXA, Crédit Mutuel, AG2R La Mondiale et SCOR pour ses investissements. Le compte passe donc à 8 (1).

Toutes les entreprises répondant aux critères énoncés ci-dessus seront désinvesties, à l’exception de celles qui ont pris un engagement, validé par l’initiative Science Based Targets, de réduction de leurs émissions de GES compatible avec un scénario 2°C ou inférieur. MACIF précise dans son communiqué qu’ “un suivi du respect de ces engagements sera réalisé”. Cela est en effet indispensable car l’initiative SBT valident des objectifs de décarbonation à moyen terme mais n’assure pas le suivi des mesures mises en place pour les atteindre. Ainsi, une entreprise pourrait bénéficier de la marque SBT sans avoir à travailler à une transformation immédiate de ses activités. Pour pallier ce risque, MACIF et OFI AM doivent donc ne maintenir leurs investissements qu’à des entreprises SBT qui se sont également dotées d’ici 2021 d’un plan de sortie du charbon dans les délais impartis.

Enfin, MACIF et OFI affirment aussi pouvoir acheter les obligations vertes des entreprises désormais exclues, ce qui peut être problématique en cas d’émissions d’obligations vertes par des acteurs très carbonés non engagés dans un processus sincère de transformation de leurs activités. Rien ne saurait justifier l’achat d’obligations vertes issues par des acteurs qui développent de nouveaux projets charbon ou dans les énergies fossiles les plus polluantes.

1. Voir le Coal Policy Tool pour une évaluation de l’intégralité des politiques adoptées par les acteurs financiers français sur le charbon. OFI AM gère la quasi totalité des actifs de MACIF qui détient 60% du capital d’OFI AM. Cependant, OFI AM gère aussi les actifs d’autres investisseurs. Nous les considérons donc comme deux acteurs financiers distincts dans notre comptage des groupes s’étant doté d’une politique de sortie du charbon.