Jeudi 12 novembre 2020 – Aujourd’hui, Urgewald et 30 ONG partenaires, dont Reclaim Finance, ont publié une nouvelle mise à jour de la Global Coal Exit List (GCEL), la plus complète des bases de données sur les entreprises actives sur toute la chaîne de valeur du charbon thermique. Cette mise à jour intervient alors que L’APCR et l’AMF ont demandé aux institutions financières françaises d’indiquer publiquement les sources de données qu’elles utilisent pour mettre en œuvre leur politique sur le secteur du charbon. En France, le principal concurrent de la GCEL d’Urgewald est Trucost, dont les données sont utilisées par la Fédération bancaire française. Aujourd’hui, Reclaim Finance expose les faiblesses de la base de données américaine et appelle toutes les institutions financières françaises à utiliser la GCEL. Notre capacité à sortir du charbon à temps repose sur ce débat technique.

La GCEL (1) comprend 935 sociétés mères ainsi que plus de 1 800 filiales et sociétés affiliées, dont les activités vont de l’extraction du charbon, du commerce et du transport du charbon à la production d’électricité à partir du charbon et à la fabrication d’équipements pour l’industrie charbonnière. Dans l’ensemble, les entreprises répertoriées dans la GCEL représentent 88 % de la production mondiale de charbon thermique et près de 85 % de la capacité mondiale de production d’électricité à partir du charbon.

« Nous sommes dans une situation d’urgence climatique, et une sortie rapide du charbon est plus urgente que jamais. Notre base de données identifie 935 entreprises que le secteur financier doit blacklister s’il veut sérieusement atteindre les objectifs de Paris, » déclare Heffa Schücking, directrice d’Urgewald.

La GCEL a été publiée en novembre 2017 pour la première fois et est mise à jour chaque automne. Elle a joué un rôle majeur dans l’élaboration des politiques charbon de nombreux grands acteurs financiers, dont AXA dès 2017. Plus de 400 institutions financières sont enregistrées sur coalexit.org comme des utilisateurs de la base de données, mais toutes n’en font pas encore l’épine dorsale de leur politique.

Comme la SFI du groupe de la Banque mondiale, les organismes français de régulation financière, l’AMF et l’ACPR, ont utilisé la GCEL pour évaluer l’exposition des institutions financières françaises au charbon (2). La Fédération française de l’assurance et l’Association française de la gestion financière ont également recommandé à leurs membres d’utiliser la GCEL. À l’inverse, la Fédération bancaire française ne recommande pas de base de données spécifique à ses membres et a utilisé une liste de 500 sociétés fournie par Trucost pour évaluer l’exposition de ses membres au secteur du charbon (3).

Le site web de l’Observatoire de la finance durable indique que la Fédération bancaire française a choisi Trucost en raison de la « complétude » de sa liste. Non seulement la liste de Trucost omet des centaines de sociétés opérant dans le secteur du charbon, mais elle échoue également sur de nombreux points soulevés par l’ACPR et l’AMF dans leur rapport :

La Fédération bancaire française a retenu Trucost en raison de du caractère complet de sa liste et de sa capacité à fournir aux banques pour chacune des sociétés de la liste ci-dessous, le pourcentage du chiffre d’affaires de la société tirée de la vente de charbon thermique et/ou d’électricité produite à base de charbon. En vérité, la liste « Trucost-FBF » omet des centaines de sociétés opérant dans le secteur du charbon, y compris certains des plus gros producteurs ou opérateurs de centrales à charbon au monde ou encore 216 développeurs de nouvelles centrales. De plus, une analyse menée par Reclaim Finance (4), sur une comparaison des données de Trucost et de la GCEL, montre que celles fournies par l’acteur américain sont très souvent trompeuses.

« Cela illustre parfaitement ce que le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré lors du Climate Finance Day en appelant les institutions financières françaises à aligner leurs politiques de sortie du charbon sur les meilleures pratiques. Au-delà de l’importance d’utiliser un solide ensemble de plusieurs critères d’exclusion, se pose la question des données utilisées par les banques, assureurs et gestionnaires d’actifs pour définir le secteur du charbon et mettre en œuvre leur politique. Utiliser une liste très limitée d’entreprises, basée sur des données peu fiables, nous conduirait automatiquement à échouer au test décisif pour le climat : laisser le charbon derrière nous », commente Lucie Pinson, fondatrice et directrice exécutive de Reclaim Finance.

Dans la même veine que l’AMF et l’ACPR qui mettent en garde contre le risque de voir les institutions financières « choisir la source de données la plus favorable permettant de placer une entreprise en dessous des seuils définis de manière opportuniste », Reclaim Finance appelle les institutions financières françaises à divulguer les données qu’elles utilisent pour mettre en œuvre leurs politiques de sortie du charbon et à adopter des politiques basées sur un ensemble de plusieurs critères – et pas seulement sur la part des revenus liés au charbon. Cela sera indispensable pour éviter de passer à côté d’importantes entreprises charbon mais bien couvrir toute la chaîne de valeur du charbon. Plus précisément, Reclaim Finance les appelle à adopter et à mettre en œuvre les critères utilisés par Urgewald pour identifier les entreprises figurant dans la GCEL.