L’année 2021 s’ouvre sur la tenue du premier rendez-vous international dédié à la préservation de la biodiversité. A cette occasion, Reclaim Finance appelle les acteurs financiers à adopter immédiatement les mesures nécessaires pour limiter les risques de déforestation liée à la production de soja. Avec nos partenaires, SumOfUs, Canopée Forêts Vivantes, Mighty Earth et Rainforest Foundation Norway, nous lançons une pétition dénonçant les financements massifs de BNP Paribas aux négociants de soja et appelant le premier financeur de Cargill à ne plus intégrer de soja issu de terres déforestées dans les chaînes de valeur.

Porté par la France, les Nations-Unies et la Banque Mondiale, le One Planet Summit de la biodiversité réunira des décideurs politiques, économiques et financiers ainsi que des ONG. L’objectif du rendez-vous d’aujourd’hui reste celui du premier sommet du genre initié par Emmanuel Macron il y a 4 ans : inciter les acteurs privés à prendre de nouveaux engagements afin d’aligner leurs activités avec les objectifs de l’Accord de Paris. Avec pour nuance d’être consacré à la biodiversité, une reconnaissance que sa préservation doit aller de pair avec les efforts contre les dérèglements climatiques.

Il faut agir maintenant.

Sont attendues des discussions autour de l’établissement d’uneTask force on nature-related financial disclosure’, le pendant sur la biodiversité de la Task force on Climate-related Financial Disclosures. L’argument poussé par les acteurs qui la demandent : ce qui ne se mesure pas ne se protège pas, et il ne faut pas attendre des acteurs financiers l’adoption de mesures visant à lutter contre la disparition de la biodiversité s’ils ne sont pas en mesure d’identifier les risques financiers qui y sont liés.

Sans s’opposer à cette approche, Reclaim Finance en soutient une autre : une visant à limiter l’impact des institutions financières sur la biodiversité et le climat et à ne pas attendre d’avoir l’intégralité des outils en main pour agir. Car agir est déjà possible. Les principales causes de la déforestation, dont les impacts se font sentir autant sur le climat que sur la biodiversité, sont connues : l’élevage de bovins, la culture du palmier à huile, la production de pâte à papier, l’exploitation forestière et minière ou encore la production de soja.

Le soja, levier majeur pour le climat et la biodiversité

Le soja, cultivé en Amérique Latine et en particulier dans la savane du Cerrado au Brésil, est l’un des principaux facteurs de déforestation dans le monde – avec l’élevage. Ses impacts sur l’environnement et les droits humains sont extrêmement bien documentés mais restent mal connus – peut-être car le soja ne finit pas directement dans nos assiettes mais bien indirectement en servant de protéines dans l’alimentation des animaux d’élevage.

Face à l’explosion de la demande en soja, générée par la croissance de la population et des classes moyennes, ainsi que par l’augmentation continue de la consommation de viande et de produits laitiers, le Cerrado est aujourd’hui l’un des écosystèmes les plus menacés de la planète (PDF). 50 % de sa superficie initiale a déjà été détruite. Sa disparition serait un désastre pour le climat et la biodiversité alors qu’il stocke l’équivalent de 13,7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) et abrite 5% de la biodiversité mondiale.

Il n’y a pas de fatalité

La bonne nouvelle est que la destruction du Cerrado n’est pas une fatalité. Les institutions financières peuvent contribuer à stopper la conversion liée à la production de soja et ainsi contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique et la disparition de la biodiversité. La clé du problème se trouve notamment au niveau de l’adoption et de la mise en place de mesures “zéro déforestation” par les négociants tels que Bunge ou Cargill qui commercialisent le soja au niveau international.

Banques, assureurs et investisseurs doivent exiger des négociants, et en particulier du groupe de l’ABCD qui contrôlent 56% des exportations mondiales, la révision des contrats qui les lient aux producteurs de soja afin d’y intégrer la « cut-off date » du 1er janvier 2020 au plus tard et ainsi stipuler que tout soja issu de sols convertis avant cette date ne sera plus accepté dans les chaines d’approvisionnement.

BNP Paribas premier responsable ?

BNP Paribas est le premier financeur du négociant de soja le plus responsable de la déforestation liée au soja : Cargill, exposé à plus de 60 000 hectares de sols déforestés 60 000 hectares de sols déforestés dans le Cerrado entre mars 2019 et novembre 2020, soit 6 fois la taille de Paris. BNP Paribas lui a accordé 4 milliards de dollars de financements entre 2016 et 2019. BNP Paribas est, à elle seule, responsable de 6 des 9,5 milliards de dollars de financements accordés par les banques françaises aux ABCD entre 2016 et 2019.

Reclaim Finance et leurs partenaires interpellaient en septembre les acteurs financiers français pour leur présenter leurs demandes liées au soja. Après une première lettre envoyée en septembre, nous publions en octobre un rapport et organisions une action devant l’entrée du Climate Finance Day. Face à l’inaction de BNP Paribas, nous lançons aujourd’hui une pétition dénonçant les financements destructeurs de BNP Paribas et appelant la banque à s’en plus attendre ne plus soutenir les entreprises responsables de la déforestation liée à la production de soja, à commencer par Cargill et les ABCD.

Pour aller plus loin 

  • Signer la pétition
  • Voir et relayer la vidéo
  • Suivre le sommet le lundi 11 janvier
  • Lire le rapport «Soja et déforestation : les acteurs financiers ne doivent plus être complices », Reclaim Finance, Mighty Earth, Canopée Forêts Vivantes, SumOfUs, octobre 2020