Paris, 5 octobre 2021 – Plusieurs ONG dont Reclaim Finance ont envoyé une lettre ouverte (1) à AXA et à 9 autres assureurs pour les appeler à s’engager à ne pas assurer le projet de terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) Brunsbüttel porté par leur client, l’entreprise néerlandaise Gasunie. Ce projet d’importation de gaz de schiste en Allemagne est contraire aux recommandations de l’Agence internationale de l’Energie et contribuera à bloquer l’atteinte des objectifs climatiques en Europe. Assurer ce projet entrerait en contradiction directe avec les engagements climatiques d’AXA, et tournerait le dos à l’appel de Bruno Le Maire à sortir des énergies fossiles non conventionnelles.
Les ONG membres de la campagne Insure Our Future ont écrit aux 10 assureurs de Gasunie, l’opérateur du réseau énergétique qui propose de construire un terminal GNL à Brunsbüttel, dans le nord de l’Allemagne. Dans cette lettre, les ONG leur demandent de ne pas assurer ce nouveau projet qui contribuerait à émettre plus de 14 millions de tonnes de CO2 chaque année (2). Les 10 assureurs interpellés sont Allianz, AIG Europe, AXA, Chubb, HDI, Liberty Mutual, Munich Re, SCOR, Talanx et Zurich Insurance Group (3).
La lettre cible plus particulièrement AXA qui, en assurant le projet, contredirait directement les impératifs climatiques et ses engagements en tant que chef de file de la Net Zero Insurance Alliance. Ca serait également un pied de nez à Bruno Le Maire qui appelle, depuis octobre 2019 (4), tous les acteurs financiers français à cesser de soutenir les pétrole et gaz non conventionnels. Depuis, AXA ne s’est toujours pas engagé à sortir du pétrole et du gaz de schiste, secteur non-conventionnel en pleine croissance.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance, commente : « La récente “alerte rouge pour l’Humanité” lancée par le GIEC rend les choses très claires : c’est de la folie de soutenir la construction de nouveaux projets d’infrastructures d’énergies fossiles qui nous enfermeront dans des décennies d’émissions supplémentaires de gaz à effet de serre. AXA a su écouter la science en 2017 et prendre position contre l’expansion du charbon. En tant que chef de file de l’Alliance des assureurs pour la neutralité carbone (NZIA), AXA a le devoir de l’écouter de nouveau et de s’engager à ne plus assurer l’expansion pétro-gazière. Le contraire serait faillir à son mandat de gestionnaire du risque et tourner le dos à ce que les scientifiques, rejoint par l’Agence internationale de l’Energie, nous exhortent à faire.”
Les évènements extrêmes des derniers mois et la publication du premier volet du sixième rapport du GIEC indiquent l’urgence à baisser rapidement et de près de 8% par an les émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C (5). D’après le récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie, atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 requiert de ne plus ouvrir de nouveaux champs gaziers et de décarboner complètement le secteur de la production d’électricité en Europe d’ici 2035. Le rapport de l’AIE précise également que de nombreuses installations de gaz naturel liquéfié (GNL) actuellement en cours de construction ou de planification ne sont pas nécessaires. (6). Le terminal d’importation de GNL va à l’encontre de tous ces objectifs : construit pour 30 à 50 ans, il aura une capacité d’importation de 8 milliards de m3 de gaz chaque année (7), dont du gaz de schiste nécessitant l’ouverture de nouveaux champs gaziers (8).
Lindsay Keenan, coordinateur européen de la campagne Insure Our Future déclare :« Si les assureurs prennent au sérieux leurs engagements net-zero et envers l’Accord de Paris, ils doivent cesser de souscrire et d’investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers et éliminer progressivement leurs couvertures aux projets déjà construits, conformément à un scénario de 1,5°C ».
Regine Richter, chargée de campagne à Urgewald, ajoute : « AXA, Allianz, Munich Re et Zurich demeurent quatre des principaux assureurs mondiaux du pétrole et du gaz, malgré leur rôle dans l’établissement de la Net Zero Insurance Alliance. Ces assureurs doivent de toute urgence respecter leurs engagements climatiques et guider le secteur vers la fin des couvertures à l’expansion pétrolière et gazière. »