À Paris, le jeudi 14 octobre 2021. Alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a confirmé hier qu’il fallait arrêter l’expansion des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone et limiter le réchauffement global à 1,5 °C (1), la Banque Postale est la 1ère banque à publier une stratégie ambitieuse de sortie du pétrole et du gaz. Reclaim Finance, les Amis de la Terre France et Oxfam France saluent cet alignement sur la science climatique et appellent le reste de la Place financière à faire de même dès le Climate Finance Day et la COP26.
Dans une nouvelle politique rendue publique aujourd’hui (2), la Banque Postale s’engage à sortir totalement du pétrole et du gaz, conventionnels et non-conventionnels, d’ici 2030. La banque s’engage également à suspendre dès maintenant ses services financiers aux entreprises qui contribuent à l’expansion du pétrole et du gaz en développant de nouveaux projets d’exploration, d’extraction et d’infrastructures liées à ces secteurs (3). Pour cela, la banque s’appuiera sur la Global Oil and Gas Exit List, ce qui signifie l’exclusion des plus de 900 entreprises y figurant (4).
“Nous saluons cette annonce inédite de la Banque Postale, 1er acteur financier français à traduire l’appel de la communauté scientifique et de l’AIE en mesures concrètes pour laisser les pétrole et gaz dans le sol. À quelques jours du Climate Finance Day, le signal envoyé aux autres acteurs de la Place de Paris – y compris à sa propre branche de gestion d’actifs, la Banque Postale Asset Management (5) – n’aurait pas pu être plus clair. Cette nouvelle politique crée le précédent à suivre immédiatement pour tout investisseur, assureur ou banque un tant soit peu sérieux sur son ambition “Net Zéro” ou son engagement à respecter l’Accord de Paris”, réagit Alix Mazounie, chargée de campagne à Reclaim Finance.
“Si toutes les banques faisaient un copier-coller de la politique de La Banque Postale, le climat serait largement épargné. Malheureusement, pendant ce temps, les soutiens de BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE au développement de l’industrie pétro-gazière sont en roue libre. Ils ont déjà presque doublé leurs financements aux énergies fossiles depuis la COP21 (6), et rien à ce jour ne les empêchera de poursuivre sur cette trajectoire folle au-delà de la COP26. Cela vaut également pour AXA qui figure parmi les 10 principaux assureurs de l’industrie du pétrole et du gaz (7) : il n’est plus concevable d’être chef de file d’une alliance internationale visant à limiter le réchauffement à 1,5°C (8) tout en continuant d’assurer de nouveaux projets climaticides aux quatre coins du monde”, poursuit Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et Climat à Oxfam France.
Il y a pourtant urgence. Les velléités d’expansion de l’industrie ne connaissent toujours pas de limite, y compris dans les secteurs non-conventionnels, les plus nocifs pour l’environnement et qui représentent l’essentiel de la croissance prévue d’hydrocarbures – 71 % de la croissance de la production prévue d’ici 2030 pour le pétrole et 67 % pour le gaz (9).
Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France, conclut : “Malgré de grands discours de plus en plus nombreux sur le climat, les établissements de la Place de Paris n’ont toujours pas répondu à l’impératif clairement posé par l’AIE de stopper l’expansion des énergies fossiles (10). Ils semblent tout autant sourds à l’appel du ministre Bruno Le Maire à sortir des hydrocarbures non-conventionnels (11), ou aux recommandations du Comité scientifique de l’Observatoire de la finance durable en la matière (12). Le gouvernement qui n’a cessé depuis 2017 de brandir son ambition de faire de Paris la “capitale de la finance durable” doit prendre acte de cet échec et enfin en passer par la contrainte et la sanction face à l’impunité du secteur financier.”