Stratégie de transition d’ENGIE : briefing pour les investisseurs engagés pour le climat
ENGIE, dont l’assemblée générale aura lieu le 26 avril 2023, est la plus importante société productrice d’électricité indépendante au monde, ainsi que l’une des sociétés de production d’électricité les plus émettrices en Europe. Avant son assemblée générale 2023, les investisseurs soucieux du climat doivent questionner les choix de transition alarmants d’ENGIE, concernant sa stratégie de sortie du charbon et d’expansion du gaz fossile, et demander à l’entreprise d’adopter une stratégie de transition détaillée pour combler ses lacunes et son manque de transparence sur plusieurs indicateurs clés.
Depuis la COP21, ENGIE s’est engagé à éliminer progressivement le charbon d’ici 2025 en Europe et d’ici 2027 dans le reste du monde et a déjà réduit de manière drastique son portefeuille de charbon. Jusqu’à présent, 60 % de sa capacité charbon totale a été réduite par la vente d’actifs charbon. Sur les 40% restants de réduction de la capacité charbon depuis 2016, une part importante de conversions vers le gaz fossile ou la biomasse est prévue.
Du côté des énergies fossiles, la stratégie de transition du groupe implique la cession de ses 6 actifs charbon restants tout en augmentant son parc de centrales à gaz. ENGIE est ainsi l’une des sociétés productrices d’électricité européenne développant le plus de centrales à gaz dans le monde, avec plus de 4,5 GW de capacité supplémentaire prévue. Si le groupe a l’objectif (relativement peu étayé) de décarboner entièrement son utilisation du gaz d’ici 2045, ses activités liées au gaz naturel liquéfié (GNL) sont en croissance depuis le début de l’année 2022. Le groupe devrait maintenir cette tendance, avec des contrats d’importation courant jusqu’en 2042 et son implication dans plusieurs projets de terminaux GNL.
En 2022, ENGIE a consulté ses actionnaires par le biais d’une résolution Say on Climate, mais rien n’indique qu’une résolution similaire soit prévue pour 2023. Pourtant, la stratégie de transition de l’entreprise française reste incomplète, avec plusieurs indicateurs clés manquants pour évaluer son degré d’alignement sur un scénario à 1,5°C. En misant sur une stratégie de « décarbonation du gaz » vaguement définie, ENGIE s’engage seulement à contribuer à un monde « bien en dessous de 2°C ».
Les investisseurs soucieux d’accélérer la transition d’ENGIE doivent se mobiliser afin d’obtenir de l’entreprise une revue à la hausse de ses ambitions climatiques ainsi que plus de détails sur sa stratégie de transition.