Copublié avec Centre pour les droits communautaires et la loi environnementale (CELCOR), Japan Center for a Sustainable Environment and Society (JACSES), Amis de la Terre Japon, Jubilee Australia Research Centre, ActionAid Australia, Market Forces
18 décembre – 31 organisations de la société civile tirent la sonnette d’alarme concernant le financement d’un nouveau projet de GNL en Papouasie-Nouvelle-Guinée – la banque japonaise MUFG ayant pris le rôle de conseiller financier pour la recherche de financement pour le projet Papua LNG (1). Les ONG ont écrit aux banques privées et publiques pour leur demander de ne pas financer le projet Papua LNG, développé par TotalEnergies, ExxonMobil, Santos et JX Nippon.
D’après une information récente, la banque japonaise MUFG a pris le rôle de conseiller financier de Papua LNG, remplaçant ainsi la banque française Crédit Agricole, qui s’est retirée au début de l’année à la suite de critiques concernant les impacts du projet sur le climat, la biodiversité et les droits humains. MUFG est le plus grand soutien de l’expansion du GNL dans le monde, avec plus de 10 milliards de dollars répartis sur 90 transactions en 2023 (2).
Cette nouvelle intervient alors que la décision finale d’investissement pour le projet a été reportée à fin 2025, en raison de l’augmentation des coûts et de la réticence des grandes banques internationales à fournir des financements.
Dans des lettres ouvertes adressées à 31 banques privées et publiques (3), les ONG soulignent les risques financiers auxquels est confronté le projet Papua LNG (4), ainsi que les risques climatiques qui mettront en péril les engagements des banques à maintenir le réchauffement planétaire en deçà de 1,5°C.
Jusqu’à présent, onze banques, dont la banque française BNP Paribas et la Commonwealth Bank of Australia, ont exclu de financer le projet (5), qui comprendra 9 puits de production, un oléoduc terrestre et maritime de 320kms, et 4 trains électriques de liquéfaction. Un projet qui contribuerait à émettre plus de 220 millions de tonnes de CO2 (scope 3), soit l’équivalent des émissions annuelles du Bangladesh et de ses 169 millions d’habitants.
La décision de MUFG d’intervenir en tant que conseiller financier pour le projet controversé Papua LNG, abandonné par les banques françaises, souligne ses défaillances flagrantes en matière de gestion des risques. En soutenant un projet qui viole les principes de l’Équateur et ne bénéficie pas du consentement libre, préalable et informé de la communauté autochtone, MUFG révèle son mépris pour ses propres engagements en matière de financement responsable.
Eri Watanabe, responsable de la campagne sur le financement de l’énergie au Japon chez Market Forces
Papua LNG est l’un des 156 projets de terminaux GNL prévus d’ici 2030 qui, s’ils sont construits, pourraient contribuer à émettre 10 gigatonnes d’émissions de gaz à effet de serre néfastes pour le climat et saper les efforts visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 1,5 °C.
Les banques ont apporté un soutien important en injectant 213 milliards de dollars dans l’expansion du GNL entre 2021 et 2023, les banques américaines et japonaises étant les plus grands soutiens, avec respectivement plus de 51 milliards de dollars et 30 milliards de dollars pour l’expansion du GNL. Ce soutien intervient alors que nombre de ces banques, dont la banque japonaise MUFG, se sont engagées à la neutralité carbone d’ici à 2050 (6).
Alors que les institutions financières mondiales se détournent du pétrole et du gaz pour s’aligner sur la trajectoire de 1,5°C, MUFG et Mizuho ont doublé leurs financements à l’expansion du GNL, s’attirant ainsi les critiques du monde entier. MUFG et les autres banques internationales doivent se joindre aux banques européennes et australiennes pour rejeter le projet Papua LNG et s’engager à mettre fin au financement du pétrole, du gaz et des infrastructures inutiles de GNL.
Eri Watanabe, responsable de la campagne sur le financement de l’énergie au Japon chez Market Forces
Les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont droit à une énergie soutenable et à une économie durable. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a déjà identifié des projets d’énergie renouvelable qui pourraient considérablement élargir l’accès à l’énergie pour les gens ordinaires. Nous n’avons pas besoin de gaz fossile et 95 % du gaz de Papua LNG sera envoyé à l’étranger. La crise climatique nuit à notre peuple, à nos terres et à nos moyens de subsistance. Nous ne sommes pas dupes des fausses promesses des énergies fossiles. Les banques ne doivent pas financer ce projet. Si elles le font, elles risquent d’être sciemment complices des atteintes aux droits humains, au climat et à l’environnement.
Peter Bosip, directeur de l’ONG CELCOR en Papouasie-Nouvelle-Guinée
Il est temps que les banques se réveillent face aux impacts climatiques de l’expansion du GNL. Les banques doivent agir en fonction de leurs engagements en faveur de la neutralité carbone et transférer leurs investissements des projets fossiles vers les énergies soutenables.
Antoine Bouhey, chargé de campagne à Reclaim Finance
Les signataires de cette lettre ouverte comprennent des groupes de Papouasie Nouvelle Guinée, du Japon, de Corée du Sud et d’autres régions d’Asie. Cela témoigne d’une résistance au projet Papua LNG tout au long de sa chaîne d’approvisionnement et d’investissement, depuis le lieu d’extraction du gaz fossile jusqu’aux marchés finaux susceptibles d’être ciblés par ce gaz, en passant par les lieux prévus pour le financement et la revente du gaz. Cela reflète l’ampleur des préoccupations en matière de droits humains, de climat et de biodiversité et met en garde les financiers qu’ils s’exposent à des plaintes juridiques ou non judiciaires, à des demandes de dommages et intérêts ou à d’autres risques financiers s’ils ne tiennent pas compte de ces avertissements.
Shona Hawkes, directrice de Land and Environmental Justice, Jubilee Australia Research Centre