Paris, le 26 février 2024 – Crédit Agricole ne financera pas directement Papua LNG, un projet de gaz naturel liquéfié controversé en Papouasie Nouvelle Guinée. Un revers significatif pour TotalEnergies puisque la banque française est pourtant le conseiller financier de TotalEnergies sur ce mégaprojet gazier. TotalEnergies peine à trouver des financeurs pour ce projet, soutenu par Emmanuel Macron (1). En effet, toutes les autres grandes banques françaises, dont des soutiens historiques à TotalEnergies comme BNP Paribas et Société Générale, ont déclaré qu’elles ne financeront pas le projet (2). Reclaim Finance salue ces décisions et appelle les autres banques internationales à leur emboiter le pas afin de mettre un coup d’arrêt à ce projet nocif pour l’environnement, le climat et les droits humains.
Selon les informations du média France 24, Crédit Agricole ne financera pas directement le projet Papua LNG (3), une décision alors que la banque française conseille pourtant l’entreprise sur le volet financier. Cette décision fait suite aux interpellations de la société civile et des ONG locales et internationales contre ce méga-projet gazier (4). Papua LNG contribuerait à émettre plus de 220 millions de tonnes de CO2 dans un pays où les populations sont déjà exposées de plein fouet aux effets du dérèglement climatique (5).
Cette décision du Crédit Agricole montre que Papua LNG n’est pas un projet acceptable à financer à cause de ses impacts pour le climat, l’environnement et les droits humains. Toutes les banques françaises l’ont désormais reconnu. Il est temps que TotalEnergies comprenne le signe envoyé par ces banques et ne développe pas ce projet.
Peter Bosip, directeur de l’ONG papouasienne CELCOR
Au total, 8 banques ont fermé la porte au financement du projet Papua LNG : les françaises BNP Paribas, BPCE/Natixis, Crédit Agricole, Société Générale, CIC/Crédit Mutuel, l’italienne UniCredit, et les australiennes Commonwealth Bank of Australia et Westpac (6). Ces 8 banques avaient pourtant financé entre 2009 et 2010 un projet similaire opéré dans le pays par ExxonMobil, le projet PNG LNG. Autre signe que le projet Papua LNG peine à convaincre les banques, parmi celles qui ont fermé la porte figurent les premiers financeurs de TotalEnergies : Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale sont les trois premières banques de TotalEnergies et lui ont fourni plus de US$23 millions de financements entre 2016 et 2022 (7).
Le vent commence à tourner pour l’entreprise française. Que le Crédit Agricole – qui est pourtant le conseiller financier de TotalEnergies sur ce projet – refuse de le financer prouve son caractère nocif. C’est une bonne nouvelle mais il faut désormais que les autres banques internationales qui financent habituellement ce type de projets lui emboitent le pas.
Antoine Bouhey, chargé de campagne à Reclaim Finance
Conséquence : la Décision Finale d’Investissement, qui doit déclencher la phase de construction, a été repoussée. Cette étape finale était prévue fin 2023 et a été reportée à fin 2024, notamment en raison des difficultés de financement auxquelles le projet fait face. S’il est mis en œuvre, le projet Papua LNG commencera à fonctionner en 2028, alors que la demande mondiale de gaz devrait atteindre un plafond avant la fin de la décennie, selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (8). En outre, rien ne garantit que le gaz naturel liquéfié produit sera vendu, aucun accord de vente et d’achat à long terme n’ayant été rendu public à ce jour.
