Communiqué de presse
Paris, le 9 mai 2022 – 13 ONG, dont Reclaim Finance, appellent par une lettre publique, les actionnaires de TotalEnergies à voter contre son faux plan climat ainsi qu’à sanctionner sa stratégie d’expansion dans les hydrocarbures en s’opposant au renouvellement des administrateurs de l’entreprise. Alors que TotalEnergies est sous le feu des critiques en raison de son développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers, tels que le méga-projet EACOP en Afrique du l’Est, la major tente de verrouiller le débat lors de son assemblée générale (AG) et vient de rejeter une résolution portée par des actionnaires engagés sur le climat. Du côté des actionnaires, une ligne de fracture commence à se dessiner entre les investisseurs progressistes qui mènent des démarches actives pour demander à l’entreprise d’en faire davantage sur le climat (dépôt de résolution, appel à voter contre l’entreprise) et les grands acteurs financiers, notamment français, qui sont pour l’instant silencieux et risquent d’apporter une nouvelle fois leur blanc-seing au plan climat défaillant de TotalEnergies.
Comme l’année dernière, TotalEnergies prévoit de consulter ses actionnaires sur son plan climat. Mais le caractère intrinsèquement défaillant du plan et le risque de voir cette initiative servir de stratégie de diversion et de greenwashing ont poussé certains investisseurs à déposer eux-mêmes des résolutions alternatives visant toutes deux à pousser TotalEnergies à en faire plus sur le climat (1). Aucune de ces deux résolutions ne devrait finalement être mise au vote lors de l’AG de TotalEnergies, la major ayant poussé certains des actionnaires impliqués dans la première à se retirer (2) tout en rejetant unilatéralement la seconde, suscitant la colère de plusieurs actionnaires (3).
Guillaume Pottier, chargée de campagne à Reclaim Finance, déclare : « TotalEnergies décroche la palme de l’obstruction et refuse de discuter des enjeux climatiques avec ses actionnaires. Si les investisseurs ne veulent pas se montrer complices de la stratégie climaticide de TotalEnergies mais au contraire tenir leurs propres promesses en matière climatique, ils n’ont qu’une option : voter contre le faux plan climat de l’entreprise et contre les administrateurs qui sont comptables de son expansion dans les hydrocarbures. »
L’unique résolution climatique restant à l’ordre du jour de l’AG porte donc sur la validation du plan climat présenté par l’entreprise elle-même. Or ce plan n’est pas compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, comme cela a été démontré par une étude produite par un groupe de plus de 700 investisseurs représentant plus de 68 000 Mds$ d’actifs (4), mais également par plusieurs analyses indépendantes réalisées par des ONG (5) :
- TotalEnergies poursuit sa stratégie d’expansion dans les hydrocarbures et la hausse de sa production gazière l’amènera à consommer l’intégralité de son budget carbone compatible avec l’objectif 1,5°C dès 2035 (6).
- Malgré sa communication volontariste sur le développement des énergies renouvelables, TotalEnergies consacre toujours 70% des dépenses au gaz et au pétrole, y compris pour développer de nouveaux projets.
- TotalEnergies prévoit de ne baisser ses émissions que de 6 à 7% par an d’ici 2030 alors que les investisseurs parmi ses actionnaires principaux se sont pour la plupart engagés à baisser leurs émissions de 50% d’ici 2030.
Face à cette situation, un investisseur néerlandais vient d’annoncer publiquement qu’il voterait contre le plan climat de TotalEnergies et a appelé les 700 investisseurs membres de l’initiative Climate Action 100+ à faire de même (7).
Un collectif de 13 ONG, dont Reclaim Finance, s’associe à cette demande à travers une lettre publique (8), et appellent également les actionnaires de TotalEnergies à s’opposer au renouvellement du mandat de trois administrateurs qui doivent être tenus comptables de la stratégie expansionniste poursuivie par l’entreprise. Reclaim Finance publie par ailleurs un guide aux investisseurs présentant des recommandations de vote détaillées en vue de l’AG de TotalEnergies le 25 mai prochain (9).
Lucie Pinson, Directrice de Reclaim Finance, conclut : « Par le passé, des investisseurs comme Amundi et AXA n’ont pas eu de problème à signer des déclarations reconnaissant l’insuffisance des plans climatiques des entreprises, puis à les approuver lors des AG. Cette année, nous les appelons à enfin mettre leurs votes en accord avec leurs déclarations et à suivre la recommandation de leur homologue hollandais en votant contre le plan “climat” de TotalEnergies »