Scénarios climatiques : Choisir une voie sûre pour un avenir durable2024-11-21T16:14:28+01:00

Scénarios climatiques : Choisir une voie sûre pour un avenir durable

Les « scénarios climatiques » illustrent des chemins correspondant à divers résultats en matière de réchauffement de la planète. Comme tous les modèles d’évaluation intégrée (MEI), il s’agit de modèles mathématiques informatisés qui rassemblent des informations et des points de vue issus de différentes disciplines universitaires dans un cadre unique afin d’étudier des questions complexes. Ils intègrent un large éventail d’hypothèses et de circonstances possibles et ont leurs propres spécificités de modélisation, ce qui signifie qu’un nombre potentiellement infini de scénarios climatiques peut être produit.

Les scénarios climatiques sont par nature des outils limités, basés sur des hypothèses qui peuvent s’avérer inexactes et qui ne peuvent pas prédire avec précision les effets du changement climatique. S’ils ne sont donc pas des boules de cristal, ils peuvent être des représentations utiles d’avenirs possibles qui nous offrent une chance d’éviter le pire de la crise climatique et nous guident sur la voie de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. À condition toutefois de les choisir avec soin.

S’aligner sur les objectifs climatiques : choisir un scénario

Pour choisir un scénario, on peut commencer par regarder celui qui le produit. En effet, de nombreux organismes ont élaboré des scénarios climatiques, qu’il s’agisse d’organisations internationales, d’entreprises ou de cabinets de conseil, et pour certains, cela peut être un moyen de justifier leurs propres stratégies commerciales. Par exemple, lorsqu’une entreprise comme Shell ou TotalEnergies publie des scénarios qui montrent que la production d’énergies fossiles peut continuer à son rythme actuel avant de décliner progressivement, l’entreprise défend ses projets de construction de nouvelles infrastructures de production en les présentant comme compatibles avec les efforts d’atténuation. Ici, une règle simple serait d’éviter d’utiliser des scénarios produits par des entités en conflit d’intérêt évident, comme les compagnies pétrolières et gazières, et d’opter pour des scénarios provenant d’organismes indépendants à l’expertise reconnue, comme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Néanmoins, cette règle de base ne suffit pas à garantir la robustesse des scénarios. En effet, même des fournisseurs apparemment indépendants et réputés peuvent produire des scénarios reposant sur des hypothèses dangereuses. C’est pourquoi nous devons utiliser un processus en deux étapes :

Les règles d’or des scénarios climatiques à 1,5°C pour les institutions financières

Bien qu’ils intègrent différentes hypothèses et reposent sur différents modèles, les scénarios climatiques robustes – 1,5 °C sans ou avec un dépassement limité et avec un volume limité d’émissions négatives – ont une dynamique et des caractéristiques communes qui montrent ce qu’il faut impérativement faire pour atténuer le changement climatique.

Pour les institutions financières, la compréhension de ces dynamiques est la première étape pour agir sur le climat, mais aussi pour gérer les risques qui y sont liés. Elle leur permet d’extraire des règles d’or à appliquer à leurs services financiers, notamment :

Un large consensus à travers de multiples scénarios climatiques 1,5°C montre que le développement de nouvelles mines et centrales à charbon et de champs de pétrole et de gaz serait incompatible avec la limitation du réchauffement à 1,5°C. En outre, la production et la consommation mondiales de pétrole et de gaz doivent diminuer rapidement et d’au moins 65 % d’ici à 2050, ce qui nécessite une révision urgente des plans de production, comme l’indique le rapport des Nations unies sur l’écart de production. Les conclusions du NZE de l’AIE – et d’autres scénarios robustes – soulignent également la nécessité de limiter le développement d’autres infrastructures fossiles, en particulier les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).

Les scénarios à 1,5 °C prévoient une transformation complète du secteur de la production d’électricité, souvent bien avant les autres secteurs. La production d’électricité est stimulée par le déploiement de l’énergie solaire et éolienne et associée à une modernisation du réseau énergétique, tandis que le charbon est pratiquement éliminé d’ici 2030 dans l’OCDE/UE et 2040 dans le monde entier. Cette transformation est rendue possible par une réaffectation des investissements, des énergies fossiles vers les énergies durables, et par une augmentation des investissements globaux dans le domaine de l’énergie. Les institutions financières devraient donc actionner plusieurs leviers connexes, en définissant une politique d’élimination progressive du charbon alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris, en exigeant des plans de transition solides de la part des entreprises productrices d’électricité – notamment pour abandonner la production d’électricité à partir de combustibles fossiles – et en se fixant pour objectif d’investir au moins six fois plus dans les énergies durables que dans les énergies fossiles d’ici à 2030.

Au-delà du secteur de l’énergie, les scénarios climatiques révèlent la nécessité de réduire radicalement les émissions dans tous les domaines de l’économie. Les institutions financières et les entreprises qu’elles soutiennent devraient adopter des objectifs de décarbonation cohérents avec une réduction de 50 % de ces émissions d’ici à 2030 et à l’atteinte de la neutralité carbone d’ici à 2050 au plus tard. Pour atteindre ces objectifs et réaliser la décarbonation de l’économie réelle, elles devraient adopter et exiger des plans de transition climatique alignés sur les recommandations de Reclaim Finance.

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