Crédit Agricole : vers la fin des obligations non-fléchées du secteur pétro-gazier ?

Paris, le 23 mai 2024 – Crédit Agricole s’engagera-t-il à ne plus participer à certains types de financements non fléchés des développeurs fossiles ? C’est la question qui se pose après l’assemblée générale de la banque française : elle y a indiqué ne plus participer à des émissions d’obligations qui ne correspondent pas à son Green Bond Framework (1). Si la concrétisation de cet engagement serait une avancée bienvenue dans la lutte contre l’expansion fossile, des doutes persistent sur la réalité et les contours de cette mesure. Reclaim Finance appelle le Crédit Agricole à clarifier sa position sur les obligations non fléchées en inscrivant formellement cet engagement dans sa politique climat, et à l’étendre à tous les services financiers, y compris les prêts généraux accordés aux développeurs fossiles.

Lors de l’assemblée générale de Crédit Agricole mercredi 22 mai, Philippe Brassac, directeur général, a déclaré : “Nous ne participons plus à des émissions [d’obligations] qui ne soient pas clairement vertes, en tout cas correspondant à notre green framework”. Un élément indiqué également en réponse aux questions posées par écrit en amont de l’AG (2) : “concernant les énergéticiens (..) nous ne participons plus aux émissions d’obligations non fléchées qui ne respectent pas notre green bond framework. “ Ces déclarations vont dans le sens de celles de BNP Paribas la semaine dernière, qui a annoncé s’abstenir de participer aux obligations du secteur pétro-gazier 

Si Crédit Agricole s’est tenu à l’écart de certaines émissions obligataires émises notamment par TotalEnergies ou BP ces trois derniers mois, la banque a cependant participé à une transaction en janvier 2024 pour l’italien Eni (1 Mrd EUR) (3).  

En affirmant ne plus participer aux obligations qui ne sont pas “clairement vertes”, Crédit Agricole reconnaît explicitement le problème des financements non fléchés aux entreprises pétrolières et gazières. Cette déclaration, dans la veine de celle faite par BNP Paribas la semaine dernière, pourrait être le signe d’un vrai changement sur la place de Paris connue pour ses forts soutiens à l’expansion pétro-gazière. Mais la prudence s’impose et tous les doutes sont permis quand on voit que la banque a participé à l’obligation d’Eni en janvier dernier (4). Nous appelons donc Crédit Agricole à clarifier sa position en l’inscrivant dans sa politique climat. S’aligner sur une trajectoire 1,5 nécessitera aussi une extension de cette position aux prêts aux développeurs pétro-gaziers.

Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance

Si cet engagement se confirme, Crédit Agricole devancerait ainsi Banque Populaire – Caisse d’Epargne (groupe BPCE) et Société Générale, qui a confirmé ce mercredi ne pas vouloir prendre de nouveaux engagements la question des financements généraux aux entreprises pétro-gazières lors de son assemblée générale.

Reclaim Finance appelle donc le Crédit Agricole à clarifier sa stratégie climat en inscrivant formellement dans leur politique leur engagement à ne plus participer aux émissions d’obligations “non fléchées” du secteur pétro-gazier. La banque française doit également mettre fin aux prêts accordés aux développeurs de nouveaux projets pétroliers et gaziers afin de cesser tout type de soutien à l’expansion fossile.

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Notes :

  1. Crédit Agricole, Green bond framework  
  2. Réponse aux questions écrites, Crédit Agricole 
  3. Transaction identifiée sur le terminal Bloomberg le 22.05 
  4. Quelques doutes persistent néanmoins sur la portée de cette annonce puisque certaines activités fossiles ne sont pas inclues dans la liste d’exclusion du Green Bond Framework élaboré en interne par la banque. Si elle exclut bien l’extraction de pétrole et de gaz et le raffinage par exemple, elle ne semble pas exclure l’exploration d’hydrocarbures, son transport (notamment les pipelines et les terminaux de GNL), ni la production d’électricité à partir d’énergies fossiles.  

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2024-05-23T14:13:34+02:00