La Net Zero Banking Alliance (NZBA) a voté en faveur de nouvelles lignes directrices bien moins contraignantes, à une grande majorité. Dans ce nouveau protocole de l’Alliance, les exigences obligatoires imposées aux banques pour réduire les émissions de leurs clients sont devenus des conseils sur les “meilleures pratiques”. (1)
Plus important encore, l’obligation pour les banques de s’aligner à l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 est supprimée. Désormais, les objectifs des banques doivent être alignés sur un “réchauffement bien inférieur à 2°C, visant 1,5°C”. Il est conseillé aux banques de continuer à viser la neutralité carbone, mais elles peuvent choisir l’année à laquelle cet objectif peut être atteint.
Cette nouvelle formulation fait écho à celle de l’Accord de Paris de 2015, mais ignore le resserrement des objectifs de Paris lors des conférences des Nations Unies sur le climat au cours de la dernière décennie en raison de l’émergence de la science sur les impacts désastreux d’un dépassement de 1,5°C.
La Net Zero Banking Alliance a fait un immense bond en arrière avec ce vote. En rejoignant l’alliance, les banques avaient reconnu leur responsabilité de changer leur façon de travailler pour accélérer la transition. Mais maintenant, presque toutes ont voté pour dire qu’elles allaient simplement suivre la tendance actuelle des émissions de l’économie, sans chercher à la modifier.
Bien que les votes individuels des banques restent secrets, il est essentiel que chaque banque membre de la NZBA soit transparente sur sa position. Si les banques ne réaffirment pas leur engagement vis-à-vis de l’objectif 1,5°C, les parties prenantes, y compris les autorités de surveillance, les investisseurs et le public, sauront que les banques ne réduiront pas les risques climatiques, mais qu’elles continueront à conduire le monde vers le chaos climatique.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance