Dans l’article Le Covid-19 d’abord et le climat après ? Pas si simple – Liens entre risques sanitaires et environnementaux, publié sur par la Banque de France le 15 avril 2020, la banque décrypte le lien entre Covid-19 et crise climatique. Sa conclusion: “la transformation de notre système socio-économique vers la neutralité carbone en 2050 doit être intégrée dès à présent dans le plan de rétablissement de l’économie face à la crise actuelle”.

Reclaim Finance souscrit à cette analyse et appelle à adopter une approche de précaution, centrée sur la lutte contre le changement climatique. Cette approche nécessite d’organiser la sortie des énergies fossiles et d’exclure immédiatement les plus polluantes des réponses monétaires et prudentielles à la crise.

La Banque de France rappelle que :

« Le Covid-19 et les risques climatiques ont des origines communes: la dégradation généralisée de notre environnement naturel”. En ce sens, “bien que leurs impacts soient imprévisibles, leur occurrence est pour leur part de plus en plus prévisible”.

Tout est dit dans cette phrase: il faut opter pour une approche de précaution et réduire les risques en amont au lieu d’en gérer les conséquences.

  • La banque de France note que les modèles traditionnels de gestion des risques financiers ainsi que les modèles économie-climat sont incapables de capturer les risques à venir liés au changement climatique.
  • Et répondre à ces risques une fois qu’ils surviennent avec une politique monétaire et budgétaire est particulièrement complexe puisque ces risques se matérialisent par un choc d’offre et de demande.
  • La banque de France convient donc qu’il n’est pas possible de se protéger contre les risques climatiques sans penser le monde “d’après” et transformer le système dans son ensemble afin d’ “assurer la provision de biens public globaux tels que la santé et la stabilité climatique”.

Dans ce contexte, l’analyse de la Banque de France reconnaît la nécessité de plans de relance verts et le rôle important des banques centrales. Elle conclut :

« Il peut paraître tentant de résoudre d’abord la crise du Covid-19 et de remettre celle du climat à plus tard. Cela serait une double erreur : d’abord, l’analogie entre ces deux crises est pertinente et indique que retarder la réponse climatique nous expose à de nouvelles crises encore plus graves que celle qui sévit actuellement ; ensuite, nous avons vu que des liens entre ces deux crises existent, aussi bien quant à leur cause commune (destruction généralisée des écosystèmes) que quant à leur renforcement mutuel en cas d’aggravation du dérèglement climatique. Cela signifie que la transformation de notre système socioéconomique vers la neutralité carbone en 2050 doit être intégrée dès à présent dans le plan de rétablissement de l’économie face à la crise actuelle ».

Parmi les mesures potentielles auxquelles recourir, la banque de France mentionne l’intégration de critères ESG dans les portefeuilles des banques centrales, l’établissement d’une politique monétaire, prudentielle et fiscale verte et même une réforme du système monétaire et financier international afin de l’orienter vers la reconnaissance de la stabilité climatique comme un bien commun.

Autant de propositions soutenues par Reclaim Finance. Il ne reste plus qu’à les mettre en place. Pour Reclaim Finance, deux des premières mesures à acter doivent être le renforcement de la politique de désinvestissement de la banque de France et un travail européen pour exclure le charbon et les pétrole et gaz non conventionnels des réponses monétaires et prudentielles à la crise.