En avril 2020, 11 actionnaires de Total [1] ont déposé une résolution demandant au groupe d’adopter une feuille de route permettant d’aligner ses activités avec les objectifs de l’Accord de Paris. Pris de cours, Total a annoncé dans l’urgence une “nouvelle ambition en matière de climat”.

Se réfugiant derrière ces annonces, le pétrolier et certaines agences de conseil de vote comme ISS et Glass Lewis ont déconseillé aux actionnaires de voter la résolution qui sera discutée lors de la prochaine assemblée générale du 29 mai. La position d’ISS est particulièrement stupéfiante.

  • Si son rapport « benchmark » recommande de voter contre la résolution, celui dit « sustainability« , centré sur les seuls critères climatiques recommande de voter pour la résolution.
  • Les raisons profondes qui motivent la recommandation du rapport « benchmark » ne sont pas précisées et il faut déplorer que beaucoup d’investisseurs faisant appel à ISS n’auront accès qu’à celle-ci.
  • Le plus surprenant est que les deux rapports suivent un exposé des faits strictement identiques, seule la conclusion diffère. Dans un article publié lundi, Reclaim Finance s’étonnait du « tour de passe-passe » entre un exposé des faits qui démontre l’insuffisance des dernières annonces de Total et la conclusion qui justifie de voter contre la résolution au titre que Total en ferait assez pour s’aligner avec les objectifs de l’Accord de Paris. Le rapport Sustainability démontre que nous avions raison.

En effet, loin d’être “ambitieux”, les engagements de Total sont avant tout un écran de fumée qui entretiennent la confusion dans le but de maintenir le plus longtemps possible un modèle d’expansion des énergies fossiles. Les mesures annoncées sont en aucune manière proches des efforts que le groupe pétrolier doit faire pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux évolutions économiques, sociétales et réglementaires. Les 11 actionnaires derrière la résolution se sont donc prononcés pour son maintien.

Les investisseurs et les actionnaires ne doivent pas se laisser tromper. Contrairement à BNP Paribas et Hermes EOS, ils ne doivent pas accepter les demies-mesures de Total et voter la résolution qui est de plus une première en France. L’Histoire est écrite aujourd’hui.

Le 29 mai, les actionnaires de Total, parmi lesquels AXA, Amundi, Lyxor, Natixis, Groupama, AG2R La Mondiale, Rothschild & Co et Covéa Finance doivent voter la résolution climat.

[1] Il s’agit d’Actiam, Candriam, Crédit Mutuel Asset Management et les Assurances du Crédit Mutuel, Ecofi Investissements, Edmond de Rothschild, Friends Provident Foundation, Fédéral Finance Gestion, La Banque Postale Asset Management, Meeschaert AM, Sycomore Asset Management.