4 Juin 2020. Aujourd’hui se tenait une réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) pendant laquelle a été validée la suite de la réponse monétaire à apporter à la crise du coronavirus. En dépit d’une mobilisation croissante et d’appels multiples demandant à la BCE de prendre en compte le climat, l’institution persiste et signe : elle continuera à financer les grands pollueurs, dont les entreprises des énergies fossiles. A rebours des intentions affichées par la Commission Européenne et bien loin de ses propres professions de foi climatiques, la BCE pénalise durablement une sortie de crise verte.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunissait aujourd’hui pour décider de la suite de la réponse apportée par l’institution à la crise du coronavirus. Cette réponse, d’une ampleur historique, a encore été accrue avec 600 milliards d’euros de rachats d’actifs supplémentaires, soit 1 700 de rachats d’actifs programmés sur 2020-2021 et 1 470 milliards pour les seuls achats liés à la crise.

Cette réunion était aussi l’opportunité de mettre la politique monétaire de la BCE au service de la transition écologique, afin de répondre aux urgences économiques tout en construisant une société résiliente et d’éviter de nouveaux chocs tels que ceux traversés aujourd’hui. Le sujet a été totalement ignoré.

Aujourd’hui, les gouverneurs ont refusé d’intégrer le climat à la politique monétaire traditionnelle comme aux réponses apportées à la crise. Pire, ils contribuent au financement des grands pollueurs et les entreprises des énergies fossiles, au mépris des objectifs communautaires que la banque est sensée soutenir. 45 ONG européennes avaient donc appelé la BCE à acter une rupture lors de cette réunion.

Paul Schreiber, chargé de campagne pour Reclaim Finance, indique : « La BCE, sa Présidente Christine Lagarde, et les gouverneurs, comme François Villeroy De Galhau, alternent entre reconnaissance de l’urgence climatique et refus d’agir. Cette position n’est plus tenable, nous savons désormais que la BCE n’est pas neutre mais finance le dérèglement climatique. La Présidente de la BCE l’admet implicitement lorsqu’elle se cache derrière l’achat de quelques obligations vertes pour donner des gages de la contribution de la BCE à la transition écologique. En effet, symétriquement, elle doit alors avoir conscience qu’acheter les actifs d’entreprises qui ouvrent de nouveaux projets d’énergies fossiles contribue au chaos climatique. »

Particulièrement, les achats d’actifs encore renforcés par la BCE supportent massivement les énergies fossiles. Reclaim Finance a montré que le quantitative easing finance 38 entreprises des énergies fossiles, dont 10 actives dans le charbon et 4 dans le pétrole et gaz de schiste. La plupart de ces entreprises prévoit d’accroitre considérablement leurs productions de ces énergies – à l’image de Shell ou Total – et l’une d’entre-elles – Fortum – vient via sa filiale Uniper de mettre une nouvelle centrale à charbon en marche en Allemagne . Selon Greenpeace, les achats de la BCE auraient déjà apporté 7.6 milliards d’euros aux secteurs depuis le début de l’épidémie.

Ainsi, les nouveaux 600 milliards pourraient apporter jusqu’à 90 milliards supplémentaires aux entreprises les plus polluantes, soit au total jusqu’à 220 milliards pour ces entreprises grâce à l’ensemble des achats d’actifs indiscriminés décidés par la BCE en réponse à la crise.

Leyla Larbi, chargé de campagne chez SumOfUs, déclare : « La BCE joue au pompier pyromane en renforçant le pouvoir destructeur des multinationales les plus polluantes à grands coups de milliards. Lutter contre le chaos climatique n’est pas un vague engagement à coucher sur du papier et à lire de temps à autre lors de conférences de presse. Les effets dévastateurs de la crise climatique sont déjà là et nous ne pouvons que nous attendre au pire. Imaginez les dégâts que vont continuer à causer les multinationales du secteur des énergies fossiles avec ces milliards supplémentaires, sans aucune contrepartie environnementale. Le projet de relance économique européen post-Covid est une occasion historique d’insuffler un changement durable et significatif pour la planète et tous ses habitants. Alors que des progrès sont faits, nous ne pouvons pas laisser la BCE ruiner tous ses efforts. »

Plus de 110 000 citoyens ont réagi en signant la pétition de SumOfUs, 350.org et Reclaim Finance appelant la BCE à arrêter de financer le chaos climatique. Les élus français et allemands de tous bords ont lancé le même appel. Les européens ont aussi interpellé la Présidente de la BCE et les gouverneurs sur les réseaux sociaux ou par mail.

Nick Bryer, chargé de campagne chez 350.org conclut : « En achetant sans distinctions des milliards de titres la banque renforce le plus grand obstacle à la lutte contre le changement climatique, l’industrie des énergies fossiles. Ces mesures ressemblent de plus en plus à un plan pour les pollueurs et non pour les citoyens, et ce malgré le soutien croissant à une relance verte et juste. »

Contact presse :

Reclaim Finance
Paul Schreiber |
paul@reclaimfinance.org
Lucie Pinson | lucie@reclaimfinance.org | 0033 6 79 54 37 15

Leyla Larbi | SumOfUs | 0033 7 5096 0130 | leyla@sumofus.org

Mark Raven | 350.org, 0044 20 7097 3819 | mark@350.org