BNP Paribas vient d’annoncer de nouvelles mesures [1] précisant la stratégie qu’elle entend déployer afin de réduire à nulle son exposition à la production d’électricité à partir de charbon d’ici 2030 dans les pays de l’UE et de l’OCDE et d’ici 2040 ailleurs.

Pour atteindre ces objectifs, BNP Paribas s’engage à ne plus financer [2] les entreprises qui ajouteraient de quelque façon que ce soit de nouvelles capacités de production d’électricité à leur parc de centrales, que ce soit par l’achat, l’agrandissement de centrales existantes ou la construction de nouvelles centrales. Ne pourront donc plus bénéficier de ses soutiens des entreprises comme le sud-coréen KEPCO, le japonais Marubeni ou l’indonésien PLN qui prévoient toujours de nouvelles centrales à charbon dans de nombreux pays sur plusieurs continents [3].

De plus, BNP Paribas vise à ne financer que des entreprises qui se sont dotées d’une stratégie pour sortir du charbon selon un plan comprenant un échéancier qui les amènera à ne plus posséder ou opérer de centrales à charbon dans les pays de l’UE et de l’OCDE d’ici 2030 et dans les autres pays d’ici 2040.

  • Pour y arriver, BNP Paribas s’engage à exclure dès 2020 les entreprises qui n’ont pas de date de sortie du charbon. C’est donc un grand nombre d’entreprises qui vont être dès à présent exclues. Quand aux autres, elles ont jusqu’en 2021 pour revoir leurs dates de sortie, les aligner avec celles de 2030/2040, et se doter d’une stratégie pour les atteindre.
  • BNP Paribas contrôlera par la suite tous les ans les stratégies de sortie afin de s’assurer que les entreprises soient en ligne pour tenir les objectifs d’une pleine sortie d’ici 2030/2040.
  • La politique de BNP Paribas indique que les entreprises qui ne répondent pas aux demandes se verraient restreindre certains types de soutiens et que seuls des services financiers strictement liés à des projets d’électricité verte seront autorisés pour les clients qui n’ont pas de stratégie pour sortir pleinement du charbon d’ici les dates de 2030/2040.
  • C’est un signal clair envoyé à des entreprises comme l’allemand RWE, le finlandais Fortum ou le tchèque CEZ [4]. Ces entreprises ont jusqu’à la fin 2021 pour adopter un plan de sortie visant une sortie d’ici 2030 au risque de perdre un de leurs premiers financeurs.

Avec une telle politique, BNP Paribas devient le 11ème acteur financier français à se saisir d’une politique robuste de sortie du secteur de la production d’électricité à partir de charbon.

Nous ne pouvons que saluer l’énorme progrès fait par BNP Paribas aujourd’hui, mais nous resterons très vigilants dans l’application qui sera faite de la nouvelle politique de la banque. Celle-ci nous a trop habitués aux effets d’annonces et un défaut d’application de la politique pourrait annuler son ’impact.

En effet, contrairement aux autres banques, comme Natixis ou Crédit Mutuel, BNP Paribas n’a adopté aucun critère d’exclusion strict et immédiat pour les clients existants. Ainsi, la qualité de sa politique ne repose que sur son sérieux à appeler les entreprises à adopter un plan détaillé de sortie du secteur de la production d’électricité à partir de charbon permettant une fermeture ou sortie progressive des infrastructures d’ici 2030 et 2040 et à réellement suspendre tout nouveau service financier dès lors qu’une entreprise n’aurait pas un tel plan en 2021, puis en cas de manquement dans le suivi de ce plan.

Nous passerons au peigne fin les services financiers fournis au cours des deux prochaines années à l’intégralité des entreprises listées sur la GCEL afin de nous assurer de la pleine application de cette politique.

A noter que la banque a fait savoir que BNP Paribas devrait prochainement adopter ’une politique similaire sur le reste de la chaîne de valeur du charbon, de l’extraction minière au transport en passant par la vente de charbon’.