Très peu d’informations sont disponibles sur le fonctionnement de l’AIE, ses effectifs et son budget.

Ce manque de transparence est particulièrement préoccupant pour une agence internationale qui se définit elle-même comme “l’autorité mondiale de référence sur l’énergie”, secteur chargé d’enjeux politiques, économiques et écologiques.

Surtout, les procédures internes de l’AIE soulèvent de nombreuses questions :

  • Les entreprises du secteur énergétique détachent des employés auprès de l’AIE et continuent à s’acquitter de leurs salaires. Cette pratique de l’AIE est ancienne mais reste très discrète, aucune liste des employés détachés n’est publiée.
  • De nombreuses entreprises participent aux travaux de l’AIE que ce soit en accordant leur soutien lors de la rédaction et préparation interne ou en participant à la relecture des documents avant publication (« peer reviews »).
  • Les entreprises de l’énergie occupent une place de privilégiée dans les groupes affiliés à l’Agence qui alimentent ses travaux. Ainsi, le Coal Industry Advisory Board (CIAB), un groupe affilié dédié aux entreprises du secteur du charbon, a consacré l’ensemble de ses derniers travaux à la capture de CO2 pour promouvoir un charbon bas carbone.
  • Un tier du budget de l’AIE est financé via des contributions volontaires mais aucune information n’est publiée sur celles-ci et leurs origines. Plus largement, aucun rapport annuel détaillant le budget, son utilisation et le fonctionnement interne n’est publié.

Face à cette opacité, les recherches menées par Reclaim Finance suggèrent l’existence de liens réels entre l’Agence et les industriels des énergies fossiles. Ainsi, le secteur des énergies fossiles a particulièrement contribué au très influent World Energy Outlook (WEO) 2019 de l’AIE :

  • 3 salariés détachés d’entreprises travaillant dans le secteur des hydrocarbures (Shell, Enel et ABB) et 4 anciens employés d’entreprises pétrolières (Eni, MOL et deux anciens de Total) arrivés à l’AIE il y a moins de 5 ans ont travaillé sur le WEO ;
  • 9 entreprises des énergies fossiles sont remerciées pour leur « soutien et coopération » ;
  • 52 « peer reviews » – soit 20% – sont issues d’acteurs privés en lien avec les énergies fossiles (production d’énergie, distribution, extraction) ou avec la pétrochimie. Par ailleurs de nombreux autres acteurs dont les liens avec ces secteurs sont moins évidents mais réels sont consultés (ex : instituts de recherche » d’Etat en Chine sur le pétrole et le charbon, le « Clean Coal Center », consultants et cabinets de conseil aux clients privés non listés…).