18 novembre 2020 – Plusieurs organisations publient aujourd’hui un nouveau briefing récapitulant les différents risques auxquels s’exposeraient les banques et investisseurs qui décideraient de soutenir le projet d’oléoduc EACOP de Total en Afrique. Reclaim Finance rejoint les auteurs de la note sur l’impossibilité d’atténuer suffisamment ces risques et appelle les banques à ne pas financer ce projet. De plus, pour Reclaim Finance, ce projet illustre l’absence de volonté de Total de s’aligner sur une trajectoire 1,5°C et les acteurs financiers engagés vers l’atteinte de cet objectif devraient donc conditionner leurs services financiers à l’abandon du projet par Total.

Si finalisé, le East African Crude Oil Pipeline (1) sera le plus long oléoduc de brut chauffé, s’étalant sur 1 445 kilomètres entre la raffinerie de Hoima en Ouganda jusqu’au port de Tanga en Tanzanie. La construction de l’oléoduc est indispensable à l’exploitation de nouvelles réserves découvertes dans la région des Grands Lacs. Parmi les 1,7 milliard de baril de pétrole récupérable, Total entend en produire environ 200 000 par jour à partir de son projet Tilenga situé dans et aux alentours du parc naturel protégé des Murchison Falls.

Destruction de la biodiversité, accélération de la catastrophe climatique et de la déforestation, ce projet menace de nombreux environnements protégés, forêts, zones humides et mangroves ainsi que les moyens de subsistance des communautés locales. Dès maintenant, des dizaines de milliers de personnes voient leurs terres accaparées et leurs droit bafoués. Les pressions et intimidations exercés par Total pour faire taire ceux et celles qui oseraient contester ont même suscité l’intervention de plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations-Unies.

“Ce projet n’est pas une fatalité et peut encore être empêché. Le briefing publié aujourd’hui tire un parallèle des plus pertinents entre l’EACOP et le Dakota Access Pipeline dont le financement par 17 banques avait suscité l’ire de la communauté internationale en 2016. Si elles veulent éviter d’être embarquées dans un nouveau scandale, les banques doivent s’engager à ne pas participer au financement de projet de 2,5 milliards de dollars attendu d’ici la fin de l’année (2)” déclare Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance

En France, Total a été assigné en justice par les Amis de la Terre, Survie et des organisations ougandaises sur le fondement de la loi sur le devoir de vigilance pour violation de ses obligations légales de prévenir les violations des droits humains et les dommages environnementaux. C’est au tour des acteurs financiers d’être interpellés sur leur responsabilité. Le briefing de BankTrack, AFIEGO, BothENDS, Just Share et Inclusive Development International fournit aux banques mais aussi aux investisseurs de Total et autres entreprises impliquées une liste de questions pour les aider à mieux appréhender les multiples risques associés au projet.

“L’ambition 1,5°C affirmée par Total vole en éclat face aux réalités des projets toujours poursuivis par Total. L’EACOP contribuera à l’ouvertures de nouvelles réserves, ce qui est intrinsèquement incompatible avec une quelconque transition, et en aval, à des émissions de CO2 estimées à plus de 33 millions de tonnes par an, soit 19 millions d’allers-retours Paris-New York en avion. Qu’ils aient voté ou non la résolution climat déposée à l’Assemblée générale de Total en mai 2020, les investisseurs actionnaires de Total doivent, tout comme les banques et assureurs, immédiatement conditionner leurs services financiers à l’abandon du projet EACOP et à l’adoption de véritables objectifs de réduction absolue de ses émissions” conclut Lara Cuvelier, chargée de campagne Investissements soutenables pour Reclaim Finance.