Desjardins adopte une politique robuste de sortie du charbon

Le groupe financier québécois Desjardins vient de publier les détails de sa politique charbon thermique. Celle-ci couvre tous les critères d’exclusion importants qui lui permettront de sortir totalement du charbon d’ici 2030 dans l’OCDE et 2040 dans le reste du monde. Desjardins devient la 17ème institution financière au monde à adopter une politique robuste de sortie du charbon et la 2ème hors de France après l’italien UniCredit.

Dès l’adoption de sa première politique sur ce secteur, Desjardins remplit tous les critères d’une bonne politique de sortie du charbon.

Desjardins prend acte de l’incompatibilité de tout nouveau projet charbon avec les objectifs de l’Accord de Paris et exclut tous soutiens à l’expansion du secteur du charbon: Desjardins exclut en effet tous soutiens directs à de nouveaux projets de mines, centrales et infrastructures (voies ferrées, terminaux d’exportation, etc) ainsi qu’à des projets existants ou de rénovation.
Desjardins exclut aussi tous soutiens aux entreprises derrière de tels projets. Desjardins devient ainsi le 22ème acteur financier à exclure tous les développeurs, sans oublier ceux d’infrastructures, alors que la majorité des acteurs financiers n’excluent aucune entreprise en raison de leurs plans d’investissement dans le charbon. C’est par exemple le cas de la banque canadienne RBC (Royal Bank of Canada), qui a financé 4 développeurs de centrales à charbon entre 2017 et septembre 2019 à hauteur de 728 millions de dollars US, d’après les dernières données financières disponibles.
Desjardins exclut toute entreprise productrice de charbon et toutes les entreprises qui ont plus de 5GW ou 10% de leur capacité totale installée de production électrique fondée sur la combustion de charbon, des critères relatifs et absolus parmi les plus restrictifs au monde ; avec une exemption à un nombre limité de cas pour 6 entreprises s’étant engagées à une sortie du secteur d’ici 2030 dans l’OCDE et 2040 dans le reste du monde. C’est bien meilleur que le seuil adopté de 60% par RBC, uniquement pour les nouveaux clients, ou que les autres grandes banques canadiennes qui n’en ont aucun.

Desjardins s’engage enfin à diminuer à 0 ces seuils d’exclusion afin d’avoir zéro exposition au charbon thermique d’ici 2030 pour l’Europe/OCDE et d’ici 2040 pour le reste du monde, des dates alignées avec un scénario 1,5°C.

Cette politique couvre enfin les différentes activités du groupe Desjardins :

Ses activités bancaires de financements de projets, de prêts aux entreprises et d’intermédiation bancaire comme par exemple les émissions d’actions et d’obligations ;
Ses activités d’assurance et la gestion de ses fonds propres.

En revanche, côté investissements, la politique ne s’appliquera qu’aux actifs appartenant à Desjardins, soit seulement 55% de l’ensemble des actifs gérés par Desjardins Gestion Internationale d’Actifs. Il reste encore au groupe québécois à étendre cette couverture d’application à l’ensemble de ses 56 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Yann Louvel, analyste politique chez Reclaim Finance, conclut:
“C’est un petit big bang outre-Atlantique. Desjardins vient d’adopter une politique sur le charbon bien supérieure à celles de ces concurrents canadiens et nords-américains. La banque canadienne devient de fait le deuxième acteur financier non français à avoir adopté une politique robuste du secteur du charbon et le 17ème international. Il est désormais aussi impératif pour Desjardins d’étendre la démarche aux secteurs du pétrole et du gaz et nous appellons les RBC, TD Bank, BMO, Scotiabank, et autres à suivre la voie tracée aujourd’hui sur le charbon.”

Les scores de la banque Desjardins dans le Coal Policy Tool