13 janvier 2021 – Un an après la promesse de Larry Fink, CEO de BlackRock, de mettre la durabilité au cœur des décisions d’investissement (1), une recherche menée par les ONG Reclaim Finance et Urgewald (2) sur les investissements de BlackRock révèle que celui-ci reste très exposé au secteur du charbon, avec des investissements totalisant 85 milliards de dollars.

Le mois dernier, BlackRock s’est engagé pour la première fois à soutenir davantage de résolutions d’actionnaires (3) relatives aux questions climatiques. Mais nos chiffres montrent qu’aujourd’hui plus que jamais (4), BlackRock doit aller bien au-delà de l’amélioration de ses mauvaises pratiques de vote (5). Reclaim Finance et Urgewald demandent à BlackRock de renforcer immédiatement l’ambition de sa politique charbon (6), qui ne couvre actuellement que 17 % de l’industrie (7) et s’applique à moins d’un tiers du total des actifs gérés par BlackRock. La science climatique montre que la production d’énergies fossiles doit être réduite annuellement de 6 % jusqu’en 2030 et les ONG demandent à BlackRock de cesser d’investir dans des entreprises qui prévoient de développer de nouveaux projets liés au charbon mais également au pétrole et au gaz.

« Un an plus tard, il est difficile de voir l’engagement de Larry Fink en matière de développement durable comme autre chose que du greenwashing. S’il veut vraiment que BlackRock soit un leader sur le climat au lieu d’en être un paria, il doit commencer à aligner ses paroles sur ses actes, et diriger l’énorme puissance financière de BlackRock vers un avenir durable. Après l’année la plus chaude jamais enregistrée, le strict minimum pour BlackRock est de sortir du charbon une bonne fois pour toutes », déclare Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements durables chez Reclaim Finance.

Une exposition majeure au charbon

Les recherches de Reclaim Finance montrent que malgré la promesse de BlackRock de mettre fin à ses investissements dans le charbon thermique, 85 milliards de dollars d’actifs gérés par BlackRock sont encore investis dans l’industrie du charbon. L’exclusion par BlackRock des entreprises minières qui tirent plus de 25 % de leurs revenus de la production de charbon est largement incomplète car elle ne couvre qu’une fraction de l’industrie du charbon (8). Elle permet au gestionnaire d’actifs d’investir dans certains des plus grands producteurs de charbon du monde, tels qu’Adani, ou dans les plus grands émetteurs de CO2 européens, RWE et AES.

De plus, les investissements dans les entreprises qui ont des plans d’expansion liés au charbon, comme Sumitomo ou KEPCO, s’élèvent à plus de 24 milliards de dollars. Parmi ceux-ci, BlackRock soutient les entreprises qui prévoient de construire de nouvelles centrales à charbon qui augmenteraient la capacité de production d’électricité de 241 GW au total, soit plus de trois fois la capacité de l’ensemble du parc de centrales à charbon de l’Allemagne et de la Pologne réunies.

BlackRock volontairement aveugle sur sa gestion passive

Plus important encore, la politique charbon de BlackRock ne s’applique pas aux fonds indiciels et aux ETF qui représentent plus de 5 000 milliards de dollars sur les 7 800 milliards gérés par l’investisseur. L’analyse des actifs de BlackRock montre que l’argent circule sans aucune restriction vers le secteur du charbon par le biais des fonds indiciels, y compris vers des entreprises qui sont exclues de ses fonds actifs comme PGE ou Coal India. S’ajoutant au problème de la politique charbon laxiste adoptée pour ses fonds gérés activement, les fonds passifs de BlackRock représentent également une menace pour la décarbonisation tant qu’ils se développent sans critères d’exclusion solides.

« Afin d’exclure efficacement l’industrie du charbon, BlackRock devrait laisser tomber toutes les entreprises qui prévoient de développer des infrastructures charbon existantes ou d’en construire de nouvelles. Au minimum, les entreprises ayant une part de charbon dans les revenus ou de leur production d’électricité de plus de 20% devraient être exclues des portefeuilles de BlackRock. Enfin, BlackRock doit définir une date butoir pour une sortie progressive de tous les investissements dans le charbon », déclare Katrin Ganswindt, responsable de la campagne Finance chez Urgewald.

La lettre annuelle de Larry Fink à ses clients arrivant prochainement, BlackRock a la possibilité de commencer à s’attaquer sérieusement à sa dépendance aux énergies fossiles, en vue de la COP26 à Glasgow. S’attaquer sérieusement au charbon est la première étape vers l’alignement sur un scénario de 1,5°C. Cela nécessite l’adoption d’une politique charbon beaucoup plus ambitieuse, comme le précise notre rapport, et l’application de cette politique à la majorité des actifs gérés.

Contacts presse :

Angus Satow, chargé de communication à Reclaim Finance, angus@reclaimfinance.org

Jacey Bingler, responsable communication à Urgewald, jacey@urgewald.org

Sources:

  1. https://www.ft.com/content/57db9dc2-3690-11ea-a6d3-9a26f8c3cba4
  2. Recherche financière de l’institut de recherche néerlandais Profundo au 31 octobre 2020 et lié à la base de données de la Global Coal Exit List. Nous avons constaté que BlackRock est investi à hauteur de 85 milliards de dollars dans 199 entreprises du secteur du charbon.
  3. https://www.blackrock.com/corporate/literature/publication/our-2021-stewardship-expectations.pdf
  4. Le UNEP Production Gap report souligne que pour limiter le réchauffement à 1,5 °C ou bien en dessous de 2 °C, comme l’exige l’Accord de Paris de 2015, le monde doit réduire la production d’énergies fossiles, d’environ 6 % par an entre 2020 et 2030.
  5. https://citywireselector.com/news/blackrock-voted-against-climate-resolutions-over-80-of-the-time-in-2020/a1407553
  6. La politique charbon de BlackRock peut être trouvée ici dans le paragrapheExiting Thermal Coal Producers”.
  7. La politique de Blackrock exclut 162 entreprises, dont 91 entreprises cotées, parmi les 935 entreprises de la Global Coal Exit List. La politique de Blackrock ne couvre pas 773 entreprises, dont 333 sont côtées.
  8. La politique n’exclut pas les développeurs de charbon et ne couvre qu’une partie de l’ensemble de l’industrie en se concentrant uniquement sur les activités minières. Elle laisse de côté la production d’électricité et les infrastructures liées au charbon. Les producteurs d’électricité à partir du charbon, qui extraient et brûlent souvent de grandes quantités de charbon pour produire de l’électricité, ne sont pas concernées par les critères d’exclusion de BlackRock car leurs revenus sont générés par l’électricité à base de charbon plutôt que par la vente directe du charbon extrait.