En 2011, la France a interdit la fracturation hydraulique, une technique utilisée pour l’extraction de gaz de schiste. 10 ans plus tard, AXA pourrait devenir complice de son importation en Europe en fournissant les couvertures assurantielles nécessaires à la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié de Brunsbüttel porté par son client, l’entreprise néerlandaise Gasunie. Reclaim Finance et ses partenaires lui ont écrit pour lui demander de s’engager à ne pas soutenir ce projet ni aucun nouveau projet qui contribuerait à ouvrir de nouveaux champs gaziers et pétroliers.

AXA, le fier chef de file de la coalition Net Zero Insurance Alliance

AXA aime à faire valoir ses engagements climat : en 2021, l’assureur a même pris la tête de la Net Zero Insurance Alliance (NZIA) qui rassemble les assureurs qui s’engagent à aligner leurs services avec l’objectif de neutralité carbone. Or une chose est sûre, cet objectif deviendra rapidement hors de portée s’ils continuent d’assurer des projets tels que le terminal de gaz naturel liquéfié de Brunsbüttel.

Brunsbettel, un projet qui n’est pas bon pour le climatSous titre

S’il voit le jour, le futur terminal aura la capacité d’importer 8 milliards de mètres cubes de gaz par an, contribuant à l’émission de 14 millions de tonnes de CO2 chaque année (sans compter les fuites de méthane) (1).Le gaz est composé en majorité de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 84 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans et dont la courbe croissante inquiète fortement le GIEC. Le transporter sous forme gazéifiée alourdit lourdement la facture énergétique et rend définitivement caduque l’argument selon lequel le gaz serait une énergie de transition à promouvoir pour sortir plus rapidement du charbon. D’après l’Agence internationale de l’énergie (2), atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 requiert en effet de ne plus ouvrir de nouveaux champs gaziers et de décarboner complètement le secteur de la production d’électricité en Europe d’ici 2035. L’AIE souligne également que de nombreuses installations de gaz naturel liquéfié (GNL) actuellement en cours de construction ou de planification ne sont pas nécessaires. A contre-courant de l’histoire, le terminal d’importation de GNL pourrait fonctionner 30 à 50 ans, et importer du gaz de schiste (bien) au-delà de la date butoire de 2035. De plus, un puits de gaz de schiste a une durée de vie d’environ 4 ans et alimenter Brunsbüttel nécessitera l’ouverture de nouveaux champs gaziers aux Etats-Unis.

A rebours d’une politique de sortie des secteurs non-conventionnels

Il y a à peine un an, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance demandait aux acteurs financiers de la Place financière de Paris d’adopter des stratégies de sortie des pétrole et gaz non conventionnels (3). Parmi les secteurs visés: le pétrole et le gaz de schiste figurent en bonne place au regard de la forte croissance attendue dans ce secteur particulièrement nocif pour le climat et l’environnement. Depuis cet appel de Bruno Le Maire, AXA fait le dos rond : il n’a toujours pas de politique encadrant ses soutiens à l’industrie du pétrole et gaz de schiste et son expansion, et ne s’est pas engagé à sortir de tous les secteurs non-conventionnels d’ici 2030 (4).

COP 26 et Climate Finance Day : de la parole aux actes

Alors que la COP26 approche, et sera précédée par le Climate Finance Day, il est temps pour AXA de passer de la parole aux actes. AXA a su écouter la science en 2017 et prendre position contre l’expansion du charbon. En tant que chef de file de la Net Zero Insurance Alliance, AXA a le devoir de l’écouter de nouveau et de s’engager à ne plus assurer l’expansion pétro-gazière.  Brunsbüttel n’est qu’un des centaines de nouveaux projets auxquels AXA doit avoir le courage de dire non. De plus et comme en 2017, il s’agit de conditionner la provision de nouvelles couvertures d’assurance à un arrêt par tous ses clients du développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers et des projets d’infrastructures de transport qui y sont liés.

Si à l’aune des impératifs climatiques, AXA choisit quand même d’assurer le projet Brunsbüttel, l’assureur faillira à son mandat de gestionnaire du risque, contredira ses propres engagements climatiques et fera un pied de nez au ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance qui appelle à en finir avec le gaz de schiste.