Communiqué de presse 

Paris, le 6 décembre 2022 – Dans l’annonce de nouvelles mesures déclinant sa stratégie climat, le Groupe Crédit Agricole prend plusieurs engagements positifs en matière de décarbonation de certains secteurs, avec des mesures de soutien aux énergies renouvelables et de désengagement des énergies fossiles. Mais en actant seulement la fin du financement de tout nouveau projet de production pétrolière et non gazière, la banque française se place en contradiction avec le scénario de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) auquel elle se réfère. Reclaim Finance appelle le Crédit Agricole à ne plus financer les nouveaux projets d’extraction de gaz ainsi qu’à rehausser le niveau d’exigence envers ses clients en matière de désinvestissement des énergies fossiles.

Après avoir fixé en juin dernier ses cibles de décarbonation sur l’automobile et le secteur pétrolier et gazier, le Crédit Agricole confirme aujourd’hui sa volonté de réduire l’empreinte carbone de son portefeuille en annonçant une décarbonation dans les secteurs du ciment, de l’immobilier commercial et la production d’électricité (1). C’est une déclinaison de ses engagements pris dans le cadre de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) et la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) destinés à limiter le réchauffement à 1,5°C.

Par ailleurs, si aucune mesure contraignante n’est prise à l’encontre des entreprises pétrolières et gazières (2), Crédit Agricole devient la première grande banque française à stopper tout soutien direct à de nouveaux champs pétroliers et annonce vouloir être plus sélectif et restrictif dans ses soutiens aux centrales à gaz (3).

Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance déclare : “C’est important qu’un acteur majeur de la Place de Paris comme le Crédit Agricole marque des avancées sur la fin de l’expansion des énergies fossiles et la décarbonation de l’économie, mais il lui reste de gros efforts à faire, notamment sur le gaz, pour s’aligner pleinement sur la science ”.

En effet, contrairement à d’autres acteurs français (Crédit Mutuel, La Banque Postale) ou étrangers (ING, BBVA, Commerzbank), le Crédit Agricole ne s’engage toujours pas à ne plus financer l’expansion de la production de gaz. (4)  C’est pourtant une recommandation clé des Nations-Unies pour tenir l’objectif 1,5°C et une conclusion du scénario Net Zero de l’AIE (5) auquel se réfère le Crédit Agricole, y compris dans son évaluation des entreprises (6).

Par ailleurs, le Crédit Agricole s’engage à multiplier par trois ses financements aux énergies renouvelables d’ici à 2030, ce qui se rapproche du scénario Net Zero de l’AIE.

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Notes :

  1. Ces objectifs s’ajoutent à un objectif pétrolier et gazier annoncé par le Crédit Agricole en juin et légèrement modifié aujourd’hui. L’absence de détails suffisants rend impossible une évaluation précise du niveau d’ambition de cet objectif.
  2. La majorité des soutiens financiers au secteur énergétique passe par des soutiens généraux aux entreprises (prêts, aides à l’émission de titres, etc.) et non par des financements de projets.
  3. Crédit Agricole annonce un objectif de 58 % de baisse de CO2e émis par kWh par ses clients, pour passer de 224 gCO2e/kWh à 95 gCO2e/kWh en 2030. Cet objectif semble généralement aligné sur le scénario zéro net (NZE) de l’AIE mais il s’agit d’un objectif d’intensité (gCO2eq/kWh) alors que la réduction des émissions du secteur de l’électricité prévue par le NZE en émissions absolues (MT CO2).
  4. Voir l’Oil and Gas Policy Tracker.
  5. L’AIE confirme dans son dernier rapport World Energy Outlook 2022 l’absence de nouveau projet de production gazière et de nouveaux terminaux de GNL (hormis ceux confirmés en 2022), et prévoit un déclin de la production d’électricité à partir de gaz après l’atteinte d’un pic de production en 2025.
  6. Le Crédit Agricole annonce vouloir analyser les plans de transition des entreprises sur leur performance par rapport au scénario NZE de l’AIE et sur leur “stratégie de désinvestissement des énergies carbonées et d’investissement dans la décarbonation”. Il est difficile d’évaluer l’impact que cette annonce aura sur les financements généraux aux entreprises du secteur.