Communiqué de presse
Paris, le 22 juin 2022 – À l’occasion de la présentation de son plan “Ambitions 2025” (1), le groupe Crédit Agricole a annoncé ce matin des cibles de décarbonation pour les secteurs automobile et pétro-gazier. Les mesures annoncées permettent de faire un premier pas vers un désengagement du secteur pétro-gazier, mais seront insuffisantes pour permettre au Crédit Agricole de contribuer pleinement à l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. Le groupe annonce déjà qu’il adoptera des mesures complémentaires prochainement en ligne avec les recommandations du Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ). Reclaim Finance salue cette annonce et appelle Crédit Agricole à transformer l’essai en annonçant la fin de ses soutiens à l’expansion pétro-gazière d’ici fin 2022.
En plus de mesures sur l’automobile, Crédit Agricole vient d’annoncer une cible de réduction des émissions de CO2 liées au financement du secteur Pétrole et Gaz de 30 % en valeur absolue entre 2020 et 2030 (1). Cela découle de son engagement, à travers la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) et la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) à aligner son portefeuille avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 afin de limiter le réchauffement à 1,5°C (2). Crédit Agricole annonce qu’il publiera ultérieurement, en 2022 et en 2023, une nouvelle politique pétrole et gaz destinée à garantir l’atteinte de ces cibles, en ligne avec les recommandations de l’Alliance du secteur financier de Glasgow pour le Net Zéro.
“Nous saluons les annonces du Crédit Agricole qui reconnaissent pour la première fois la nécessité de se désengager progressivement du secteur pétrolier et gazier et pour cela de compléter l’adoption de cibles de décarbonation à 2030 par des mesures permettant de réduire immédiatement les émissions dans le monde réel. Nous appelons Crédit Agricole à transformer l’essai en devenant la première des grandes banques françaises – comme pour le charbon – à mettre un terme à ses soutiens, directs et indirects, aux nouveaux champs pétroliers et gaziers.” déclare Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.
L’adoption de cibles de décarbonation sur les secteurs les plus carbonés permet de guider la trajectoire d’un portefeuille mais ne garantit pas à elle seule un alignement avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. En effet, non seulement ces cibles ne couvrent pas l’intégralité des activités de financement des banques (3), mais les acteurs financiers peuvent atteindre leur objectif global de baisse des émissions tout en maintenant des financements à des entreprises qui développeraient de nouveaux projets pétroliers et gaziers (4). Les banques peuvent ainsi contribuer à financer des nouveaux actifs, incompatibles dès aujourd’hui avec le budget carbone, qui ne figureront pas nécessairement à leur bilan en 2030 mais continueront bien à émettre au-delà de cette date, grignotant encore du budget carbone ou se transformant en actifs échoués (stranded assets).
Il est donc important d’adopter des mesures supplémentaires permettant d’atteindre des baisses immédiates d’émissions dans le monde réel. Le Crédit Agricole ne précise pas ces mesures mais annonce vouloir les publier ultérieurement et les adopter en cohérence avec les recommandations de GFANZ. Les membres de GFANZ sont requis de respecter d’ici un an les nouveaux critères publiés la semaine dernière par une initiative corollaire appelée Race To Zero. Ces critères comprennent notamment la fin des soutiens à l’expansion des énergies fossiles et la sortie progressive du secteur (5).
Crédit Agricole annonce également qu’il entend augmenter de 60 % de l’exposition aux “énergies bas carbone“ pour CACIB d’ici 2025 et atteindre 14 GW de capacité installée via les investissements de Crédit Agricole Assurances en 2025. Si cette annonce va a priori dans le bon sens, il est difficile de l’évaluer sans précision par Crédit Agricole sur sa définition des “énergies bas carbone” ni indication sur les autres financements octroyés aux solutions qui sont préconisées par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) dans le troisième volet du 6ème rapport.