Paris, le 28 juillet 2023 – Après SCOR en mai dernier, AXA annonce à son tour qu’il ne couvrira plus les nouveaux champs gaziers. AXA devient le 10ème assureur à prendre un engagement en ce sens (1), mais va tout de même moins loin que certains de ses pairs. Le géant français de l’assurance prévoit comme il le fait pour les nouveaux champs pétroliers des exceptions pour les entreprises qu’il considérerait « en transition », une antinomie dénoncée par Reclaim Finance qui rappelle l’arrêt du déploiement de tels projets dans le scénario 1,5°C de l’Agence internationale de l’énergie. Reclaim Finance appelle AXA à faire de l’arrêt de l’expansion de la production et du transport de pétrole et de gaz une ligne rouge à respecter par ses clients pour bénéficier de ses couvertures d’assurance.
AXA vient de mettre à jour sa politique Énergie (2). L’assureur indique qu’il ne couvrira plus les nouveaux champs gaziers. Un engagement qui n’entrera en vigueur qu’à partir de 2025 avec des exceptions pour les projets développés par des entreprises dites “en transition”. Cet engagement vient compléter celui pris en 2021 de ne plus couvrir les nouveaux champs pétroliers dès 2024 (3) mais reste bien en deçà des meilleures pratiques observées chez ses concurrents.
Après avoir défendu à de nombreuses reprises le gaz comme une énergie à soutenir sans modération, AXA commence enfin à infléchir sa position pour tendre vers un alignement sur les faits scientifiques. S’il vaut mieux tard que jamais, il est regrettable de devoir se contenter d’une mesure encore très éloignée des projections de l’Agence internationale de l’énergie et qui ne prendra effet que dans deux ans alors que les populations souffrent dès maintenant de l’amplification des effets du dérèglement climatique.
Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a projeté dans son scénario de neutralité carbone à 2050 un arrêt des nouveaux champs pétroliers et gaziers approuvés après 2021 ainsi qu’un arrêt des nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié approuvés après 2022 (4). Seuls 4 assureurs ont pour l’instant quelques mesures au-delà de l’extraction d’hydrocarbures (5).
Contrairement à Allianz, Munich ou encore Hannover Re, AXA affaiblit son engagement par une exception majeure déjà présente dans sa précédente politique Énergie d’octobre 2021. En effet, AXA se réserve la possibilité de couvrir des nouveaux champs de pétrole et de gaz tant qu’ils sont développés par des entreprises dotées d’un “plan de transition”. L’expérience a montré la lecture très souple d’AXA de ces plans, en votant encore cette année pour le plan dit climat de TotalEnergies (6) qui continue d’ouvrir de nouveaux champs et produira en 2030 81% fois plus que ce qu’il faudrait pour s’aligner sur le scénario NZE.
AXA lit les rapports du GIEC et de l’AIE et sait pertinemment que tout nouveau projet d’énergies fossiles menace l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris mais également ses propres engagements de neutralité carbone. AXA ne peut plus cautionner les stratégies d’expansion climaticides de ses clients et doit désormais conditionner ses produits d’assurance à un arrêt de leurs plans d’expansion.
Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne assurance chez Reclaim Finance
