Une analyse révèle la diversification trompeuse de TotalEnergies

Paris, le 26 septembre 2023 – TotalEnergies a rendez-vous demain devant ses investisseurs, l’occasion de se présenter une nouvelle fois comme un “acteur majeur de la transition énergétique” qui se diversifie. Mais faut-il croire à sa diversification ? Dans un nouveau briefing, Reclaim Finance dénonce une présentation trompeuse : l’extraction de pétrole et gaz fossile par TotalEnergies va augmenter d’ici 2030, même si sa part dans son mix énergétique produit va diminuer. Et les nouvelles activités développées par l’entreprise s’appuient en grande partie sur le gaz fossile, avec notamment une augmentation de sa production de +40% du gaz naturel liquéfié (GNL) entre 2020 et 2030. Reclaim Finance appelle les acteurs financiers derrière TotalEnergies à regarder la réalité en face et à tenir leurs engagements climatiques en arrêtant de soutenir l’entreprise tant qu’elle n’aura pas renoncé à sa stratégie d’expansion pétro-gazière.

Si TotalEnergies axe la majorité de sa communication sur les énergies solaires et éoliennes ainsi que les molécules bas carbone (hydrogène, biogaz, biocarburant) (1), ces activités compteront en réalité pour seulement 20% de son mix énergétique produit d’ici 2030 contre 80% pour le pétrole et le gaz. Alors que le PDG Patrick Pouyanné déclarait récemment que son groupe était « le plus impliqué dans la transition énergétique » (2), l’entreprise prévoit d’augmenter sa production de gaz de 12% d’ici 2030 (3) et de gaz naturel liquéfié (GNL) de 40% entre 2020 et 2030. 

La communication de TotalEnergies et de tout acteur financier visant à faire croire à une sincère diversification de la major en vue de contribuer réellement à la transition ne résiste pas à l’analyse. Si l’entreprise diversifie ses activités, elle entend augmenter tant en relatif qu’en absolu son activité dans le gaz fossile. Les acteurs financiers ne sauraient de manière crédible justifier leurs soutiens à TotalEnergies par son rôle dans la transition : cet argument n’est pas recevable.

Antoine Laurent, Responsable plaidoyer de Reclaim Finance

Si TotalEnergies communique largement sur son objectif de capacité de renouvelables de 100 GW brut en 2030, celui-ci comprend en réalité des projets dans lesquels le groupe est minoritaire. Et la croissance des capacités de renouvelable de l’entreprise repose davantage sur l’acquisition de capacités existantes que sur le développement de nouvelles capacités. 

Par ailleurs, les renouvelables ne représentent seulement qu’une partie des 20% du mix énergétique produit par TotalEnergies hors extraction pétro-gazière. En effet, l’entreprise prévoit de faire reposer en partie sa production d’électricité et d’hydrogène sur le gaz, composé principalement de méthane, un gaz à effet de serre plus de 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur 20 ans.  

Loin de réduire la voilure de ses activités d’extraction et de transport d’hydrocarbures, le géant prévoit de nombreux nouveaux projets gaziers (4), comme “Papua LNG”, projet de terminal de liquéfaction et d’exportation de gaz en Papouasie-Nouvelle-Guinée (5). Ce projet, qui augmentera de 7% les émissions du pays liées à l’industrie et l’énergie (6), est facilité par la banque française Crédit Agricole, qui joue le rôle de conseiller financier.   

La Papouasie-Nouvelle-Guinée subit déjà de plein fouet le dérèglement climatique. En développant ce projet d’énergie fossile, TotalEnergies nous entrainerait encore plus vers de nouveaux risques, qu’ils soient climatiques, environnementaux et sociaux. Pour que nous puissions avoir un avenir durable, les banques françaises et surtout Crédit Agricole doivent s’engager pour les énergies renouvelables et à ne plus soutenir Papua LNG.

Peter Bosip, Représentant de l’ONG Papouan-Néo-Guinéenne CELCOR

Face à cette diversification trompeuse de TotalEnergies, Reclaim Finance appelle non seulement le Crédit Agricole à se retirer de la bombe climatique “Papua LNG”, mais aussi toutes les banques et les investisseurs à ne plus soutenir de nouveaux projets de production, de transformation et de transport gaziers et cesser tout soutien à  TotalEnergies tant que la major poursuivra sa stratégie climaticide.  

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Notes :

  1. Sur les 50 derniers posts sur Instagram des 12 derniers mois et les 50 derniers tweets sur Twitter des 3 derniers mois de TotalEnergies, 76% de ses communications liées au secteur énergétique étaient dédiés à l’éolien, le solaire et les molécules bas carbone (hydrogène, biogaz, biocarburant) contre 24% dédiés au pétrole et au gaz. 
  2. Journal du Dimanche, “Patrick Pouyanné : « TotalEnergies est le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique “, 2023  
  3. La production de pétrole et de gaz russe est exclue des projections, bien que TotalEnergies ne se soit pas engagé à sortir de la Russie. 
  4. Reclaim Finance, Evaluation des stratégies climat des entreprises pétro-gazières, 2023  
  5. Papua LNG est associé aux champs gaziers Elk et Antelope. Ce projet est composé de 9 puits, 4 trains de liquéfaction d’une capacité totale de 4 Mtpa et un pipeline de 320 km.  
  6. IEEFA, Papua LNG Project – Financiers taking the risk, Mai 2023  

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2023-09-26T14:48:23+02:00