10 avril 2024, 7H00 CET– Près de 60 ONG du monde entier, dont Reclaim Finance, appellent dans deux lettres ouvertes les banques et investisseurs de TotalEnergies à ne pas participer à ses émissions d’obligations, des prêts accordés par des investisseurs et facilités par les banques (1). Première source de financement de la major française, ces obligations lui permettent de poursuivre sa stratégie climaticide en développant de nouveaux projets pétroliers et gaziers, à rebours des recommandations scientifiques pour limiter le réchauffement à 1.5°C. Cet appel des ONG intervient quelques jours après la levée par TotalEnergies de US$4.25 milliards sur le marché obligataire, notamment avec l’aide de la banque française BPCE/Natixis. Alors que quatre obligations arrivent à expiration cette année, les ONG mettent en garde contre un possible renouvellement.
TotalEnergies a actuellement 45 obligations actives, d’un montant total de US$48.9 milliards (2). Première source de financement de l’entreprise, les obligations ont représenté environ 68% de son financement entre 2016 et 2022 (3). Un levier toujours activement utilisé : la semaine dernière, TotalEnergies a levé US$4.25 milliards sur le marché obligataire avec l’aide de plusieurs banques, dont la française BPCE/Natixis, Standard Chartered, ou encore Deutsche Bank (4).
Loin d’être en transition (5), l’entreprise peut utiliser ce soutien financier (6) pour continuer à développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers dans 53 pays, comme au Mozambique, en Papouasie Nouvelle Guinée ou encore en Afrique du Sud (7). Un soutien utile pour la major à l’heure où certaines banques, notamment françaises, se sont engagées à ne plus financer directement des projets controversés tels que EACOP ou Papua LNG (8). En aidant TotalEnergies à lever de l’argent sur le marché obligataire, elles lui permettent alors indirectement de financer ces projets.
Les obligations sont un vrai eldorado financier, plus discret que le financement de projet, pour TotalEnergies. Les acteurs financiers qui y participent doivent se rendre compte de leur responsabilité dans le financement de la stratégie climaticide de l’entreprise – et ce, sur du très long terme puisque le remboursement n’aura pour certaines lieu qu’en… 2064. Cela concerne les investisseurs bien sur qui achètent ces obligations, mais aussi les banques, sans qui ces transactions colossales ne verraient pas le jour.
Lara Cuvelier, chargée de campagne Investissements soutenables
Alors que 10 des 45 obligations actives de TotalEnergies doivent expirer entre 2024 et 2025 (9), l’entreprise pourrait les renouveler pour lever du capital, et donc faire appel de nouveau aux banques. Face à ce risque, près de 60 ONG ont adressé une lettre ouverte aux banques et investisseurs impliqués dans ses dernières émissions d’obligations pour leur demander de ne pas renouveler leur soutien. Parmi eux, les banques Crédit Agricole, BPCE/Natixis, Société Générale, BNP Paribas et Amundi, la filiale d’investissement du Crédit Agricole.
Les ONG appellent les banques à s’engager à ne plus faciliter l’émission de nouvelles obligations de TotalEnergies ainsi que de toute entreprise développant de nouveaux projets pétro-gaziers. Elles appellent également les investisseurs à ne plus investir dans de nouvelles obligations émises par TotalEnergies et à s’engager publiquement à ne plus investir dans celles émises par toute entreprise développant de nouveaux projets pétro-gaziers.