Copublié avec Rift
Paris, le 5 juin 2024 – Premier produit d’épargne des Français, l’assurance-vie contribue à alimenter le dérèglement climatique. C’est la conclusion d’un nouveau rapport de Reclaim Finance qui a passé au crible les pratiques d’investissements et d’engagement de 27 assureurs-vie français, avec le soutien de Rift (1). Il révèle que leurs engagements climatiques pour lutter contre l’expansion fossile sont loin d’être suffisants, et ne s’appliquent que très rarement à leur offre en unités de compte (UC), un support de plus en plus populaire. Résultat : sur plus de 8000 UC analysées, 63% contiennent au moins une entreprise qui développe des projets d’énergies fossiles. Reclaim Finance et Rift appellent les assureurs-vie à mettre fin à leur soutien à l’expansion fossile, incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C.
Premier produit d’épargne des Français, l’assurance-vie représente plus de 1900 milliards d’euros d’encours. Une partie de cette épargne est aujourd’hui convoitée par le gouvernement pour financer la transition écologique (2). Mais si quasi-tous les assureurs-vie analysés se sont engagés à atteindre la neutralité carbone ou à contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris (3), l’analyse de Reclaim Finance et Rift révèle qu’ils continuent d’utiliser l’épargne des Français pour soutenir l’expansion fossile.
En effet, 2/3 des assureurs-vie analysés peuvent encore réaliser, par le biais de leur fonds euro, de nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs de pétrole et de gaz (4). Parmi eux, des grands noms du secteur comme le Crédit Agricole Assurances, AXA France Vie et Cardif Assurance Vie : les 1er, 3e et 4e assureur-vie français s’autorisent encore à investir dans les plus grands développeurs d’hydrocarbures, malgré leurs objectifs de neutralité carbone. Une mesure pourtant possible : CNP Assurances, numéro 2 de l’assurance-vie, s’est engagé à stopper ses nouveaux investissements dans ces entreprises.
Par ailleurs, seuls deux assureurs-vie, Suravenir et MACSF, se sont engagés à cesser leurs nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs pétro-gaziers mais également de nouveaux pipelines et terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) (5).
Alors que l’assurance-vie est censée assurer l’avenir des épargnants, elle est investie au contraire dans des entreprises qui nuisent à l’avenir de leurs clients et de la planète. Les plus grands assureurs–vie français comme Crédit agricole Assurances, AXA et Cardif Assurance Vie, soutiennent ainsi encore l’expansion du pétrole et du gaz, tout en se présentant comme des assureurs-vie engagés à atteindre la neutralité carbone. Ces assureurs-vie doivent s’engager à cesser tout nouvel investissement dans les entreprises développant de nouveaux projets de pétrole et de gaz.
Ariel le Bourdonnec, chargé de campagne Assurance chez Reclaim Finance
Autre problème, les engagements climatiques des assureurs-vie, lorsqu’ils existent, ne s’appliquent qu’à leur fonds euro, et très rarement aux unités de compte (6) – un support qui séduit pourtant de plus en plus d’épargnants (7). Ainsi, pour 100€ placés par un épargnant sur son contrat d’assurance-vie en 2024, 41€ en moyenne ne sont pas concernés par l’application de ces engagements climatiques.
L’analyse inédite des unités de compte (UC), présentes dans plus de 290 contrats d’assurance-vie, menée avec Rift, révèle que 63% des UC analysées contiennent au moins un développeur d’énergies fossiles (8) – dont 22% exposées à au moins un développeur charbon (9). TotalEnergies se retrouve par exemple dans plus d’1/4 des UC analysées. Des placements qui n’échappent pas au greenwashing : sur près de 1700 UC analysées et étiquetées “durable”, “vert”, “ESG” ou encore “responsable”, plus de la moitié sont en réalité exposées à des développeurs d’énergies fossiles.
Les épargnants veulent s’engager pour la transition écologique mais ce rapport atteste du manque criant de choix d’assureurs-vie répondant à leurs attentes. Il est temps que les assureurs-vie s’assurent que l’épargne confiée par leurs clients ne soit plus utilisée pour soutenir l’expansion des énergies fossiles. Nous demandons collectivement plus d’ambition et de transparence de leur part
Antoine Labarre, directeur général de Rift
Alors que près de 6 épargnants sur 10 accordent une place importante à l’impact social et environnemental de leurs placements, Reclaim Finance et Rift appellent les assureurs-vie à ne plus utiliser l’épargne des Français pour soutenir l’expansion des énergies fossiles. Les assureurs-vie doivent réhausser leurs politiques climat et les appliquer à l’ensemble de leur contrat d’assurance-vie, y compris les contrats en unités de compte.
Reclaim Finance et Rift appellent également les pouvoirs publics et régulateurs à agir, notamment pour sanctionner le greenwashing des produits d’épargne, dont certains supports en assurance-vie, faussement étiquetés “ESG”, “climat”, “responsable” ou “durable”.