Glasgow Financial Alliance for net zero
Les plus, les moins, l’inacceptable
La Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) a été lancée en avril 2021 par l’envoyé des Nations Unies pour le climat, Mark Carney, en collaboration avec la campagne onusienne Race to Zero. Actuellement coprésidée par Mark Carney et Michael Bloomberg, elle est « engagée à accélérer et à généraliser la décarbonation de l’économie mondiale et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. » Elle compte sept alliances sectorielles dont les niveaux d’ambition varient, comme en témoignent notamment les lignes directrices qu’elles adressent à leurs membres. Aucune de ces alliances n’exige de ses membres qu’ils fixent des objectifs ambitieux de réduction des émissions absolues de leurs clients et des entreprises dans lesquelles ils investissent. Voici un bref résumé des pour et des contre de chaque alliance.
![](https://reclaimfinance.org/site/wp-content/uploads/2022/11/GFANZ-network-v2.png)
Les sept alliances sectorielles de la GFANZ représentent des détenteurs et gestionnaires d’actifs, des banques et des assureurs, ainsi que des consultants financiers et des fournisseurs de données et d’autres services financiers. Ces alliances comptent plus de 550 membres de 50 pays, notamment certaines des institutions financières les plus puissantes du monde. La GFANZ n’a pas d’exigences détaillées pour ses membres et chacune des alliances sectorielles a (ou dans certains cas est censée développer) ses propres séries de directives. Afin de ne pas avoir à développer ses propres directives scientifiques crédibles pour chaque secteur, GFANZ a insisté pour que tous ses membres soient alignés sur les critères de la Race to Zero.
Malgré la décision récente de la GFANZ de quitter la Race To Zero, les alliances restent chacune membres à part entière de la campagne onusienne.
Céder au déni climatique
En octobre 2022, la GFANZ a renoncé à exiger que tous ses membres rejoignent la Race To Zero et a annoncé que ses membres seraient simplement « encouragés » à s’y associer.
La GFANZ a changé de position en raison du renforcement des critères de la Race to Zero en juin 2022 (avec une autre modification en septembre pour répondre aux préoccupations concernant le non-respect du droit de la concurrence) pour préciser que le maintien du réchauffement en dessous de 1,5°C implique « la sortie progressive de toutes les énergies fossiles non exploitées dans le cadre d’une transition mondiale juste ». Les nouveaux critères stipulent également que chaque membre de l’initiative Race to Zero « doit cesser progressivement de développer, financer et faciliter l’exploitation des énergies fossiles non exploitées ».
Cet éloignement par rapport à la Race to Zero est intervenue suite à la pression des banques américaines, elles-mêmes menacées, notamment par des actions en justice, par des politiciens et des personnalités négationnistes du climat aux États-Unis. Ces attaques contre les banques américaines surviennent alors que celles-ci continuent de verser des centaines de milliards de dollars dans l’industrie des énergies fossiles et ne montrent aucune intention de prendre des mesures significatives pour inverser cette tendance.
Alors que les banques auraient pu défendre la science et respecter leurs propres engagements, elles ont choisi de faire pression sur la NZBA et la GFANZ et d’insister pour qu’elles se détachent de la Race To Zero.
Les alliances de la GFANZ
Les ambitions des différentes alliances sont très variées. La Net Zero Asset Owner Alliance (NZAOA) est largement considérée comme la plus sérieuse dans son engagement à pousser ses membres à aligner leurs investissements sur 1,5°C. Mais même la NZAOA doit encore demander à ses membres de fixer des objectifs basés sur les émissions absolues et d’adopter des politiques mettant fin à leur soutien à l’expansion des combustibles fossiles. Trois des alliances n’ont même pas encore publié de lignes directrices sur la manière dont leurs membres devraient fixer des objectifs, plus d’un an après leur lancement.
Nous expliquons ci-dessous quelques-unes des principales forces et faiblesses des alliances.
La GFANZ doit faire pression sur les alliances pour qu’elles deviennent CRéDIBLES
Indépendamment de sa relation avec la Race to Zero, la GFANZ a toujours la responsabilité de pousser ses alliances membres à adopter des lignes directrices crédibles, fondées sur des données scientifiques et alignées sur l’objectif de 1,5°C.
La GFANZ et ses dirigeants ont pris des mesures positives dans ce sens. En août 2022, les coprésidents Mark Carney et Michael Bloomberg, ainsi que la vice-présidente Mary Schapiro, ont publié une déclaration affirmant qu' »il n’y a aucune raison de financer de nouveaux projets de charbon » et citant le libellé de Race to Zero sur la fin du « développement, du financement et de la facilitation » de nouveaux actifs fossiles. Le 1er novembre, l’alliance a publié des conseils sur les plans de transition financière, qui reprennent un grand nombre des éléments que doivent contenir les plans d’alignement sur une trajectoire 1,5°, y compris les politiques visant à restreindre le financement des promoteurs des énergies fossiles.
La GFANZ ainsi que Carney, Bloomberg et Schapiro doivent utiliser leur capacité d’intimidation et rappeler que le budget carbone ne peut pas être faussé par des astuces de comptabilité carbone, et que les engagements net zéro des membres de la GFANZ ne seront considérés comme crédibles que s’ils s’alignent sur les données scientifiques relatives à 1,5 °C.