Meerschaert vient de mettre en ligne sa première politique adoptée pour encadrer ses investissements dans le secteur du charbon. Cette politique arrive alors que jeudi marquera les 1 an de l’engagement de la place financière de Paris, où ses membres – banques, assureurs et sociétés de gestion- se sont engagés à se doter d’une politique de sortie du charbon.

La société de gestion qui gère autour de 6 milliards d’euros d’actifs dit vouloir adopter une “politique de sortie du charbon exigeante” qui vise une sortie du charbon d’ici 2030 dans les pays de l’OCDE et d’ici 2040 dans les autres pays – des dates alignées avec une trajectoire 1,5°C.

  • Comme MACIF, Meeschaert exclut toutes les entreprises actives dans la production de charbon, un engagement fort qu’il faut cependant relativiser étant donné la très faible présence de ces entreprises dans les portefeuilles d’investissements de Meeschaert.
  • C’est sur les entreprises actives dans la production d’électricité que Meeschaert se distingue:

> Comprenant l’urgence à endiguer l’expansion du secteur, Meeschaert exclut à son tour toutes les entreprises qui prévoient de développer de nouvelles centrales à charbon. 8 autres acteurs financiers français l’ont fait [1]. Parmi eux, tous les gros acteurs de la place à l’exception de Société Générale, qui continue de soutenir plus d’une centaine d’entreprises prévoyant de nouvelles centrales à charbon, pour une capacité totale 4 fois supérieure à celle en opération en Allemagne.

> Comme La Banque Postale AM, Meeschaert n’adopte pas de seuils stricts d’exclusion des entreprises fondés sur la part du charbon dans leurs activités, mais appelle toutes les entreprises restantes en portefeuilles à adopter d’ici janvier 2021 un plan détaillé de fermeture de leurs centrales dans le secteur du charbon. Une demande identique ou similaire existe déjà dans les politiques de 6 acteurs financiers français [2]. Cependant, Meeschaert va encore plus loin que LBPAM dans la précision de ce qu’il attend des entreprises.

Meeschaert définit une liste de critères que les entreprises doivent intégrer dans leur plan: une date de sortie doit être précisée pour chacun des actifs; les actifs doivent être fermés et non vendus; un accompagnement des salariés et des communautés locales doit être prévu.

Meeschaert reconnaît ainsi le défi lié à la sortie du charbon. Le monde compte plus de 6700 unités de de production d’électricité à partir de charbon et le scénario P1 du GIEC indique que 78% de la capacité existante doit être fermée d’ici 2030. La politique de Meeschaert vise donc à pousser les entreprises à anticiper et à planifier la fermeture de leurs infrastructures. Parmi les entreprises concernées se trouvent notamment la française Engie qui détient toujours une dizaine de centrales à charbon en opération dans le monde, dont la majorité n’a pas de date de fermeture.

Un processus d’intensification de l’engagement allant jusqu’à l’exclusion est donc prévu:

  • Les entreprises qui n’auront pas adopté un plan comportant tous les éléments définis ci-dessus ne pourront plus bénéficier de nouveaux investissements après janvier 2021.
  • Leur manquement à rectifier le tir d’ici janvier 2022 entraînera leur exclusion des portefeuilles d’investissements du groupe.
  • Entre les deux, Meeschaert envisage d’utiliser ses droits de vote lors des assemblées générales des entreprises pour “manifester son opposition à la stratégie des entreprises” et pousser les entreprises à se doter d’un plan de fermeture de leurs actifs dans le charbon.

Quant aux entreprises qui se seront dotés d’un tel plan aux dates prédéfinies, Meeschaert poursuivra le dialogue et l’engagement afin de “suivre dans le temps l’avancement des fermetures des centrales à charbon, et de renforcer progressivement ses exigences”.

Meeschaert devient le 9ème acteur français à répondre pleinement à l’engagement de la place financière de Paris en adoptant une politique robuste de sortie du secteur du charbon.

Pour aller plus loin

  • Voir la politique de Meeschaert sur la sortie du charbon ici.Voir la notation des acteurs financiers français sur leurs politiques charbon ici.