Paris, le 26 janvier 2021

  • Le PDG de BlackRock, Larry Fink, publie aujourd’hui sa lettre annuelle à ses clients (1), centrée pour la deuxième année consécutive autour des enjeux climatiques. L’annonce comprend une demande pour les entreprises d’adopter des modèles d’affaires compatibles avec un objectif « net zéro ».
  • La lettre omet de mentionner les investissements massifs de BlackRock dans les énergies fossiles. Notre étude réalisée au début du mois montre que BlackRock est investi à hauteur de 85 milliards de dollars dans le charbon (2), y compris dans des entreprises ayant des projets d’expansion liés au charbon
  • Les ONG Reclaim Finance et Urgewald soulignent que BlackRock et ses clients ne parviendront pas à atteindre leur objectif “net zéro” s’ils continuent à soutenir l’expansion des énergies fossiles et appellent à une révision immédiate de la politique charbon de BlackRock.

Le PDG de BlackRock, Larry Fink, appelle aujourd’hui les entreprises à adopter des objectifs “net zéro” d’ici 2050 et a déclaré que des mesures seraient prises si ces objectifs n’étaient pas adoptés. Malheureusement, BlackRock n’a pas fourni de détails sur ce qu’il considérera comme acceptable en ce qui concerne les entreprises du secteur des énergies fossiles.

Cette mesure intervient après de nombreuses critiques sur le bilan climatique de BlackRock, dont un rapport publié au début du mois par les ONG Reclaim Finance et Urgewald, qui a révélé les 85 milliards de dollars que le gestionnaire d’actifs détient encore dans le charbon. Les ONG avertissent que le soutien continu de BlackRock aux énergies fossiles les plus polluantes décrédibilise toute action crédible en matière de climat.

« Le nouvel engagement de Larry Fink en faveur du « net-zéro » pourrait être une étape positive, si elle était associée à des mesures concrètes et immédiates pour arrêter d’investir dans des nouveaux projets d’énergies fossiles. Un an après des premiers critères extrêmement faibles sur le charbon, BlackRock n’a toujours pas annoncé de politique plus ambitieuse. Les 24 milliards de dollars investis par BlackRock dans les entreprises qui se développent dans le charbon illustrent parfaitement la manière dont les investisseurs peuvent se cacher derrière des notions d’ESG et des engagements “net-zéro”. Bien que les nouvelles promesses sur l’engagement actionnarial soient les bienvenues, il n’y a plus de temps à perdre avec les entreprises qui continuent à construire activement de nouveaux projets liés au charbon, les scientifiques déclarant depuis 2015 que développer le charbon est incompatible avec les objectifs de Paris,commente Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements durables à Reclaim Finance.

Une exposition majeure au charbon

L’étude publiée en janvier par les ONG Reclaim Finance et Urgewald (2) montre que malgré la promesse de BlackRock de sortir du charbon thermique, 85 milliards de dollars d’actifs gérés par BlackRock sont encore investis dans l’industrie. Parmi ses bénéficiaires figurent certains des plus grands producteurs de charbon du monde, comme Adani, et plus de 24 milliards de dollars soutiennent encore des entreprises qui ont des plans d’expansion du charbon, comme Sumitomo ou KEPCO. Et surtout, la politique charbon de BlackRock n’est pas appliquée à sa gestion passive qui représente plus de 5,7 milliards de dollars sur les 8,6 milliards que la société gère (3).

Le temps est compté

À l’approche de la COP26, les ONG insistent sur le fait que la priorité de BlackRock devrait être de sortir du charbon une fois pour toutes, comme premier pas concret vers son engagement pour 2050. Selon elles, la lettre de Larry Fink montre que BlackRock n’a pas encore pris au sérieux son addiction aux énergies fossiles, en particulier au charbon, malgré une reconnaissance bienvenue de la nécessité d’agir sur le climat.

« C’est un signe positif que BlackRock prenne plus au sérieux sa responsabilité climatique en tant que plus grand gestionnaire d’actifs au monde. Ce qui manque encore, cependant, ce sont des mesures concrètes sur la manière dont BlackRock entend exclure de son portefeuille les principaux émetteurs de CO2 européens tels que RWE ou CEZ ou l’ensemble de l’industrie du charbon américaine. Atteindre un niveau “net-zéro” d’ici 2050 pourrait signifier beaucoup de choses, notamment compenser les émissions plutôt que de les réduire réellement. Pour suivre les politiques décentes d’autres investisseurs comme AXA, Union Investment ou Allianz, BlackRock doit faire beaucoup plus : abandonner les développeurs de charbon, commencer à exclure les producteurs d’électricité à partir du charbon et abaisser tous les seuils d’exclusion des entreprises du charbon pour les rapprocher de zéro d’ici 2030. Dans l’état actuel des choses, nous ne voyons pas encore BlackRock prendre suffisamment de responsabilités », déclare Katrin Ganswindt, responsable de la campagne finance chez Urgewald.

Contacts presse :

Angus Satow, chargé de communication à Reclaim Finance, angus@reclaimfinance.org

Lara Cuvelier, Chargée de Campagne, à Reclaim Finance, lara@reclaimfinance.org

Jacey Bingler, responsable communication à Urgewald, jacey@urgewald.org

Notes :

(1) Lien vers l’annonce ici.

(2) Notre rapport sur BlackRock est disponible ici.

(3) Les résultats Q4 de BlackRock sont disponibles ici.