Paris, le 2 Juillet 2021 Deux ans après que la finance française s’est s’engagée d’une seule voix à adopter des politiques pour sortir progressivement du charbon, Reclaim Finance publie un état des lieux contrasté (1) des efforts des acteurs financiers français et appelle à accélérer la cadence d’ici la COP 26.   

Deux ans après s’y être engagée, la finance française n’a pas encore fait le nécessaire pour enclencher une vraie sortie du charbon. Elle est au milieu du gué.

  • Certes, le nombre de politiques robustes d’exclusion du charbon est en hausse : pas loin de la moitié des acteurs ont désormais une bonne politique de sortie du charbon.
  • En revanche, il reste encore beaucoup de politiques perfectibles et plusieurs retardataires. Par exemple, certains acteurs – comme le ré/assureur SCOR, Groupama AM et Agrica – n’excluent toujours pas les entreprises qui développent de nouveaux projets dans le secteur du charbon.
  • Autre point noir, deux géants de la finance française n’ont toujours pas adopté de politique pour dire non au charbon : le gestionnaire d’actifs Natixis Investment Management (NIM) et le régime de retraites Agirc-Arrco qui gère les cotisations de plus de 18 millions de salariés.

Pour Alix Mazounie, chargée de campagne Finance zéro fossile à Reclaim Finance, “Si de plus en plus d’acteurs financiers se donnent les moyens de sortir définitivement du charbon, le compte n’y est toujours pas pour la majorité de la place financière française. Ce constat est alarmant. Non seulement la finance française ne répond pas à l’urgence climatique de sortie du charbon, mais elle se montre incapable de tenir ses promesses et contribue à la défiance des épargnants à l’égard du monde financier. On ne peut que souligner l’incohérence d’avoir parmi les retardataires ou abonnés absents Agirc-Arrco ou Agrica alors que six Français sur dix accordent de l’importance aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placement et souhaite que leur argent aille à la transition écologique.”

Une bonne politique, c’est aussi une politique qui s’applique et sans exceptions : à ce titre, les grandes banques françaises BNP Paribas, Société Générale, Natixis et Crédit Agricole sont sous surveillance renforcée et risquent d’être déclassées si elles n’excluent pas les entreprises sans plan crédible et calendrier compatible de sortie du charbon dans les mois qui viennent, comme elles s’y sont engagées.

“La fin de l’année va tester la sincérité et la solidité des politiques de BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis qui pourraient être tentées de continuer à soutenir des bons clients comme Glencore, EPH, Kepco ou Fortum/Uniper – même si ces industriels refusent de tourner la page du charbon. C’est pourquoi nous les avons placés sous surveillance renforcéecontinue Yann Louvel, analyste à Reclaim Finance.

Le bilan de la finance française sur le charbon souligne l’impasse du gouvernement français et de son Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire dans son projet de faire de Paris la capitale de la finance verte. Le Ministre appelait en novembre dernier les acteurs financiers à compléter le travail sur le charbon mais aussi à adopter des stratégies de sortie des pétrole et gaz non conventionnels, parmi lesquels se trouvent les forages en Arctique et en eaux très profondes, sables bitumineux, pétrole et gaz de schiste.

Si cet appel est en-deçà des recommandations du GIEC et de l’AIE (2) et de telles mesures ne suffiraient pas à aligner la finance française sur son objectif d’atteinte de la neutralité carbone. Pourtant, tout reste à faire sur ces pétrole et gaz non conventionnels : selon l’analyse publiée par Reclaim Finance en mai 2021 (3), tous les acteurs peuvent encore soutenir l’expansion de ces secteurs particulièrement risqués et n’ont pas prévu d’en sortir.

“Alors que la COP26 pointe à l’horizon, c’est la place financière de Londres qui pourrait s’ériger comme capitale de la finance verte, abordant de front les enjeux climat et biodiversité. Il faudra plus que les bonnes volontés des acteurs financiers individuels pour répondre aux ambitions et engagements de Bruno Le Maire et des fédérations professionnelles de la place de Paris. Il serait temps que le Ministre mette en place le cadre règlementaire contraignant sur lequel il s’engageait il y a deux ans » conclut Alix Mazounie.

Contact presse :

  • Angus Satow, attaché de presse de Reclaim Finance, angus@reclaimfinance.org, +447847754046
  • Alix Mazounie, chargée de campagne à Reclaim Finance, alix@reclaimfinance.org, +33(0)683213604

Notes de bas de page

(1) Télécharger le Communiqué – la finance française pas encore sortie du charbon

(2) Lire le bilan de Reclaim Finance Deux ans après : la finance française n’est toujours pas sortie du charbon

(3) Découvrir le Coal Policy Tool