Communiqué de presse – 9 décembre 2021

Aujourd’hui, faisant suite aux annonces d’Amundi (1) et aux engagements sociétaux du groupe Crédit Agricole, CACIB, la branche de financement et d’investissement du Crédit Agricole, a elle aussi annoncé des mesures pour « renforcer » sa politique pétrole et gaz et s’engager vers la neutralité carbone (2). Pourtant, à la lecture des mesures annoncées, les filiales du Crédit Agricole ne se donnent actuellement les moyens d’y parvenir. Reclaim Finance appelle le groupe Crédit Agricole à répondre au 1er des impératifs climatiques : cesser tout soutien aux développements pétro-gaziers.

Malgré les appels répétés des scientifiques à réduire la production de pétrole et de gaz, le groupe Crédit Agricole n’a pas encore pris la première des mesures qui s’imposent pour y arriver : cesser toute expansion pétro-gazière. Sa filiale, CACIB, réitère l’engagement déjà annoncé (3) à cesser tout financement direct à des nouveaux projets de pétrole et gaz de schiste, ou dans les sables bitumineux et restreint ses soutiens aux entreprises dérivant plus de 30% de leur activité dans ces secteurs. Seule nouveauté, CACIB élargit le périmètre de la politique Arctique lui permettant d’exclure tout financement direct à près de 90% des champs pétroliers et gaziers recensés dans la région, contre seulement 20% avec sa précédente politique (4).

CACIB inscrit les mesures annoncées dans son engagement – à travers la Net Zero Banking Alliance – à aligner ses activités avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et pourtant, la banque ne répond pas à la principale conclusion du scénario “net zero” de l’Agence Internationale de l’Energie (5), alors que celui-ci conclut qu’il faut dès fin 2021, cesser d’investir dans de nouveaux projets d’énergies fossiles, CACIB ne prend aucune mesure pour limiter ses soutiens aux nouveaux projets pétroliers et gaziers conventionnels. La banque ne prend pas non plus de mesures pour restreindre ses soutiens aux plus de 500 entreprises impliquées dans l’expansion pétro-gazière (6), y compris en Arctique, dans le pétrole et le gaz de schiste ou encore les sables bitumineux.

“Le Crédit Agricole ne peut pas s’autoproclamer “banque verte” à partir du moment où elle s’autorise encore à soutenir l’expansion pétro-gazière. Crédit Agricole franchit la ligne rouge tracée par l’Agence Internationale de l’Energie et rate malheureusement la 1ère marche vers la neutralité carbone.” selon Louis Maxence Delaporte, chargé de campagne finance zéro fossile à Reclaim Finance.

CACIB a réitéré l’annonce du groupe de baisser de 20% son exposition au pétrole d’ici 2025 mais ne prend pas de mesures pour restreindre ses financements au gaz. Pourtant, le Production Gap report des Nations Unies stipule que le gaz doit aussi voir sa production baisser pour limiter le réchauffement à 1,5°C – de 3% par an entre 2020 et 2030 (7). Dans son scénario net zero, l’Agence Internationale de l’Énergie autorise les investissements uniquement dans les champs existants et appelle les entreprises du secteur à se concentrer désormais sur la baisse de leur production (8).

“Avec des critères annoncés au compte goutte et à géométrie variable entre les filiales du groupe, Crédit Agricole livre une piètre prestation, très loin de la cohérence et de l’ambition démontrés en 2019 avec son annonce sur le charbon. Sur le pétrole et le gaz, on en est à la 4ème annonce depuis le Climate Finance Day et le compte n’y est toujours pas. Nous appelons Crédit Agricole à mettre de l’ordre dans sa politique pétrole et gaz au plus vite, pour qu’elle réponde aux impératifs climatiques, et à l’appliquer uniformément à l’ensemble du groupe” conclut Louis Maxence Delaporte.

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Notes :

(1) Communiqué de Presse de Reclaim Finance sur Amundi.

(2) La politique de CACIB est accessible ici. Les engagements sociétaux d’Amundi sont ici et ceux annoncés par le groupe sont ici.

(3) Les mesures avaient déjà été annoncées lors du Climate Finance Day le 26 octobre, et affirmées dans les engagements sociétaux du groupe.

(4) CACIB fait évoluer le périmètre d’exclusion de sa politique sur l’Arctique. Selon un calcul de Reclaim Finance à partir de données Rystad Energy, la précédente couverture géographique limitée à celle de l’Organisation hydrographique internationale ne permettait d’exclure que 20% des champs pétroliers et gaziers. Le nouveau périmètre étendu à l’AMAP pour les zones terrestres et la ligne de Köppen pour les zones offshores permet d’exclure 89% des actifs pétroliers et gaziers dans la région Arctique. Pour en savoir plus, voir notre outil cartographique sur le pétrole et le gaz en Arctique.

(5) AIE, scénario “net zero”, mai 2021.

(6) Donnée issue de la Global Oil and Gas Exit List.

(7) UNEP, Production Gap Report 2021 (page 15). Dans son Rapport 1,5°C publié en 2018, le Giec calcule que le pouvoir réchauffant du méthane est 84 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 20 ans (page 103).

(8) AIE, scénario “net zero”, mai 2021.