Communiqué de presse
Paris, le 25 janvier 2022 – Les grandes entreprises du secteur européen de l’énergie n’ont pas adopté les mesures nécessaires pour tenir les objectifs climatiques, et notamment celui d’atteindre la neutralité carbone au plus tard d’ici à 2050. C’est la principale conclusion d’un rapport publié par le think tank Ember et la campagne Europe Beyond Coal, dont sont membres Reclaim Finance et les Amis de la Terre France (1). Le rapport qui passe au crible les objectifs en matière de développement des renouvelables et de sortie des énergies fossiles de 21 entreprises dont ENGIE, appelle notamment les acteurs financiers à revoir leurs relations commerciales en conséquence.
Le rapport compare les stratégies de développement de 21 entreprises européennes (2) avec trois jalons à remplir, d’après l’AIE, pour conserver la possibilité d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 (3). Il s’agit de la sortie complète du charbon thermique d’ici à 2030 dans les économies avancées, et d’ici à 2040 dans le reste du monde, ainsi que d’une électricité neutre en carbone d’ici à 2035 et 2040 selon les mêmes périmètres géographiques, et de la multiplication par six de la production d’électricité éolienne et solaire entre 2020 et 2030.
« Pas une seule entreprise productrice d’électricité analysée dans ce rapport ne prévoit de respecter tous les jalons scientifiques pour limiter le changement climatique à 1,5 degré. Leurs grandes promesses pour une décarbonation à l’horizon 2050 ne sont que du vent tant qu’elles ne se dotent pas des moyens de les atteindre”, déclare Kathrin Gutmann, directrice de la campagne Europe Beyond Coal.
Intitulé Limited Utility: The European energy companies failing on net zero commitments, le rapport montre en effet que pas même les 16 entreprises ayant adopté des objectifs net-zero n’ont pris les mesures nécessaires pour sortir dans les temps des énergies fossiles et déployer massivement les énergies renouvelables (4).
« Garantir une électricité propre d’ici à 2035 est essentiel pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Il est urgent que les entreprises alignent leur stratégie sur cet objectif si nous voulons maintenir le réchauffement de la Planète en dessous de 1,5 degré et échapper aux crises de prix et d’approvisionnement en énergie causées par la volatilité des combustibles fossiles », déclare Sarah Brown, auteure du rapport et analyste de l’énergie et du climat chez Ember.
Parmi ces entreprises se trouvent ENGIE. Ses prévisions, plus fortes que celles de la majorité de ses pairs, dans le développement des renouvelables, n’atteignent pas le niveau nécessaire pour un alignement avec le scénario net-zero de l’AIE. Surtout, la Française prévoit un recours significatif à la biomasse malgré les études démontrant son impact nocif sur le climat et la biodiversité. Enfin, ENGIE, poids lourds du gaz en Europe n’a pas de plan pour en sortir, contrairement à ENEL qui a annoncé sa volonté de sortir totalement du gaz d’ici à 2040.
“Ce rapport doit servir d’électrochoc aux 450 acteurs financiers privés qui se sont engagés lors de la COP26 à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, suivant un scénario 1,5°C. C’est aujourd’hui qu’il leur faut contraindre les entreprises de leurs portefeuilles à engager les transformations nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C”, déclare Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.
“Alors que de nombreux énergéticiens européens, y compris ENGIE, refusent même de s’engager sur un objectif 1,5°C, il n’y a pas une minute à perdre. La priorité pour les actionnaires d’ENGIE dont fait partie l’Etat français est d’exiger un arrêt du développement de nouvelles infrastructures gazières ou de biomasse”, conclut Lorette Philippot des Amis de la Terre France.