Paris, 3 mars 2022

En solidarité avec l’Ukraine, une coalition d’ONG et de groupes du monde entier appelle les institutions financières les plus exposées aux entreprises du gaz, pétrole et charbon opérantes en Russie à ne plus leur accorder de nouveaux services financiers, afin de de désolidariser pleinement de la guerre illégale de Poutine contre l’Ukraine.

Plus de 75 organisations, dont Reclaim Finance, BankTrack, Stand.earth, Greenpeace, Sierra Club et Rainforest Action Network, écrivent aux banques, assureurs et gestionnaires d’actifs mondiaux les plus actifs dans le secteur des énergies fossiles russes, notamment JP Morgan Chase, Intesa, Crédit Agricole, Citi, Vanguard, Chubb, Lloyd’s of London et Munich Re. Les ONG leur demandent de s’engager à ne pas fournir de nouveaux financements, investissements, couvertures d’assurance et autres services financiers aux entreprises qui constituent le cœur de l’industrie russe du charbon, du pétrole et du gaz, et à se désengager des actifs existants.

C’est le début d’une campagne qui ciblera jusqu’à 100 institutions financières les plus exposées aux énergies fossiles russes, baptisées « les 100 de Poutine ».

La lettre envoyée par les ONG cite Desmond Tutu qui a déclaré que choisir la neutralité face à l’injustice équivaut à choisir le camp de l’oppresseur. « Vous seriez coupable de franchir cette ligne en maintenant votre soutien à des entreprises qui contribuent à alimenter directement la guerre de la Russie en Ukraine », affirment les signataires.

L’exportation de charbon, de pétrole et de gaz finance le régime autocratique de Poutine et sa guerre illégale contre l’Ukraine. Les acteurs financiers devraient immédiatement cesser de soutenir la production de ces énergies fossiles. Les ventes de pétrole et de gaz ont représenté 36 % du budget de la Russie l’année dernière et ont permis à Poutine d’accumuler 470 milliards de dollars de réserves étrangères. Selon Morningstar, 14 % des fonds d’investissement ESG sont exposés à la Russie.

Comme l’a déclaré Svitlana Krakovska, climatologue ukrainienne et co-auteur du rapport du GIEC : « Le changement climatique d’origine humaine et la guerre contre l’Ukraine ont les mêmes racines – les combustibles fossiles – et notre dépendance à leur égard. »

La liste des entreprises russes à exclure comprend plus de 60 grandes entreprises pétrolières, gazières et charbonnières qui ont leur siège ou sont actives en Russie. La lettre demande également aux institutions financières de suspendre tout soutien à TotalEnergies, Fortum/Uniper, Wintershall DEA et aux autres entreprises non russes actives dans le domaine des combustibles fossiles en Russie.

Svitlana Romanko, militante et stratège climatique basée en Ukraine, déclare : « Bien qu’il y ait une guerre horrible en Ukraine, les institutions financières et les entreprises des énergies fossiles financent activement le pétrole, le gaz et le charbon russes et alimentent ainsi la machine de guerre de Poutine. Nous demandons aux gouvernements, aux entreprises occidentales et aux institutions financières de se désinvestir, de mettre fin à tout commerce et d’imposer un embargo sur tous les énergies fossiles en provenance de Russie. Nous appelons à la justice et à la paix. L’addiction du monde au pétrole, gaz et charbon continue de créer des conflits dans le monde entier. Nous appelons à surmonter cela. Nous ne voulons plus de guerres. Leur expansion dans le monde doit être immédiatement stoppée. Les nations du monde entier doivent s’engager dans une transition rapide et juste vers l’abandon de tous les combustibles fossiles et la non-prolifération des énergies fossiles. Les entreprises font du greenwashing en brandissant la défense de la paix comme argument pour poursuivre l’exploration extensive des énergies fossiles. »

Peter Bosshard, coordinateur de la campagne Insure our Future, déclare : « Les banques, investisseurs et compagnies d’assurance internationaux – les 100 de Poutine – ont financé le pétro-État russe pendant de nombreuses années. À l’heure où même les majors pétrolières ont radié du jour au lendemain des milliards de dollars d’actifs russes, le secteur financier est absent. Ces financiers doivent immédiatement cesser tout soutien aux entreprises pétrolières, gazières et charbonnières. »

Lucie Pinson, directrice exécutive de Reclaim Finance, déclare : « Il est horrible de découvrir que, même en temps de guerre, de nombreuses institutions financières tentent de ménager la chèvre et le chou et condamnent la guerre de Poutine tout en protégeant les intérêts particuliers de l’industrie pétrolière et gazière. Nous n’appelons pas uniquement à mettre en demeure l’industrie des énergies fossiles russes. Les institutions financières doivent aussi suspendre leurs relations avec celles qui refusent de quitter la Russie. Tous les regards sont tournés vers le Crédit Agricole, premier banquier et deuxième actionnaire de la major pétrolière et gazière française qui s’accroche à ses 4 projets russes alors que Shell , BP et même ExxonMobil ont annoncé leur retrait ».

  • Télécharger la lettre envoyée par plus de 75 ONG aux principales banques, investisseurs et assureurs exposés à l’industrie russe des combustibles fossiles.
  • Télécharger la liste d’exclusion des entreprises russes de combustibles fossiles