Communiqué de presse
Paris, le 12 mai 2022 – Hier, Reclaim Finance détectait sur le terminal Bloomberg une nouvelle transaction majeure visant TotalEnergies. BNP Paribas, Groupe Crédit Agricole, Société Générale figurent en première ligne parmi les 12 banques qui ont accordé un nouveau prêt de 8 milliards de dollars à TotalEnergies, la plus grosse transaction financière depuis la signature de l’Accord de Paris.
Le terminal Bloomberg a publié le 11 mai 2022 (1) les détails d’une grosse opération financière visant TotalEnergies. Le 7 avril 2022, le géant français recevait un prêt revolver (« Revolving Credit Facilities ») de $8 milliards arrangé par 3 banques françaises : Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale. Ce prêt est le soutien le plus élevé reçu par la major pétro-gazière depuis au moins l’Accord de Paris.
Ce prêt n’étant pas dédié à un projet en particulier (« General Corporate Purposes »), il servira à financer l’intégralité des opérations de l’entreprise, y compris le déploiement de nouveaux projets pétro-gaziers. En soutenant financièrement l’entreprise, les banques pourraient ainsi contribuer à financer EACOP, le méga projet pétrolier de TotalEnergies en Afrique de l’Est qu’elles ont pourtant refusé de financer directement (2).
Au-delà des 3 banques françaises qui ont un rôle moteur dans notamment la structuration, la coordination et la syndication du prêt, 9 autres banques participent à cette opération dont la 4e grande banque française Natixis (3). Toutes les banques impliquées sont engagées dans l’Alliance des acteurs bancaires engagées pour la neutralité carbone en vue de limiter le réchauffement à 1,5°C (4).
Cette opération s’est déroulée quelques jours à peine après la publication du troisième chapitre du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui rappelle que la fenêtre d’action pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C devient très étroite (5). Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une première étape indispensable pour relever le défi est de mettre fin à tout nouveau projet pétrolier et gazier (6). Or, TotalEnergies est loin de respecter cette recommandation. Loin de tourner le dos aux énergies fossiles, le groupe français est en pleine expansion et se hisse au rang du 7ème plus gros développeur de projets pétro-gaziers au monde selon la Global Oil and Gas Exit List (7). Selon une récente analyse, la major aura consommé la totalité de son budget carbone 1,5° d’ici 2035 au plus tard (8). En soutenant TotalEnergies, les banques contredisent donc directement cet impératif climatique.
Selon Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne finance zéro fossile : “Trois jours, c’est le temps qu’il a fallu attendre après le dernier rapport du GIEC avant que TotalEnergies ne reçoive le plus gros soutien financier depuis l’Accord de Paris, avec l’aide de ses fidèles soutiens Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale. Nous nageons en pleine hypocrisie avec d’un côté des engagements de neutralité carbone +1,5°C des 3 banques françaises et un refus de financer le mégaprojet pétrolier controversé EACOP, et de l’autre côté un chèque de 8 milliards de dollars à TotalEnergies, l’aidant à développer des projets d’expansion pétro-gazière et climaticide comme EACOP”.
Le 25 mai se tiendra l’assemblée générale de TotalEnergies. Le groupe prévoit de consulter ses actionnaires sur son plan climat. Plusieurs associations ont appelé les investisseurs de TotalEnergies – dont les filiales de gestion d’actifs de Crédit Agricole et BNP Paribas – à voter contre ce plan qui n’est pas à la mesure du défi climatique (9).